par Charles Demoulin
21 juillet 2023
Soit les vacances sont là, soit elles approchent à grands pas. Que vous partiez ou non, un brin de lecture sera sans nul doute inscrit à votre rendez-vous. Pour vous aider dans vos choix, Janette a choisi quelques titres d’ouvrages issus de différents genres littéraires, et qui pourraient vous intéresser.
‘L’affaire Sophie M.’, de Lionel Abbo et Yohan Perez chez Hugo Roman
Le 16 décembre 2022, à 6 heures du matin, le corps de Sophie M. est retrouvé sans vie dans la chambre de son appartement.
Commandante divisionnaire chevronnée, Victoire Miller ne constate aucune effraction, aucun objet volé, pas la moindre trace d’ADN, juste un objet étrange qui semble ne rien avoir à faire sur une scène de crime : un exemplaire de Sophie la Girafe, un jouet en latex que mâchouillent habituellement les nourrissons.
À partir de là va se dérouler une enquête caustique, parfois grinçante parfois loufoque, à dimension internationale. Ce crime faisant écho à d’autres cold cases un peu partout dans le monde, où l’on retrouve toujours une Sophie… et un jouet d’enfant.
Au-delà, voilà un roman qui interroge sur la préférence de vivre en couple ou sur le fait de devoir assumer une parentalité. Le genre d’ouvrage qu’on est heureux d’avoir lu et auquel on a pu répondre aux nombreuses questions qu’il suscitait en nous.
‘Absolution’, d’Yrsa Sigurdardóttir chez Babel noir
C’est par des vidéos transmises sur Snapchat à tous les contacts de la victime que la police islandaise est avertie du crime. On y voit la jeune Stella, terrifiée, demander pardon avant sa mise à mort. Quelques jours plus tard, va être retrouvé près du corps, un papier sur lequel figure uniquement le chiffre ‘2’ .
Chargé de l’enquête, l’inspecteur Huldar, aidé en cela par la psychologue Freya, commence l’interrogatoire des amis de l’adolescente. Ce faisant, ils apprennent que Stella était loin d’être l’ange que beaucoup décrivaient. Mais qui aurait pu en vouloir à une lycéenne au point de la tuer ?
Peu après, c’est un jeune homme qui, en l’absence de ses parents, est enlevé de chez lui. Là aussi, sur les lieux de la disparition, on découvre une feuille avec uniquement le chiffre ‘3’. Jusqu’où va se poursuivre la série ? Et qui était le numéro ‘1’ ?
Une enquête poignante, haletante et bouleversante, où l’auteure met en lumière un drame mondial terriblement actuel : le harcèlement en milieu scolaire, mais aussi et surtout sur les réseaux sociaux.
‘Rose & Massino’, de Félix Radu chez Fayard
Massimo est un jeune poète oisif. Un matin, son ami Aldo le réveille à la hâte. Il faut qu’il le remplace pour son cours d’italien auprès d’une princesse. Une princesse ? Que va-t-il lui dire ? Que doit-il lui apprendre ? L’italien ? Il ne le parle pas. L’amour ? Il n’en sait rien. Parler de lui ? Impossible ! Et le poète de se faire professeur, et la belle de découvrir l’imposture. Bien sûr qu’ils vont tomber amoureux. Bien sûr qu’ils n’en ont pas le droit.
Rose & Massimo, ce sont un peu les enfants de Roméo et Juliette. Des enfants terribles qui, s’étant introduits en secret dans la chambre de leurs parents, auraient dévalisé tout ce qui leur plaisait. Dignes représentants de leur jeunesse et de leur temps.
C’est du théâtre que vous allez vous surprendre à lire. Et quel théâtre ! Celui où l’auteur, comédien de surcroît, s’empare des codes des pièces du répertoire de Molière, Musset, Shakespeare pour les dépoussiérer, les trahir, les enrichir de sa poésie contemporaine. Un hommage émouvant aux jeux de l’amour et du hasard par un Edmond Rostand 2.0 ! S’il reste un brin de poésie en vous, vous allez succomber à la magie des mots.
‘La triple vie de Charlie’, de Carine Paquin chez Kennes
Le rêve de Charlie a toujours été de jouer de la batterie dans un groupe. Cet été, lorsqu’elle déménage avec son père, elle est loin de se douter que son souhait pourrait bien devenir réalité. En fait, à peine arrivée dans sa nouvelle demeure, qu’elle apprend que le groupe amateur ‘Les Voyous cherche un nouveau batteur.
Un hic pourtant, et de taille : les membres de ce groupe n’acceptent pas les filles… Étant donné que Charlie a un look très androgyne, elle décide pour une fois d’en profiter et passe donc les auditions en tant que garçon. Et le miracle se produit, elle est acceptée. Sauf qu’elle va apprendre à ses dépens que mentir n’est jamais la meilleure idée.
L’histoire d’une ado comme beaucoup d’autres qui se cherche. Une ado qui est prête à tout pour réaliser son rêve. Même d’être ce qu’elle n’est pas. Avec Charlie, et grâce à ce roman à l’écriture vivante où règnent humour et quiproquos, entrer dans le monde des ados. Un monde fait de musique, d’amis et des fameux (?) réseaux sociaux.
‘Lettres d’hiver, lettres d’été’, de Lucille Dupré et Maaï Youssef chez Belfond
Deux fois par semaine, depuis La Ciotat où elle effectue une résidence d’écriture, Maaï Youssef écrit à Lucille Dupré, son amie, auteure elle aussi, qui vit non loin sur l’île de Porquerolles.
Si on devait décrire Lucille, on dirait que c’est une jeune mère qui peine à garder son équilibre, mais également une place pour la création. Quant à Maaï, elle doit faire le deuil difficile de grossesses arrêtées. Via des lettres, les deux femmes se racontent leur quotidien et décortiquent, ensemble, les liens entre maternité et écriture, chambre à soi, désir d’enfant, solitude, deuil périnatal, féminisme.
Cette amitié qui s’écrit, permet comme rarement de penser des expériences de la maternité a priori contradictoires, de déjouer ces injonctions impossibles qui pèsent sur les femmes, de lier de l’intime et une révolution politique sociale en marge. Au fil de la correspondance, elles invitent d’autres auteures, amies et collègues à dialoguer avec elles afin d’envisager un monde moins hostile, et d’inventer d’autres voies, d’autres façons d’être mères et d’être femmes.
À souligner l’intelligence des réflexions de ces deux femmes.
‘J’aimerais tant que tu sois là’, de Jodi Picoult chez Actes Sud
La vie de Diana est sur les rails. Elle a le petit-ami idéal et le job de ses rêves chez Sotheby’s. À bientôt trente ans, il ne lui manque que la bague au doigt. C’est vrai qu’elle est presque certaine que Finn, son amoureux, va faire sa demande pendant leur escapade aux Galápagos.
Mais voilà, réquisitionné par l’hôpital où il fait son internat en ce début d’année 2020, moment où commence à se développer une épidémie du nom de Coronavirus, Finn doit rester.
C’est donc à contrecœur qu’elle part. D’autant que lorsqu’elle arrive, l’île est confinée, ses bagages sont perdus, l’hôtel est fermé, et il n’y a pas de Wi-Fi… Bref, elle se trouve coupée du monde, doit apprendre désormais à se débrouiller et surtout à sortir de sa zone de confort. De rencontres en introspection, Diana pourrait bien réaliser que sa vie et son bonheur ne sont pas là où elle croyait.
Nombre de thèmes sont abordés dans cet ouvrage hyper documenté que je considère comme une autre remarquable découverte. C’est vrai qu’on ne peut pas choisir sa réalité, mais qu’on peut la transformer.
‘L’annonce faite à Goering’, de Jean-Pierre Cabanes chez Albin Michel
Dans un Paris occupé où Goering pille sans vergogne les tableaux appartenant aux Juifs afin d’alimenter sa collection personnelle, un couple pour le moins inédit entre en résistance.
D’un côté, il y a Claire, qui a étudié l’art au Louvre et qui est la fille d’un marchand juif… de tableaux. De l’autre, on découvre Werner, un militaire allemand qui, avant que la Seconde Guerre mondiale n’éclate, terminait sa thèse universitaire sur les faux en art.
Claire et Werner se rencontrent en 1938 à Paris. C’est le coup de foudre. Un amour naissant qui n’est pas pour déplaire au papa de Claire qui a souvent de longues discussions avec Werner sur l’art pictural. Au point qu’il lui confie même ses secrets au sujet de sa collection d’œuvres d’art. Rentré en Allemagne pour le mariage de sa sœur, Werner ne reconnaît plus son pays où le nazisme règne en maître. Ce qui n’empêche qu’il se voit obligé de rejoindre sa base d’entraînement, car Hitler vient de lancer ses troupes à l’assaut de la Russie et de l’Europe.
Une magnifique fresque historique et romanesque, hautement documentée, et qui, durant huit années, va faire voyager le lecteur de Paris à Berlin en passant par New York, là où passions, haines et ambitions s’entrecroisent violemment. Un roman qui va vous captiver par sa puissance extrême.
‘La villa des lauriers-roses’, de Teresa Simon chez City
À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, la jeune Sophie, fille d’un influent marchand de café à Hambourg, vit confortablement dans la luxueuse villa familiale. Les réceptions et les fêtes se succèdent dans l’espoir de trouver un bon mari à Sophie.
Tandis que la jeune femme tente de faire bonne figure et de sourire aux invités, Hannes, le fils de la cuisinière, s’occupe du service. Depuis leur enfance, c’est lui le confident de Sophie. Sauf qu’au fil du temps, le sentiment très fort qui les avait toujours liés s’est peu à peu transformé. Mais comment une fille de la classe supérieure pourrait-elle imaginer épouser un homme qui n’a rien à lui offrir ?
Or, un jour, le monde bien ordonné de la Villa des lauriers-roses va se fissurer. Alors que le chaos de la guerre approche, Sophie découvre que ses parents dissimulent depuis des décennies un secret plus que lourd. Un secret qui va très rapidement bouleverser le destin de la jeune femme.
Dans ce roman qui va vous faire découvrir deux autres femmes, l’auteure aborde subtilement au moyen d’une plume passionnante, des thèmes comme l’amitié, les liens familiaux, l’homosexualité, la Seconde Guerre mondiale, la maternité… Ce qui nous offre une lecture aussi passionnante qu’instructive.
‘Je chemine avec… Ariane Ascaride’, chez Seuil
Ariane Ascaride est comédienne. Elle joue souvent dans des films ayant généralement pour cadre les quartiers populaires de Marseille. À travers ses rôles, elle entend défendre un cinéma social et engagé.
Des faubourgs de Marseille au Conservatoire de Paris, jusqu’au fameux jour de 1998 où elle reçoit sans y croire le César de la meilleure actrice pour ‘Marius et Jeannette’, Ariane Ascaride se livre ici en toute franchise, et, surtout, avec la fantaisie qu’on lui connaît.
Du coup, le lecteur va découvrir un parcours peu facile, une enfance solitaire, un changement de milieu qu’il faut affronter en arrivant à Paris, des débuts difficiles, mais également une véritable force de vie et de travail. Son désir : donner à voir des images de femmes qui sont ancrées dans une réalité sociale.
La comédienne évoque le théâtre amateur aux côtés de son père et de ses frères, sa rencontre avec Robert Guédiguian au syndicat de la fac, celle, fondatrice, avec son professeur Marcel Bluwal, l’invention du théâtre d’appartement, des anecdotes de tournage, la remise de ses prix, et bien d’autres moments de sa carrière. Cela sans oublier ses coups de gueule face aux injustices sociales, et son analyse lucide de la place de la femme dans son métier, aujourd’hui. Ce faisant, elle transmet quelques conseils aux jeunes femmes qui veulent se lancer dans ce métier.
‘Les philosophes et l’amour’, d’Aude Lancelin et Marie Lemonier
Un lieu commun solidement établi veut qu’amour et philosophie fassent mauvais ménage. Étrangement, jusqu’ici, aucun livre n’avait réuni les différents regards des grands philosophes sur ce sujet majeur. Cet essai se propose de le faire en exposant leur pensée de façon vivante et accessible.
Ouverture à l’éternité pour Platon. Leurre mortel chez Lucrèce. Défi de toute une existence pour Kierkegaard. Simple ruse de l’instinct sexuel chez Schopenhauer. Quant à Rousseau, l’inventeur du romantisme, difficile de trouver système philosophique plus étroitement lié aux névroses de son auteur.
Ce livre vous dévoilera aussi certains aspects parfois très méconnus de la vie amoureuse des philosophes. Le donjuanisme forcené de Sartre, l’absence légendaire de toute libido chez Kant, les ratages de Nietzsche avec les jeunes filles… autant d’épisodes graves ou drôles dont chacun pourra tirer les leçons dans sa propre vie.
‘Princesse Alice de Battenberg’, d’Inès de Kertanguy aux Presses de la Cité
Voici pour vous, une biographique ‘romanesque’, ou si vous préférez le portrait émouvant d’une princesse au destin hors du commun. Celui d’Alice de Battenberg, la mère du prince Philip, duc d’Édimbourg, époux de feu la reine Elizabeth II du Royaume-Uni.
Malentendante de naissance, Alice, arrière-petite-fille de la reine Victoria, grandit entre l’Allemagne et l’Angleterre. En 1903, elle se marie avec Andréas de Grèce et de Danemark, le fils du roi des Hellènes avec qui elle aura cinq enfants, dont Philip, futur époux d’Elizabeth II. Tandis qu’Andréas poursuit sa carrière militaire, la famille réside au palais royal d’Athènes ou à Corfou.
Lors de la guerre des Balkans, la princesse va s’engager comme infirmière volontaire. Par la suite, la Première Guerre mondiale, puis la guerre gréco-turque conduisent la Grèce au chaos tandis qu’Andréas est banni de l’armée. S’ensuivra alors une longue errance à travers l’Europe qui se terminera à Saint-Cloud.
Désœuvré, Andréas va fréquenter les cercles de jeu et nouer une relation extraconjugale. Réfugiée dans la religion, convertie en secret à l’orthodoxie et l’ésotérisme, en proie à des délires mystiques, diagnostiquée schizophrène et hospitalisée en Allemagne, Alice sera finalement internée en Suisse. Libérée deux ans plus tard elle passera la Seconde Guerre mondiale en Grèce, aidera les nécessiteux et cachera même à son domicile d’Athènes une famille juive. C’est en 1969 qu’elle mourra paisiblement au palais de Buckingham.
Un ouvrage qui se lit de façon très fluide et qui nous dévoile qui fut vraiment la mère du prince Philip d’Édimbourg.
‘Sentinelle du climat’, de Heïdi Sevestre chez HarperCollins
Glaciologue savoyarde travaillant pour la protection des régions polaires, l’auteure nous raconte ce qu’elle a vu. Nous expliquant ce que nous sommes en train de perdre et surtout ce qui nous attend. Pour elle, il ne s’agit pas de semer la peur, de culpabiliser, d’accuser ou de désespérer. Car elle a la conviction que nous sauverons les glaciers, et nous-mêmes du même coup.
Inutile de vouloir se cacher la face. Le constat est le même partout. Des températures record touchent tous les pays. Des incendies ravagent des régions entières. Les tempêtes se multiplient. Des espèces disparaissent. La banquise diminue jour après jour. Le réchauffement climatique est à l’œuvre et ne cesse de s’intensifier.
Après s’être émerveillée devant l’Arctique, l’Himalaya, le Groenland ou encore l’Antarctique, pour leurs géants de glace, elle nous parle aujourd’hui de son anxiété étant donné que les glaciers fondent à une vitesse grand V et qu’il est grand temps de réagir.
Adresse email du destinataire
Votre nom / prénom
Votre adresse email
Comments
Partagez par email
Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles.
Cette option doit être activée à tout moment afin que nous puissions enregistrer vos préférences pour les réglages de cookie.
Si vous désactivez ce cookie, nous ne pourrons pas enregistrer vos préférences. Cela signifie que chaque fois que vous visitez ce site, vous devrez activer ou désactiver à nouveau les cookies.