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Les lys d’or

par Charles Demoulin

14 avril 2024

Une nouvelle fois, Karin Hann, qui dans ses romans s’intéresse depuis toujours à la condition et au statut des femmes dans l’Histoire, met ici en lumière aux éditions du Rocher, un personnage féminin que la postérité a méchamment malmené : Catherine de Médicis.

1559. Le roi Henri II vient de succomber à une blessure infligée au cours d’un tournoi. Son fils François lui succède. Âgé seulement de quinze ans, il est non seulement chétif, mais également en proie à d’étranges crises de dépression, voire de démence. Marié à Marie Stuart, il est entièrement soumis à la famille de son épouse, le redoutable clan des Guise. Ce qui obligera sa mère, Catherine de Médicis, à prendre le royaume en main et à gouverner à sa place.

Dans cette suite des ‘Lys pourpres’, qu’il n’est toutefois pas obligatoire d’avoir lu, Karin Hann nous permet de découvrir non seulement ce fascinant XVIe siècle fait de bruit et de fureur, de raffinement et de barbarie, mais également un personnage féminin que la postérité a malmené. N’en prenons pour preuve que Dumas, qui a fait de Catherine de Médicis un être sordide, sans foi ni loi, qui ira jusqu’à empoisonner ses propres enfants.

C’est donc à la réhabilitation de cette femme que l’on assiste dans ce roman richement documenté. L’auteure y montre la complexité de cette reine, son talent politique qu’elle exerce dans un monde d’hommes, ou encore ses qualités de visionnaire qui lui font tenter de faire cohabiter deux religions qui se déchirent dans un siècle qui n’est probablement pas encore mûr pour ce syncrétisme.

Au-delà, en digne de Médicis, Catherine, femme extrêmement cultivée, démontrera son goût prononcé pour la peinture, l’architecture, la sculpture et la littérature. Un personnage attachant, mystérieux parfois, mais toujours fascinant. On vous dira encore que dans l’entourage de cette femme, dont Balzac a dit qu’elle fut l’un des plus grands rois de France, évolue Isia, un personnage fictif issu de la noblesse, et qui refuse les conventions sociales qui la destinent à un mariage contraint. Une jeune femme qui à travers ses écrits va se faire peu à peu la voix de la condition féminine de l’époque. Un remarquable moment de lecture doublé d’une belle leçon d’histoire.  

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