par Janette
4 janvier 2021
Le jeûne est qualifié à notre époque par plusieurs définitions et est mentionné dans de nombreux articles de presse, prêchant sa valeur thérapeutique et médicale. Toutefois, il convient de clarifier ce qu’il est réellement, et ce qu’apporte le jeûne à l’organisme. N’étant pas à confondre avec un régime hypocalorique en sucre type low carb. Attention aussi à ne pas le «mettre» dans toutes les mains, ou devrait-on dire dans toutes les cuisines et assiettes !
Pour rappel, le jeûne est la privation plus ou moins totale de tout apport alimentaire et hydrique, pendant une période donnée plus ou moins longue.
Il a tout d’abord une connotation théologique qui a pour vocation de faire comprendre la sensation de faim et de soif à ceux qui ne sont pas dans le besoin. Il représente également le détachement matériel lorsque l’alimentation doit être très frugale (carême, ramadan) afin de se retrouver dans un état méditatif pour comprendre son prochain, et son moi-profond.
Malheureusement, il existe également des jeûnes dramatiques tels le jeûne subi et imposé lors d’une guerre, d’emprisonnement, d’une famine et lors de certaines pathologies ou l’alimentation n’est plus possible.
En recherche médicale, le jeûne est étudié sur les animaux et les insectes. Il est aussi étudié chez l’être humain lors des situations suscitées, voire chez des groupes de personnes souhaitant se prêter à la recherche médicale en ce sens.
Le fait de ne pas manger, ni avoir accès à l’eau potable, ne reflète en aucun cas, une joie quelconque ou une volonté naturelle. L’OMS rapporte des chiffres effrayants quant au nombre de millions de morts par an dans le monde, dus à la sous nutrition et la famine. Dans les pays développés, c’est l’inverse, l’OMS dénote des chiffres alarmants concernant l’épidémie d’obésité, et les maladies métaboliques telles que le Diabète de type 2 et la stéatose (foie gras). Bien que la prise de poids ait des causes multifactorielles, il est indéniable que l’apport hypercalorique entre en ligne de compte dans ces pathologies.
Entre trop manger et ne pas pouvoir se nourrir décemment, le compromis est de rigueur et le jeûne strict n’est pas ce compromis. La modération serait, comme dans tout domaine, la réponse à l’extrémisme. Manger moins: oui, être éco-responsable: oui, mais s’imposer un jeûne strict dans un but thérapeutique, alors qu’on serait déjà dans la modération ne serait pas justifié médicalement parlant.
Une femme enceinte et allaitante, un bébé, un enfant et un ado en pleine croissance, une personne malade (cancer, diabète) ou convalescente, un sportif, ou une personne nécessitant un apport calorique conséquent (manutentionnaire, ouvrier) ne doivent en aucune façon se plier à la mode du jeûne, au risque de s’affaiblir du fait de carence, de fonte musculaire, de fatigabilité musculaire et osseuse, de malaise hypoglycémique, de syncopes, de faiblesse immunitaire et de dépression, voire de coma hypoglycémique.
Le jeûne chez les insectes et chez certains mammifères a un impact leur durée de vie à la hausse, comme chez les mouches et les chiens.
Chez l’humain, c’est forcément un peu plus complexe alors, méfions-nous des dérives de ce que j’appelle désormais « la fashion santé ».
Le jeûne ne peut en tout cas être qualifié d’anti-cancer, par respect pour tous ces patients qui ont pour le coup « bien mangé, pas trop bu d’alcool, ni fumé » et qui ont malheureusement eu un cancer, idem pour tous ceux qui souffrent de maladies neuro-dégénératives (Alzheimer, Parkinson).
Il est évident que « le bien manger », permet de vivre mieux et plus longtemps. C’est à dire avoir consommé une nourriture bio et non transformée (paléo) tant que possible, avec une réduction de son apport sucré (low carb) et sodé. Ce type de régime alimentaire a un impact positif sur la qualité de vie. En effet, le régime alimentaire méditerranéen, riche en antioxydants et en fibres, remporte un franc succès auprès du monde scientifique, car il augmente l’espérance de vie en réduisant les facteurs de risque cardio-vasculaires, métaboliques et cancéreux. Il a dernièrement montré une amélioration des performances sportives et cognitives et est, dorénavant, le régime phare à adopter.
La restriction calorique (=moins manger) a toutefois le mérite d’avoir démontré qu’il met au repos certaines réactions biologiques négatives dans notre organisme. La voie m-TOR (nom d’une réaction dans le corps) est excitée par le surplus alimentaire et augmente le facteur de risque de cancer, donc une mise au repos protège la santé globale. Pour autant, le jeûne n’a pas encore eu la validation internationale comme étant le traitement ou le comportement bien fondé pour la santé.
Quand on n’a pas faim, on ne mange pas, c’est mieux. Logiquement, quand une personne mange beaucoup plus que de raison, et quelle se met à moins manger, son corps lui fera ressentir un mieux-être, c’est physiologique. Ce n’est pas un jeûne, c’est une restriction en terme d’apport calorique et un régime alimentaire sain qui provoque ce bien-être.
Se sentir bien pendant son jeûne strict est également logique car les substances naturelles excitatives sont boostées. Ne rien manger pendant plusieurs jours va stimuler la synthèse d’adrénaline. Cela permet de ressentir une forme d’euphorie et de satiété. Selon l’individu pratiquant ce jeûne strict, les conséquences médicales sont diverses et variées, de 0 conséquence, à de sévères conséquences médicales.
Le jeune court sans apport calorique (une ou deux journées) laisse au repos l’intestin et les émonctoires. Pourquoi pas après un riche repas difficile à digérer. Il convient alors de s’hydrater suffisamment et de ne pas manger de sucres simples (friandises) ni complexes (féculents) dans la journée.
L’idéal est une accélération de la détoxification en consommant essentiellement des légumes lors d’un repas frugal au moment où la faim physiologique se fera ressentir. Exemple : un diner copieux à 21 h la veille peut être suivi d’une absence de petit déjeuner le lendemain, en attendant que la faim revienne vers 13 h, ou pas. Pour un adulte en bonne santé, il est alors sain d’écouter sa faim.
Cependant, un jeûne prolongé qu’on s’impose en buvant du jus de fruit donc du sucre simple toute la journée n’est ni un jeûne, ni une détox, et n’est pas une bonne idée.
Boire un jus de légumes est plus sensé, mais ne peut donc être qualifié de jeûne strict. Il reste un apport alimentaire peu calorique mais pouvant être suffisant afin de compenser la surcharge calorique précédemment « ingurgitée ». Ce type de jeun modéré reste une bonne idée mais dans un temps très court, car le corps se souvient toujours de la restriction alimentaire et provoque l’effet yoyo dès qu’il est en carence : attention alors à la reprise de sa faim et l’éventualité de repas à nouveau trop abondants et du cercle vicieux engendré.
Il ne faut pas confondre restriction calorique ou le « moins/mieux manger », avec le jeûne strict et total lors duquel l’on ne mange rien. Le premier peut se pratiquer avec parcimonie, l’autre doit rester rare.
Toutefois, et en pratique simple, un jeûne court de 12 heures peut être fait après un diner frugal, complet et tôt dans la soirée vers 19h comptant donc la soirée, la nuit, et le matin qui suit. Ce petit jeune peut, selon tout à chacun, faire du bien à votre corps. Il se rapproche d’un jeûne physiologique, c’est à dire l’absence de grignotage entre chaque repas que l’on recommande vivement. Le jeûne long quant à lui, reste un comportement extrême qui ne peut être prêché pour tous ni comme thérapeutique, puisqu’il affame le corps et l’esprit.
Vivre d’amour et d’eau fraiche reste un mythe fictif, qui ne serait être si romantique ! On prône l’amour et l’eau fraiche, oui, mais avec une tablée conviviale, voire un diner aux chandelles plutôt diététique que gastronomique !
Alexandra DALU
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