#Rencontres | #Janette, toujours au fait

Janette rencontre Laetitia Mitchell, engagée pour la protection des océans

par Elodie Lambion

28 juin 2023

Avec 7 autres jeunes, Laetitia Mitchell a créé l’association Arvik Ocean. Initiatives citoyennes pour l’océan, entre expédition maritime, projets multiples et vie associative, elle a répondu aux questions de Janette. À ses côtés, mettons les voiles direction… l’engagement !

Agir concrètement en mer et sur le littoral, quel a été le déclic pour vous ?

Travaillant actuellement dans le développement durable au Luxembourg, j’ai fait des études en biologie et en écologie avec une spécialisation en environnement marin. Même si j’ai grandi à Hesperange, loin de la mer, j’ai rapidement été attirée par la plongée et les documentaires. Il y a tellement de changements qui peuvent arriver par la fascination, l’émotion et moi, c’est cela qui s’est passé. Les documentaires m’ont fait prendre conscience de la fragilité des océans. La plongée, quant à elle, m’a permis de me rendre compte de la réalité, de l’impact qu’on a : quand on plonge, on se rend très vite compte de cela, surtout quand on plonge deux fois au même endroit. Les cétacés me fascinent également, car ils parcourent la planète entière chaque année et nos actes ont, malheureusement, un impact énorme sur eux.

Comment l’association citoyenne Arvik Ocean a-t-elle vu le jour ?

Navigateurs, Charly et Guénola, ont réalisé une première expédition dont l’objectif était de sensibiliser le grand public vis-à-vis de la pollution du plastique en Europe du Nord. Suite à celle-ci, ils ont réalisé un documentaire. Je les ai d’ailleurs rencontrés lors de sa diffusion en Bretagne. Nous nous sommes directement bien entendus, surtout qu’à ce moment-là, je travaillais sur le chant des baleines à bosse dans le cadre de mon mémoire et Charly est justement passionné par la bioacoustique. Ce périple leur a fait prendre conscience qu’ils voulaient perpétuer ce modèle, c’est-à-dire capturer des rencontres pendant une demi-année, les retranscrire l’autre partie de l’année et aller à la rencontre des gens, notamment des plus jeunes. Ils ont sollicité plusieurs personnes afin de savoir si elles seraient intéressées de créer une association pour perpétuer ce modèle.

@arvikocean – Romain Charrier

Tous les 8, vous venez d’horizons différents. En quoi est-ce une richesse pour ce projet associatif ? 

Pour l’aventure humaine tout d’abord, car nous avons chacun notre spécialité ainsi que notre vision. Nos parcours sont différents, nos activités professionnelles également. Pour le projet, cela a fait aussi émerger une certaine diversité, notamment dans les rendus que nous souhaitons créer. On s’attelle à la création d’ateliers pédagogiques et à la réalisation d’un documentaire : c’est un peu le fruit de notre diversité. 

En tant que bénévole, comment arrivez-vous à concilier vie professionnelle, privée et associative ?

Lorsque j’étais étudiante, c’était plus facile parce que j’avais plus de temps, de liberté et d’action. Depuis que je travaille, c’est complexe, car la charge mentale liée au milieu associatif est conséquente. Comme nous ne sommes que 8 à porter ce projet, nous avons souvent peur de mal faire. Il y a aussi le problème des frontières que l’on se met, entre travail associatif et vie perso. Ce n’est vraiment pas simple, mais ce qui est important, c’est qu’entre nous, on échange aussi là-dessus.

Récemment, vous avez rejoint Charly et Guénola pour vivre l’aventure maritime à leurs côtés. Racontez-nous cette expérience de deux semaines.

Vu la taille du bateau, nous ne pouvons pas être plus de trois à bord. De ce fait, Charly et Guénola naviguent et nous les rejoignons à tour de rôle. J’ai donc navigué avec eux durant deux semaines avant d’être relayée par Valentine. C’était une expérience courte, mais très intense. J’ai découvert qu’on pouvait ne pas aller très loin, mais être totalement dépaysée. Une vraie coupure dans la vie. Nous avons fait une semaine de navigation avec deux escales. C’est tellement impressionnant cette sensation d’être loin de tout.

La traversée s’est-elle avérée compliquée ?

Des choses m’ont choquée plus négativement comme le trafic maritime en Manche qui est considérable. Les déchets aussi, car il y en a énormément. Nous nous relayions à la barre toutes les quatre heures. C’était compliqué, car il a fallu réapprendre un rythme : il n’y a plus de jour, il n’y a plus de nuit. La seule stabilité, ce sont les repas, ces moments conviviaux, où l’on se retrouve, qui réconfortent. La perte de repères est compliquée, car la nuit, il n’y a plus d’horizon. Le mal de mer revient avec intensité et tout le corps est déboussolé. Le froid, la faim, tout est décuplé. Un vrai apprentissage, car on se rend compte qu’il faut s’écouter, écouter son corps.

Avant d’arriver à Brighton et une fois sur place, quelles initiatives avez-vous prises ?

Lors de la traversée jusqu’à Brighton, toutes les observations de déchets et d’animaux, nous les avons répertoriées sur les sites d’observation en ligne. Arrivés à Brighton, nous avons également relevé des données acoustiques et nous avons commencé les navigations avec l’association Sussex Dolphin Project. Celle-ci travaille sur l’impact de la pêche industrielle vis-à-vis des bancs de dauphins, s’intéresse à l’échouage massif de ceux-ci sur les plages qui est lié aux captures accidentelles. Ses membres sensibilisent les pêcheurs, oeuvrent avec des scientifiques et des pêcheurs pour développer des solutions concrètes telles que des filets détectables par les dauphins, etc. En sortant en mer avec eux, nous avons tenté d’étendre leur champ d’étude.

©arvikocean – Charly Puaud

Avez-vous senti que vous aviez un impact lors de cette expérience ?

C’est une question très difficile, quand on est jeune et un peu engagé, de mesurer son impact. Je pense que l’on verra les choses lorsqu’on aura fini l’expédition, qu’on pourra prendre du recul, voir ce que nous avons apporté aux personnes rencontrées. L’impact, on ne le sent pas directement et c’est d’ailleurs cela qui est très dur dans tout engagement. En plus, nous nous sommes directement attaqués à un monstre : la pêche industrielle. 

Quel a été le moment le plus poétique vécu lors de cette aventure ?

Quand nous avons enfin vu des dauphins après 8 heures de navigation. Cela faisait des heures que je cherchais et là, juste avant d’entrer au port, j’en ai vu deux sauter à un mètre de moi. C’est indescriptible. 

@arvik ocean – Guenola Violeau

Vous rencontrez ceux qui tentent de trouver des solutions. Quelle a été votre plus belle rencontre ?

Thea Taylor, la directrice de l’association Sussex Dolphin Project. Assez jeune, elle a rejoint l’association et elle a réussi à transformer celle-ci en un réseau local très actif. Elle parvient à fédérer les gens. C’était génial de voir à quel point elle était hyper impliquée dans le projet surtout qu’elle fait cela en plus d’un autre travail. Tous les jours, au port, elle croise les pêcheurs locaux, elle a dû mal à leur faire comprendre qu’elle n’est pas là contre eux. C’est une femme au milieu d’hommes : ce n’est pas facile de se faire entendre. 

Pour sensibiliser les plus jeunes, notamment lors d’ateliers pédagogiques, vous allez vulgariser les contenus scientifiques. Est-ce un exercice facile ?

C’est complexe d’aborder de tels sujets avec les enfants surtout que, généralement, c’est le positif qui fonctionne avec eux. Actuellement, ils perçoivent déjà le monde d’une manière tellement difficile. Nous essayons donc de susciter la curiosité, la fascination et d’intriguer. Pour moi, il n’y a pas de science sans vulgarisation, c’est essentiel. Aujourd’hui, beaucoup de choses se savent mais sont mal transmises d’où l’intérêt de les expliquer pour, ensuite, agir. Le film documentaire ira aussi dans ce sens. D’ailleurs, nous cherchons actuellement des professionnels qui pourraient nous aider pour la réalisation de celui-ci. Un oeil expert serait clairement le bienvenu.

©arvikocean – Charly Puaud

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