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« Le bon père »

par Charles Demoulin

27 juin 2023

Dessinant avec un trait minimaliste influencé par Chris Ware, et utilisant une palette de coloris réduite aux seules gammes de bleu afin de figurer l’époque du récit, l’Espagnole Nadia Hafid, d’origine marocaine, nous démontre ici la diversité des liens familiaux qui arrivent malgré tout à créer… la famille.

Assise dans un bar face à un verre plein que finalement elle ne boira pas, une jeune femme allume une cigarette, sort du bistro et se souvient. De son enfance, dans les années 1990. De sa sœur. De son frère. Mais surtout de son père, un personnage étrange et taciturne qui dort, regarde la télévision et fume sans presque jamais dire un mot. Un père dont on ne sait s’il est tout à fait présent aux autres et à lui-même.

Et le lecteur de découvrir une vie de famille faite de non-dits et de colère, comprenant peu à peu les discriminations subies par ce père racisé qui peine à trouver du travail. Et à propos de travail, ici, c’est la mère qui non seulement se coltine tout ce qui est ménage, mais aussi un boulot journalier afin de faire vivre sa petite famille et son glandeur d’époux.

D’ores et déjà, je vous mets en garde. Pas question ici de longs dialogues. Pour preuve, vous tournerez parfois une dizaine de pages pour en découvrir un. Comme je l’ai dit dans l’introduction, pas question non plus dans cet ouvrage d’une large palette de coloris. C’est le bleu qui domine. Enfin, il reste le dessin, qui lui aussi a de quoi surprendre par son extrême simplicité.

Reste qu’une fois plongé dans cette succession d’images, l’émotion est du rendez-vous. Non seulement la vôtre, lecteur ou lectrice, mais celle aussi des différents personnages qui vivent au sein de cette famille que nous restituent les souvenirs de cette jeune femme sortant d’un bar en grillant une cigarette.

‘Le bon père’, de Nadia Hafid chez Casterman