Elle n’a pas osé lui dire ce qu’elle a trouvé, ce papier roulé en boule dans sa poche, et ces mots : « Merci pour ce délicieux moment passé ensemble. »… Ces mots sont des poignards qui lacèrent son cœur. Elle en est sûre, elle a la preuve… Il en aime une autre…

Tout se mélange, se mêle et se déchaîne. Elle se passe et se repasse cette abominable soirée…

Elle n’avait pas envie d’aller à cette soirée… Trop grosse, trop vieille rien à se mettre…

Et puis elle a vu entrer cette créature si belle, si pulpeuse, si sexy. Si, tout ce qu’elle n’est pas. Elle a fixé son mari et elle a remarqué sa pupille se dilater… Et surtout des regards échangés débordant de messages codés dont elle est persuadée d’avoir la clef. Cette femme qu’il lui a présentée comme sa secrétaire est sa maîtresse. Le mot c’est elle. Elle en est certaine. Elle a envie de se jeter sur son mari, de le taper de le battre de lui arracher les yeux… Ses yeux qui l’ont fait tant souffrir hier soir…

Et pourtant dans un demi sommeil, il la caresse, il touche ses seins, son sexe et elle, si en colère et submergée par le désir et l’excitation sexuelle… Ils feront l’amour avec une intensité inouïe… Mais que se passe-t-il? Elle ne comprend pas ce qui lui arrive. C’est comme si cette jalousie s’était transformée en un délicieux aphrodisiaque. Et oui, la jalousie peut être un abominable poison, mais aussi – à petites doses – allumer ou rallumer un désir et relever une routine comme un subtil dosage d’épices relèvera un plat jusqu’alors trop fade.

Mais qu’est ce que cette jalousie aphrodisiaque ? Cette jalousie va renforcer des fantasmes et réveiller un univers érotique un peu endormi. En effet, notre Janette, depuis qu’elle a vu cette séduisante créature n’a cessé d’imaginer son Jano en amant fougueux faisant violemment l’amour. Elle a tout vu: le lieu, une chambre d’hôtel luxueuse et voluptueuse, des préliminaires subtils délicats et très érotiques… Elle a imaginé la jouissance de cette femme splendide lacérant de ses griffes le dos de son Jano haletant… Elle a vu l’orgasme, l’amour, l’érotisme, la sueur… Elle a senti l’odeur des corps fourbus, elle a entendu les cris de plaisir, les mots coquins. Bref elle a redécouvert son homme comme un divin amant et son imaginaire érotique a renforcé ce scénario de voyeuse exclue, jalouse, mais aussi brûlante d’excitation.

Le pauvre Jano ne comprend pas cette irrépressible envie de sexe de sa Janette. Mais maintenant que vous savez tout sur le délicieux piment que peut devenir la jalousie. A vous de jouer Mesdames! Et sachez transformer la jalousie en stratégie amoureuse. Bon, vous n’êtes pas obligée d’en venir à vous faire passer pour une maîtresse qui courtiserait incognito votre mari en lui donnant des rendez vous amoureux en lui déclarant votre flamme dans une fabuleuse correspondance tel que le fait le héros du célèbre roman d’Alexandre Jardin, « Le Zèbre ». Mais pourquoi ne pas évoquer l’ombre d’un tiers qui vous courtiserait et que vous pourrez faire apparaître ou disparaître? Une sorte d’amant absent que vous pourriez faire intervenir pour redonner le goût de la conquête à Monsieur votre mari…

Et puis voici une liste de petits trucs pour éveiller la jalousie de Jano au bois dormant…
– Parler avec admiration à votre mari, d’un collègue célibataire.
– Si votre mari vous téléphone au bureau, faites-lui répondre que vous n’êtes pas là.
– Souriez aux autres hommes et dialoguez avec passion avec d’autres quand vous sortez avec votre mari plutôt que de surveiller les femmes qui s’approchent de votre mâle.
– Précipitez-vous sur le téléphone dès qu’il sonne comme si vous étiez en attente d’un appel ou autre option téléphonique. Laissez sonner, prenez un air gêné et ne répondez pas.
– Et sinon une recette qui marche bien. Faites vous livrer un magnifiques bouquet de roses rouges à la maison! Signe sans équivoque que vous êtes courtisée.

Et puis je suis sûre que votre imagination est débordante de scénarios qui ne demandent qu’à être joués pour transformer un mariage qui risquait de devenir trop parfait en un délicieux jeu érotique et galant!

Texte de Sophie Pilcer, sexologue
Illustration – Thomas William Roberts