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« Mes souvenirs sur Hugo et Flaubert »

par Charles Demoulin

10 janvier 2021

Truculente, cette partie d’un ouvrage écrit par Gertrude Tennant et qui, enfin traduite en français, vient de paraître aux Éditions de Fallois. Renfermant nombre de documents et de photos d’époque, il s’avère un trésor inestimable pour l’histoire littéraire française. Une espèce de machine à remonter le temps. Au-delà, il se présente comme un petit bijou pour ceux et celles qui aiment s’abreuver de ce que l’on appelle : ‘la’ littérature.

Gertrude Tennant – 1819-1918 – fut l’une des grandes figures de l’ère victorienne. Mondaine assurément, on rencontrait dans son salon de Richmond Terrace, toutes les célébrités du moment. Aussi bien des hommes politiques en vue, que des écrivains ou des artistes. C’est ainsi que Gladstone, Ruskin, Oscar Wilde, Henry James, comptaient parmi ses familiers.

Ayant passé une bonne partie de son enfance en France, elle revint souvent à Paris. Là où elle avait reçu une éducation soignée, au point que la langue française n’avait plus de secrets pour elle. Vers la fin de sa vie, elle décida d’écrire – en anglais -,  à la bonne attention de ses petits-enfants, tous ses souvenirs.

Dans ce document inédit, retrouvé en 2005 par sa petite-fille, on découvrait un large chapitre consacré à la période française de cette mondaine à la verve truculente. Ce sont ces pages, traduites en français et agrémentées de toute la correspondance qu’elle échangea presque jusqu’à sa mort avec Gustave Flaubert, que l’on retrouve dans cette petite pépite littéraire. Outre Flaubert, avec qui elle flirta sur les plages de Trouville, dame Gertrude fit également la connaissance de Victor Hugo alors qu’elle était encore ‘presque’ écolière. Un Victor Hugo avec qui elle eut également de longs échanges épistolaires et dont elle connaissait pratiquement par cœur, une partie de son œuvre. On s’amuse du regard porté par la pieuse et royaliste Anglaise sur la famille Flaubert incroyante, ou encore sur les proscrits républicains.

Émerveillé, le lecteur va déambuler avec elle dans un Paris romantique peuplé d’originaux. Avec elle, il se verra invité dans les cercles que fréquentent Hugo et Flaubert, dont elle brossera une brillante galerie de portraits. Pour moi c’est une certitude : vous allez sympathiser avec cette aventureuse, spirituelle, irrésistible et généreuse Anglaise, amoureuse de son île, mais aussi du continent.