#Rencontres | #Janette, toujours au fait

Janette rencontre Elisabeth Shepherd, maman d’ici et là-bas

par Emilie Geoffroy

9 décembre 2024

En plus de ses enfants et petits-enfants, Elisabeth s’occupe de ceux d’Awa. Au-delà de l’histoire d’une retraitée qui prouve qu’il n’y a pas d’âge pour embrasser des projets d’envergure, c’est celle d’une noble cause que Janette souhaite vous présenter. À l’heure où les fêtes de fin d’année en comblent beaucoup, d’autres enfants ont besoin d’aide. Elisabeth, alias Liza, nous raconte.

Vous êtes présidente de La Maison des Enfants d’Awa. En quoi consiste cette Asbl?

Depuis 2010, à Diofor, au Sénégal, un centre social accueille gratuitement 30 enfants âgés de 3 à 6 ans. Ils peuvent y apprendre les bases scolaires, l’hygiène et ils bénéficient de deux repas par jour. Des denrées alimentaires sont également distribuées aux familles et des bénévoles apportent régulièrement du matériel médical et des vêtements pour lesquels sont organisées des fripes afin de laisser le choix de ceux-ci aux familles. De plus, des soins nomades peuvent à présent être prodigués grâce aux élèves de l’école HELMo (Haute École Libre Mosane) à Liège. Ce partenaire nous permet d’accueillir régulièrement des étudiantes en soins infirmiers et aides-soignantes pour des stages au sein de notre structure.

L’Asbl dont je suis la présidente a quant-à-elle été créée au Luxembourg en 2021. Son but est de soulever des fonds pour financer le fonctionnement sur place du centre social. Depuis le Grand-Duché, nous recherchons des membres et des partenaires pour nous aider financièrement, car au Sénégal nous ne bénéficions d’aucune aide étatique. Les fonds sont aussi récoltés par différentes missions sur le terrain. Je rapporte de l’artisanat local, du Wax et fabrique beaucoup de choses qui peuvent être vendues sur des stands comme dans les centres Cactus ou Auchan qui mettent à notre disposition un hall et du mobilier.

Qui est Awa ?

Awa, alias Isabelle Goudin, est française. Après avoir voyagé au Sénégal, elle est tombée amoureuse de la région de Sine Saloum. Elle a voulu s’y rendre utile et a tout vendu en Bretagne pour s’y installer avec mari et enfants. Sur base d’une maison existante qu’elle a agrandie et aménagée avec ses fonds propres, elle a créé ce centre. Elle a été surnommée Awa, ce qui veut dire Eve.

Et vous, qui êtes vous, Elisabeth ?

Avec mon mari, nous avons géré durant de nombreuses années l’hôtel Molitor à Luxembourg. Je suis à présent retraitée. C’est une amie, Delphine, qui connaissait Isabelle, son initiative et ces fameux voyages solidaires. En 2017, elle a effectué un voyage avec six femmes et je suis partie avec elles en tant que bénévole. J’ai ensuite refait plusieurs voyages avec plusieurs groupes. Puis j’ai fini par tomber amoureuse de la région aussi, j’ai trouvé la cause noble et j’ai créé des liens sur place. On peut dire que ma famille est maintenant élastique, car des enfants au Sénégal m’appellent maman ou mamie !

Comment y avez-vous pris part à cette aventure ?

C’est véritablement après le Covid, qui a été une période très critique pour la survie de cette belle initiative que l’idée est venue de créer une asbl au Luxembourg. Delphine Giltay, l’amie dont je vous parlais qui m’a entrainée dans les voyages solidaires, aidait Awa. Mais elle travaillait à plein temps en tant qu’indépendante et ne pouvait faire plus. J’ai alors repris le flambeau et créé l’Asbl. J’en suis actuellement la présidente et Virginie Michielsen en est trésorière. Nous recherchons une vice-présidente !

La Maison des Enfants d’Awa représente-t-elle beaucoup de travail et besoins en financement ?

Oui, en effet. Je m’occupe pour ma part de toute la gestion à distance. Sur place, nous avons la chance d’avoir recruté depuis le mois d’avril de cette année une directrice, Véronique. C’est une professionnelle belge solide et engagée. Orthopédagogue, elle possède une grande expérience dans l’accompagnement d’adultes en situation de handicap et est sensible aux réalités du Sénégal. Son implication et sa détermination sont des atouts majeurs pour notre association. À 57 ans, c’est elle qui gère le personnel (3 personnes)et les bénévoles qui se rendent sur place. Elle contrôle également l’utilisation des fonds sur place.
De mon côté, je budgète toutes les dépenses et m’occupe d’envoyer les fonds au Sénégal. Il nous faut entre 1200 et 1400 euros de fonds de roulement par mois. Je m’occupe également de la communication et du marketing. Des réseaux sociaux, via lesquels je recrute les bénévoles qui viennent beaucoup de France et de Belgique. Les bénévoles luxembougeois sont plus rares. On essaie de recruter des jeunes. Ils doivent cependant avoir plus de 18 ans et pouvoir payer leur billet d’avion.

Vous nous avez confié que, depuis la crise du Covid, la santé financière du centre s’était fragilisée. Qu’en est-il de l’avenir de celui-ci ?

S’il n’y avait pas eu la création de cette asbl luxembourgeoise pour soutenir le projet, le centre social aurait certainement été amené à disparaitre. Aujourd’hui, l’association est financièrement solide.

Nous avons également reçu le soutien de Majany, qui fait partie de la Fondation Roi Baudouin de Bruxelles, en 2022. Ceci nous a permis d’effectuer divers travaux de rénovation, notamment en peinture, électricité, et l’achat de matelas pour les bénévoles.

Comment sensibilisez-vous les luxembourgeois à votre une cause ?

Nous rencontrons le public luxembourgeois dans les galeries marchandes où nous faisons nos ventes d’artisanat sénégalais et où nous pouvons présenter le but de l’association.

Les gens posent beaucoup de questions et donnent de l’argent car ils ont confiance. Ils savent que je me déplace, que je pars avec les fonds sur place. Je travaille gratuitement, il n’y a pas de frais de secrétariat, les fonds vont directement à la cause. Cette transparence est mise en évidence sur les réseaux sociaux ou via WhatsApp avec les actions au Luxembourg et sur place, comme les activités des enfants, qui sont présentées en images.

Ce qui touche beaucoup le public luxembourgeois, ce sont les enfants. Au Sénégal, ils n’ont pas d’école maternelle, juste une année transitoire avant le primaire où des classes accueillent 40 à 50 enfants qui n’ont pas eu la chance, comme chez nous, d’être stimulés à la maison. Ils n’ont pas de jouets. Un enfant de 3 ans ne parvient pas à reconstituer un puzzle de deux pièces. Ils viennent en revanche à l’école tous seuls. Les aptitudes ne sont pas les mêmes. Dans notre association, ils sont bien accompagnés. Au bout de trois ans, ils parlent français, ce qui les aide plus tard.

Quel message aimeriez-vous faire passer aux lectrices de Janette magazine ?

J’aimerais faire connaitre notre association. Et, plus généralement, les sensibiliser à des causes que défendent des asbl qui œuvrent à l’étranger et qui n’ont pas toutes ces aides européennes. Je lance aussi un appel aux jeunes à partir de 18 ans pour qu’il nous rejoignent pour un voyage solidaire. Il s’agit de travailler dans le centre le matin et, l’après-midi, de pratiquer le tourisme local, de partager avec des familles. Le week- end, le centre est fermé et le champ des possibilités sur place est libre. L’expérience est très enrichissante.

A vos agendas !

Les 13 et 14 décembre, au Cactus Howald, l’association proposera une vente d’artisanat sénégalais, de décorations de Noël, d’amandes et huiles d’olive d’une ferme du sud de la France.

La Maison des Enfants d’Awa Asbl Luxembourg 

www.lamaisondesenfantsdawa.com

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