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« 87e District »

par Charles Demoulin

6 mars 2020

Cette semaine, Janette vous fait découvrir le livre sélectionné par notre journaliste littérature Charles Demoulin : « 87e District », écrit par Ed McBain aux Éditions Omnibus/Presses de la Cité

Aujourd’hui, ce n’est pas un, mais bien 53 romans que je vais vous présenter d’un seule net même coup dans ma rubrique hebdomadaire. Comme il l’avait fait il y a peu pour l’œuvre de Simenon, l’éditeur de l’Avenue de France à Paris a décidé de nous proposer, en neuf volumes dont certains dépassent allègrement les 1.100 pages, l’intégrale des ouvrages écrits par Ed McBain.

Soit quelque 53 opus ayant pour centre de gravité le commissariat du 87e District de la ville d’Isola aux États-Unis. Isola, le clone de New York. De 1956 à 2005, année de sa mort, Ed McBain s’est attaché à décrire dans son entièreté la vie de ce commissariat. Un poste de police qui se voudrait l’exact reflet d’un commissariat américain. C’est-à-dire avec ses bons et mauvais flics, avec aussi un Noir, un Juif, un Irlandais, un Italien… À travers cette brigade du 87e District dirigée par le lieutenant Byrnes, un chef ayant sous ses ordres des gars tels que Steve Carella, Bert Kling, Meyer Meyer, Cotton Hawes ou encore Haviland, le lecteur découvrira non seulement moult enquêtes réalisées par ces policiers, mais également des moments plus intimes de leur vie personnelle et affective.

Durant toute cette saga, McBain va nous conter un demi-siècle d’une mutation profonde de la réalité américaine avec, en arrière-plan, la guerre du Vietnam, la montée en puissance de nombreux gangs, l’évolution des mentalités, l’irruption de la drogue ainsi qu’une société de plus en plus violente dont les inspecteurs du 87e District seront à la fois témoins et acteurs. C’est une véritable prouesse qu’a réalisée Ed McBain.

Pensez donc : tenir son lectorat en haleine pendant plus de cinquante ans sans jamais s’essouffler. Une incroyable gageure ! Et tenue qui plus est ! C’est vrai que tout au long de ses récits il a su trouver le ton juste, un rythme rapide, un style nerveux, des dialogues brillants et un art consommer de la digression. Cela tout en mêlant, tel un virtuose, le drame, l’émotion, l’ironie et l’humour. Savoir faire surgir le suspense de la routine quotidienne… tout un art.

Débutée en janvier et terminée début de ce mois, la réédition de cette intégrale s’avèrera une agréable redécouverte pour certains, et une très bonne surprise pour d’autres.  

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