#La bibliothèque de Janette | #Culture & Évasion

« La cure »

par Charles Demoulin

26 février 2023

Après les fêtes de fin d’année, après un peu trop d’invitations au resto, après un passage dénudé devant la glace de la salle de bains, combien de fois n’avez-vous pas dit, chères lectrices : « Il faudrait quand même que je m’paie une petite cure ! ». C’est justement le thème de cet ouvrage que Cécile David-Weill, publiée chez Odile Jacob, vous propose.

Sous le vernis d’une comédie sociale toute en légèreté – sans mauvais jeux de mots de ma part – ayant pour cadre une cure dans une clinique de remise en forme en Espagne, l’auteure pose un regard affûté sur la gent et l’amitié féminines, sur leur rapport au poids, au couple, à l’ambition professionnelle, à la sexualité, et au formatage social auquel elles sont soumises. Cela tout en évoquant, l’air de rien, des thèmes aussi inattendus que la spiritualité, l’éveil ou les aptitudes paranormales qu’elle éparpille dans le cours du récit, et qui du coup donnent lieu à du suspens et à nombre de rebondissements.

Chroniqueuse gastronomique à la télévision, Christine décide d’aller perdre quelques kilos dans une clinique au sud de l’Espagne. Sur place, son parcours va se télescoper avec celui de trois femmes et d’un homme ayant chacun leur histoire. Et les événements de s’enchaîner, et leurs destins de s’entrelacer ayant pour effet d’entraîner le lecteur dans les moindres détails souvent hilarants, du déroulement d’une cure… d’amaigrissement.

C’est vrai que tout y passe : l’organisation de la clinique avec les pesées du matin, les cours de méditation, les lavements artisanaux, les massages ayurvédiques, les séances d’acupuncture et les menus diététiques. Sans oublier les jus, les bouillons et les tisanes.

N’empêche que ce huis clos met aussi en scène le théâtre de la vie, avec les secrets, les rêves, les complexes et les tourments des différents protagonistes, décrits, loin de tout conformisme, avec autant de sensibilité que d’acuité psychologique.

Ainsi, au hasard des pages et outre Christine, vous allez croiser une bourgeoise névrosée incapable de se déplacer sans son chien. La veuve d’un célèbre restaurateur aux allures de prêtresse et qui se dit médium. Une vieille dame au passé sulfureux, et un bel homme d’une soixantaine d’années aussi affable qu’inquiétant. Si on ne parlait pas de cure, je vous dirais volontiers que cet ouvrage est un délicieux moelleux au chocolat à déguster sans modération… du moins pour ceux qui n’ont nulle envie de maigrir.