par Janette
16 février 2024
Épuisée, lessivée, vidée… Les adjectifs ne manquent pas pour décrire un état qui nous gagne parfois. De 10 à 20% des patients se plaignent d’une fatigue constante et 5% consultent pour ce seul motif, majoritairement des femmes.
Les différentes fatigues
Il existe différentes fatigues : celle, normale, que l’on ressent après des efforts soutenus ou un manque de sommeil, mais qui disparaît avec le repos. Et celle qui ne disparaît pas, passagère réactionelle ou chronique, physique et/ou psychique.
La fatigue passagère réactionelle
Elle est clairement en relation avec un fait, un état. Le manque de sommeil ou de repos est le plus évident, mais des causes professionnelles sont aussi fréquemment retrouvées : surcharge, ennui ou stress au travail sont sources de fatigue, de même pour les soucis familiaux.
Des causes somatiques sont aussi à rechercher : des infections bactériennes, virales ou parasitaires dans leurs phases aigües ou de convalescence, un état physique altéré par excès de sport ou grande sédentarité, malnutrition, suites d’une intervention chirurgicale avec anesthésie générale. Dans ces cas, le repos ou la reprise d’une activité physique et d’une bonne hygiène de vie sont garants d’une vitalité plus vite retrouvée.
Le sport, redonne de l’énergie, pratiqué modérément, mais régulièrement. Il dope par ailleurs le système immunitaire, et a des vertus anti-stress.
Il ne faut pas négliger un bon apport hydrique quotidien, une insuffisance d’hydratation accroît la fatigue et les douleurs musculaires. En revanche, l’excès de caféine expose plus facilement à une sensibilité accrue à la fatigue. Café oui, mais sans excès donc, moins de cinq tasses par jour. La surconsommation de sucres favorise également les accès de fatigue.
Des aides médicamenteuses sont là si besoin en soutien pour retrouver l’élan : phytothérapie, acides aminés, homéopathie, oligoéléments, vitamines, la vitamine C étant la plus intéressante, bien dosée.
Ces suppléments doivent être pris sur des périodes déterminées et ne se substituent bien sûr pas aux règles hygiéno-diététiques ou à la résolution du problème s’il existe.
La fatigue physique chronique ou asthénie
Des maladies chroniques en sont responsables, et en cas de fatigue persistant plusieurs semaines il faut consulter.
L’hypothyroïdie, le diabète de type 2, l’anémie par carence en fer, certaines maladies auto immunes, dégénératives neurologiques, une insuffisance cardiaque ou rénale, ou encore une bronchopathie chronique obstructives sont des affections qui génèrent ou accroissent la fatigue.
Beaucoup de maladies sont donc source d’asthénie persistante et sont plutôt facilement détectables avec un examen clinique et un bilan biologique adéquat.
Le traitement de la pathologie en cause rapidement instauré, le symptôme fatigue disparaitra le plus souvent rapidement ce qui est particulièrement vrai en cas d’anémie.
Des médicaments peuvent aussi être incriminés tels que certains antalgiques, antihistaminiques ou antihypertenseurs et la prise de psychotropes ou sédatifs, surdosés ou non adaptés.
La fatigue chronique psychique ou psychasthénie
Fréquente, elle met souvent en avant un cortège de symptômes physiques qui accompagnent cette fatigue marquée tels que douleurs articulaires, musculaires, maux de tête, douleurs de nuque, troubles digestifs et de l’appétit.
Ces signes sont plus volontiers prononcés le matin.
Ils sont globalement l’expression somatique de troubles anxieux, dépressifs.
Une prise en charge psychologique et/ou psychiatrique est indiquée et le recours aux antidépresseurs est une bonne option pour ne pas multiplier des traitements qui ne seraient que symptomatiques.
Le syndrome de fatigue chronique
Il touche les jeunes adultes et plus volontiers les femmes. Il associe, en dehors de la fatigue évoluant depuis plus de 6 mois, des céphalées, la présence de ganglions cervicaux, et des malaises consécutifs à l’effort.
Sa reconnaissance reste controversée en Europe alors qu’il est plus facilement nommé et reconnu dans les pays anglo-saxons.
Plusieurs hypothèses sont retenues : facteurs génétiques de vulnérabilité au stress, mauvaise réponse immunitaire, dysfonctionnements hormonaux, agents infectieux : grippe, herpès, le virus d’Epstein Barr pourraient être des facteurs déclenchants. Il n’existe pas à ce jour de traitement spécifique et lorsque toutes les autres causes ont été écartées , le traitement reste symptomatique. Une prise en charge psychologique et comportementale peut y être ajoutée.
La surreprésentation évoquée des femmes se plaignant de fatigue, est sans doute en grande partie liée au poids de leur charge mentale, aux fonctions professionnelles, de mère, de conjointe qui se superposent tout au long de la journée, du week end, voire de la nuit.
Le partage des rôles allège cette charge mais il ne faut pas sous estimer les directives que s’imposent elles-mêmes les femmes, un certain goût de la perfection, du contrôle et la culpabilité ressentie de n’avoir pas tout accompli…
Par Dr Stéphanie Dangel
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