par Charles Demoulin
25 avril 2021
Sous ce titre, qui paraît aux Éditions de Fallois et que signe Gérald Sibleyras, se cache en fait l’histoire de sa mère, qui portera ici le nom d’Emma. Une Berlinoise née en 1929 et décédée à Paris au début de ce siècle. Il est évident que l’essentiel de cette narration va porter sur les dernières années de la Seconde Guerre mondiale, sur l’entrée des troupes soviétiques à Berlin et l’instauration du régime communiste jusqu’à l’édification du mur.
Parlons tout d’abord de ce titre – Une blouse serrée à la taille -. Il évoque en fait la silhouette des jeunes Berlinoises qui, dans les décombres de leur ville lourdement bombardée par l’aviation alliée, aidaient à retrouver les victimes. Ce sera ensuite l’arrivée des Russes dans la capitale du IIIe Reich, le morcellement de la ville, la construction du mur, et pour ceux et celles qui se trouveront du côté russe, l’instauration d’un communisme intransigeant dicté par Staline. Mais avant tout cela, Emma va connaître la montée du nazisme, l’apogée d’Hitler, où, à l’instar de nombreuses gamines, adolescentes ou femmes allemandes, elle rêvera d’être la fiancée du führer. Viendront ensuite le déclin, la défaite de l’Allemagne, la mort d’Hitler et l’occupation russe. Pour cette ado qu’est Emma, c’est déjà pratiquement une vie qu’elle a vécu.
Mal à l’aise dans la nouvelle société qui se met en place, suite à ce caractère carcéral et policier qui s’accentue de jour en jour, Emma passe in extremis à l’Ouest où ses qualités physiques s’épanouiront au point de devenir mannequin. Devenue mère, les histoires de son vécu vont devenir pour ses enfants de véritables légendes qu’il était inconcevable de mettre en doute ou d’en demander des précisions. Notamment lorsqu’elle parlait de l’arrivée des Russes à Berlin.
Dramaturge de renom, Gérald Sibleyras, son fils, nous livre ici et sous forme de ‘journal au quotidien’, les souvenirs de ce que fut la vie de sa mère. Le ton est juste, concis – comme le sont tous les chapitres – , volontairement dépouillé de pathos et empreint du sceau de l’authenticité. Un pan de l’Histoire, mais avec une autre perception, un autre regard, que ceux de ces Français, Luxembourgeois, Belges, Hollandais et autres ayant vécu l’occupation allemande. De vous à moi, bien plus dramatique à vivre que notre confinement actuel.
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