par Paule Kiénert
27 mars 2015
Sir Paul Smith, à l’image de ses costumes sobres à la coupe impeccable doublés de motifs colorés insoupçonnables au premier abord, est un homme sérieux qui ne se prend pas au sérieux. Il véhicule tout à la fois: le charisme du dirigeant, la flamme du passionné, l’aura de l’humaniste, le grain de folie de l’artiste, le sens de l’humour du généreux et l’accessibilité du réaliste. On a envie d’en prendre de la graine!
Ce qui magnifie certainement le personnage et son histoire, c’est qu’il n’a pas oublié d’où il vient. Il semblerait qu’il considère avoir par chance quitté l’école à 15 ans pour entamer un travail de vendeur dans une boutique. Il dit alors avoir appris à servir le client et compris que c’était lui qui paierait son salaire. Le VIP, ce sera donc le client et le client ce peut être n’importe qui. Leçon numéro 1.
Il porte aussi un regard reconnaissant sur ces années d’après-guerre où les gens ayant vécu le pire n’avaient plus peur de rien, où tout semblait possible tant il y avait à reconstruire et à revivre. Alors qu’un accident lui fait abandonner son rêve de devenir cycliste professionnel et qu’une longue convalescence lui donne du temps à la réflexion, il rencontre Pauline qui deviendra sa femme (et l’est encore aujourd’hui). Elle étudie le stylisme. Mais son apprentissage est bien différent de celui des écoles actuelles dans lesquelles on apprend le marketing, la finance, la distribution… Pauline a appris à coudre, à réaliser des coupes et des finitions parfaites. Un métier, une spécialité, l’amour du travail bien fait; ce pourrait être la leçon numéro 2.
Ensemble, ils ouvrent un tout petit magasin. Trois mètres carrés, à Nottingham, emplis de créations de mode mais aussi d’objets éclectiques chinés de ci de là. La boutique est ouverte les vendredis et samedis car, le reste du temps, Pauline et Paul travaillent pour vivre puis Pauline enseigne la couture et le stylisme à Paul. Ce seul magasin, trop petit et particulier, n’aurait pas fonctionné seul et le couple décide de créer une première collection pour hommes. C’est Pauline qui la réalise. Les trois suivantes également, puis ce sera Paul… Paul Smith, naissance d’une marque. Commencer petit, oser se lancer… Leçon numéro 3?
Humblement, le créateur explique que ses collections ont percé car la « fast fashion » n’existait pas. Le plus gros distributeur était Marks & Spencer et les mastodontes internationaux n’avaient pas entamé l’effet rouleau compresseur à petits créateurs. « Etre designer de mode, c’était avoir une idée dans votre tête et dans votre coeur et espérer ensuite qu’elle plaise aux gens. A présent, cela rassemble beaucoup plus de paramètres. » Aujourd’hui, avec des boutiques dans 73 pays, Paul Smith Limited reste indépendant. Lorsque je lui demande la clef de sa réussite, il me répond: « Ne pas vouloir être numéro 1, parce qu’ensuite, il n’y a nulle part où aller! » Garder un bon niveau de qualité, conserver ses valeurs, éviter se mettre en position difficile; c’est la continuité que prône Paul Smith, 68 ans. Leçon numéro 4.
Personnellement, j’ai pu noter au cours de notre entretien des gestes qui ne trompent pas. Paul Smith remet une robe en place sur son cintre, photographie le bas d’une porte qu’il faudra repeindre. Il connait aussi ses collections par coeur, preuve à l’appui: la robe que je portais (comme un test), son année de création et sa ligne ont rapidement été identifiés! Le grand homme reste un homme de terrain. Leçon numéro 5.
Et lorsque je lui demande qui Paul Smith habille, il me répond: « Les vêtements Paul Smith sont plutôt simples et c’est la façon dont la personne les porte et les assortit qui fait leur style. » Ce serait donc nous le style Paul Smith? Leçon numéro 6!
La questionnette
Question gastronomie, vous êtes plutôt: Andouillette Coquillettes Cassolette Sucrette Disette -> Omelette
Votre havre de paix, c’est : Une fermette -> Une cachette Une oubliette Une île déserte La villa parfaite
Vos petits bonheurs: Rester sous la couette Pousser la chansonnette Une pause cigarette Faire la fête Prendre une coupette -> Faire trempette (Paul Smith aime nager)
Avec les hommes, c’est plutôt : A l’aveuglette Des amourettes Des casses-têtes Je prends/je jette A perpet’ La roulette! -> Compter fleurette
Votre femme idéale : -> Paulette (il veut parler de son épouse Pauline) -> Janette (of course)
Votre mode de transport : La corvette La trottinette La charette La fourgonette La pétrolette -> La bicyclette (et la Mini, même si cela ne rime pas)
Vous vous définissez comme : -> Multi-facette
Vous détestez : Les mauviettes Les paillettes Les piques-assiettes -> Les courbettes (et surtout les mauvaises manières, insiste-t-il) Les étiquettes Les crevettes
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