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Chefs sans frontières : une première luxembourgeoise

par Elodie Lambion

14 juillet 2022

Ce lundi, dans l’atelier de Jacques Schneider au shopping center Cloche d’Or, avait lieu le premier rassemblement des Chefs Sans Frontières au Luxembourg, après une première édition plus restreinte à Bruxelles. Cette association caritative a pour but de venir en aide aux petits producteurs victimes de catastrophes naturelles. Janette vous en dit plus.

L’initiative d’un véritable chef-star

Chef cuisinier œuvrant dans une émission diffusée à la télévision britannique, auteur de plusieurs livres, Alan Coxon impressionne par sa connaissance de la gastronomie, sa place prépondérante dans le monde culinaire. Ayant voyagé aux quatre coins du monde, il constate rapidement, lors de chacun de ses voyages, qu’il tient à découvrir la gastronomie locale en étant au contact des petits producteurs, en s’intéressant à l’artisanat. Cependant, l’actualité le ramène à un dur constat : les producteurs à travers le monde subissent de plein fouet les catastrophes naturelles et ils sont nombreux à voir leur commerce disparaître. Faute de moyens financiers, ils ne sont pas en mesure de souscrire des assurances, souvent l’État ne leur apporte aucun soutien financier. Ils se retrouvent rapidement désemparés et sans rien alors qu’ils luttent quotidiennement pour subvenir aux besoins de leur famille. Souhaitant faire bouger les choses, du côté du chef britannique, l’idée d’une association germe il y a un an et demi. Ce n’est que depuis janvier que l’ASBL existe réellement.

Bien s’entourer : les ambassadeurs

Pour aider au mieux les producteurs dans le besoin, il imagine des ambassadeurs, présents dans chaque pays, qui pourraient être les personnes de contact, les relais entre l’association et ceux qui en ont besoin. C’est ainsi que des ambassadeurs sont désignés afin, notamment, de former un collectif de chefs locaux prêts à s’investir pour cette honorable cause. Actuellement, environ 150 adhérents issus de 50 pays différents s’engagent pour apporter leur aide à ceux sans qui la gastronomie et surtout les produits de qualité ne pourraient pas se retrouver dans nos assiettes. En effet, si les producteurs disparaissent, les chefs ne sauront plus vers qui se tourner pour obtenir des produits frais et de qualité donc les mets concoctés en pâtiront incontestablement. Au niveau culturel, la disparition des producteurs individuels impactera la richesse du pays et c’est une partie de son histoire qui s’en ira avec eux. Une manière de nous conscientiser sur l’importance de consommer des produits cultivés, fabriqués par des petits producteurs locaux et internationaux.

Le fonctionnement de l’association

Pour y adhérer, chaque restaurateur est invité à verser une cotisation de 50 euros. Ensuite, pour collecter des fonds, des partenariats devraient voir le jour, incessamment sous peu, comme des cuisines à 4 ou 6 mains avec plusieurs chefs. Les bénéfices seront alors versés à CSF. Ceux-ci ne seront pas directement reversés aux producteurs qui en auront besoin, mais le rôle des ambassadeurs sera de veiller à acheter le nécessaire afin d’aider les producteurs, les agriculteurs, les éleveurs, à redémarrer leur commerce de manière concrète. Tous les métiers qui gravitent autour de la restauration sont les bienvenus dans l’association tels que les sommeliers, les maîtres d’hôtel, les pâtissiers, les poissonniers,… Travailler main dans la main et le faire pour les autres, un projet qui se fait avec le coeur.

Concrètement ?

Par exemple, au Bangladesh, un éleveur a perdu toutes les chèvres de son troupeau. L’ambassadrice en a fait part à l’association et celle-ci a racheté un troupeau. En Grèce, un viticulteur a vu ses vignes disparaître dans un incendie. CSF a financé l’achat de nouveaux pieds de vigne. Les inondations de l’année passée nous rappellent également que l’association caritative pourrait être amenée à soutenir des restaurateurs, producteurs luxembourgeois qui seraient victimes de dégâts à la suite d’intempéries. Que nous soyons proches ou à l’autre bon du monde, ces chefs estiment que c’est leur devoir d’aider les autres tout en collaborant avec leurs confrères.

Un trio de chefs, un même projet

Anthony Péan, vice-président de l’association, rappelle également que ce projet permet aux chefs de se rassembler, d’échanger, de partager autour d’un souhait commun, d’œuvrer ensemble pour une noble cause. C’est un beau moyen de côtoyer différentes générations de chefs, d’intervenants dans le domaine gastronomique avec des styles différents et tellement intéressants. Penser à ceux qu’on oublie souvent, dont on ne parle pas ou très peu, comme le précise Alain Clos, vice-président, c’est une priorité, une nécessité. Le trio est animé par la passion du métier et le désir d’aider ceux qui connaissent des difficultés, ceux qui sont souvent abandonnés à travers le monde entier.

Comme le chef Coxon l’a rappelé dans son discours « On peut faire la différence en tant que chef avant qu’il soit trop tard ». Un beau projet altruiste dont vous entendrez encore parler et une belle façon de nous rappeler l’importance vitale des petits producteurs luxembourgeois et internationaux.

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