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« Qu’importe la couleur du ciel »

par Charles Demoulin

3 avril 2022

Publié chez Flammarion, ce bel ouvrage que nous distille d’une plume empreinte de tendresse et de sensibilité la Bruxelloise Valérie Cohen, s’impose comme une réflexion sur le comment se reconstruire, alors que nos racines nous ont été cachées et que dès lors, nous ayons décidé de mettre plus volontiers en exergue, les liens du cœur plus que ceux du sang.

Du coup cette réflexion de quatrième de couverture : « Vitale et mortelle à la fois, organisme vivant aux multiples facettes, la famille est un joli parterre de ronces. » Et ensuite ce questionnement : « Et si les arbres généalogiques comportaient une case réservée pour les amis de toujours, les amours défuntes, les maîtres à penser, les sauveurs ? À quoi ressemblerait le nôtre ? »

Dans ce nouveau roman à travers lequel elle aborde, comme à sa bonne habitude avec humour et fausse légèreté, un sujet plus grave qu’il n’y paraît, Valérie Cohen met en scène trois générations de femmes. Il y a Sybille qui, n’ayant pas su avoir d’enfants, s’est du coup, attachée à construire sa propre famille. C’est vrai que depuis cinquante ans, elle cultive avec son amie Gisèle une complicité à toute épreuve. Gisèle, mère de Barbara, elle-même mère de Mila. Un trio féminin qui constitue depuis longtemps la vraie la famille de Sybille. Sybille qui s’apprête justement à fêter son anniversaire. Moment que choisit Mila pour révéler les résultats d’un test ADN qu’elle a passé il y a peu. Résultats qui vont faire basculer l’équilibre de notre trio puisqu’ils s’en viennent réveiller un passé depuis longtemps laissé aux oubliettes. En cachant au plus profond de leurs mémoires leur passé, ces femmes n’ont guère imaginé l’impact que leurs silences pourraient avoir le jour où ils referaient surface. Et dans le cas qui nous préoccupe, c’est Mila qui va en faire les frais.

Dès que l’intrigue, tel un thriller, sera bien en place, dès que tous les personnages auront été bien cernés, l’auteure va, de manière très subtile, remonter le fil du temps. Ouvrant peu à peu, et l’un après l’autre, les tiroirs du passé, elle va nous dévoiler secrets et non-dits. Nous expliquant le pourquoi qu’en lieu et place des liens de sang, préférence a été donnée à ceux de l’amitié. De quoi comprendre aussi, pourquoi la famille peut parfois être un joli parterre de ronces. Et qu’importe la couleur du ciel.