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Quand le livre devient cadeau

par Charles Demoulin

21 décembre 2023

Il y a de ces moments où l’on arrive en panne d’idées pour offrir un cadeau. D’autant que, coup sur coup, vous tombent dessus Noël et Nouvel An. Alors, pour vous aider, Janette est allée fouiner dans l’immense pile de titres proposés par nombre d’éditeurs durant ces derniers mois. De quoi vraiment trouver le livre idéal qui conviendra à la personne à qui vous ne saviez plus quoi offrir.

RAYON POLAR – THRILLER

‘Les dés’, d’Ahmet Altan chez Actes Sud

Avant la Première Guerre mondiale, époque des unionistes au pouvoir en Turquie, un garçon de seize ans fait preuve d’un courage incroyable en tuant publiquement l’assassin de son frère aîné. Il est immédiatement emprisonné, condamné à perpétuité, car trop jeune que pour être exécuté. Enfermé dans un  lieu sordide, ce gosse que la mort n’inquiète pas impose d’emblée le respect, tandis que son regard effraie ceux qui le croisent. C’est dans sa prison qu’il se met alors à jouer aux dés. Or, un an après son incarcération, il est exfiltré vers l’Égypte. Là où commencera son apprentissage des choses de la vie : l’amour, l’argent, le pouvoir, les attentats politiques. Un roman sombre, percutant, passionnant, écrit par une plume d’une incroyable dextérité.

‘Le Cygne et la Chauve-souris’, de Keigo Higashino chez Actes Sud

La vie de Kazuma bascule lorsqu’il apprend que son père Kuraki vient d’avouer un double homicide. Le premier en 1984, aujourd’hui prescrit, mais aussi celui d’un avocat qui fait la une des journaux. Bien que l’enquête soit close et que le procès approche, Mirei, la fille de l’avocat, et le fils de l’accusé, ont l’intime conviction que Kuraki a menti. S’il est le véritable meurtrier, pourquoi notre duo n’arrive-t-il pas à corroborer ses aveux ? Chercherait-il à protéger quelqu’un? Afin de tenter de rétablir la vérité, Kazuma et Mirei, le cygne et la chauve-souris, vont plonger ensemble dans le passé de leurs pères. Une enquête complexe écrite par le maître incontesté du polar japonais, et qui se lit pas à pas, au rythme des divers rebondissements.

‘Les ombres de la vallée’, de Viveca Sten chez Albin Michel

En pleine saison, un cadavre affreusement mutilé est découvert près de la station suédoise d’Åre. La victime, ancien champion de ski, est un enfant du pays aimé de tous. Non loin de là, dans un village isolé proche de la frontière norvégienne, la jeune Rebecka, épouse d’un pasteur devenu violent, disparaît. Les deux affaires sont-elles liées ? Hanna Ahlander, aux histoires amoureuses tourmentées, et l’inspecteur Daniel Lindskog, débordé par sa vie de jeune père, mènent l’enquête. Alors que la course contre la montre pour retrouver Rebecka commence, ils rassemblent les pièces d’un puzzle bien plus complexe qu’il n‘y paraît. Une littérature policière efficace, signée de la main de celle qui a vu sa série, ‘meurtres à Sandhamn, portée à la télévision.

‘Petites filles perdues’, d’Angela Marsons chez Belfond noir

Les Timmins et les Hanson, dont les filles sont inséparables, s’entendent à merveille. Un jour, alors que Karen Timmins va les récupérer à l’école, un texto fracasse son quotidien : « Ne vous pressez pas. Charlotte et Amy ne rentreront pas. » Missionnée sur cette affaire, l’enquêtrice Stone, femme aux nerfs d’acier, voit sa carapace se fissurer lorsqu’arrive un second message : « Seule la famille qui paiera la plus grosse rançon reverra son enfant. » Un mode opératoire déjà pratiqué dans un kidnapping effectué il y a un an, et qui s’était soldé par la mort d’une gamine. Et les deux familles, si solidaires, de se retrouver plongée dans une compétition financière mortifère. Un thriller superbement construit qui vous tient en haleine jusqu’au mot fin.

‘Fais-les pleurer’, de Smith Henderson & Jon Marc Smith

Diane Harbaugh, recrue coriace de la DEA, l’agence antidrogue américaine, est celle qu’on appelle pour faire parler les dealers les plus récalcitrants. Jusqu’au jour où l’un de ses indics se suicide sous ses yeux, faisant émerger des doutes sur la nature de leur relation. Sous le coup d’une enquête interne, lâchée par sa direction, Diane perd pied peu à peu. Dans un sursaut rageur, elle part pour le Mexique rencontrer un certain Gustavo qui lui affirme avoir une info pouvant faire tomber tout un cartel. Mais c’est un piège dans lequel elle va se précipiter. Sauf qu’elle va se trouver un allié inattendu en la personne de Ian Carver, ex-agent de la CIA revenu d’Afghanistan la tête pleine de traumas. Haletant et fou d’un bout à l’autre de ses 380 pages.

‘Tempête dans un encrier’, de Coline Gatel chez City

Mary Simple frise la soixantaine, mais n’a rien d’une retraitée pépère. Elle joue de la cornemuse, est flexitarienne et boit du vin rouge bio. Depuis qu’elle a quitté l’Écosse pour s’installer en France, elle écrit des livres sur les plantes qu’elle vend autour d’elle. Un week-end, alors qu’elle participe à un salon du livre, elle tombe nez à nez avec le cadavre d’un écrivain, une plume plantée dans l’œil. La victime est un vieil acariâtre que personne ne supportait. Quant à l’arme du crime, elle appartient à un auteur un peu trop prétentieux. Mary décide alors de mener l’enquête et de démasquer le coupable avec l’aide d’un fringuant auteur de polars et d’un étrange policier amateur de sexagénaires en goguette. Un cosy mystery exquis et drôle.

‘Au commencement’, d’Ivan Zinberg chez HarperCollins noir

Dans le 93, un dealer, un gitan, un chômeur et une prostituée sont tués à bout portant. Aucun n’avait d’ennemi connu. Tous vivaient des vies ordinaires, faites de petits trafics, de secrets, de rêves et de ratés. À la Crim’, le groupe du commandant Delmas est saisi de l’enquête. Une enquête qui survient dans un moment crucial pour ce flic hors des clous, auquel on reproche son laxisme ou, en tout cas, de fermer les yeux sur les écarts de son équipe. Très vite la piste terroriste ne fait aucun doute. Et le tueur qui agit seul sur un scooter semble avoir pour modèle Mohammed Merah. La chasse à l’homme peut commencer. Un excellent ouvrage bluffant de a à z, écrit par une plume qui vous accroche d’emblée, et qui porte un regard acéré sur la radicalité.

‘Crimes et mystères de France’, de Paul El Kharrat chez HarperCollins

De la Provence aux Hauts-de-France, des Alpes à la Bretagne, l’histoire de chaque région française recèle des affaires criminelles et de sombres faits divers nimbés de mystères. Passionné de criminologie et d’Histoire, Paul El Karrat, l’homme des ‘Douze coups de midi’ ou des ‘Grosses têtes’, nous raconte, depuis les guerres d religion jusqu’au XXe siècle, le destin tragique de personnages illustres et d’inconnus énigmatiques. En brossant ces portraits, il dessine une carte de France où se côtoient monstres sanguinaires, empoisonneuses désespérées et victimes d’erreurs judiciaires. Quarante récits à travers lesquels aucune région ne sera épargnée. Un ouvrage où notre homme conjugue avec grand savoir-faire, Histoire et grande diversité de meurtres.

‘Exécution’, de Pascal Marmet chez Mini+

Branle-bas de combat au 36 quai des Orfèvres. Un avocat renommé est assassiné dans les sous-sols du Palais de Justice. Travaillant sous les ordres d’une pénible chef divisionnaire surnommée ‘Mademoiselle Maigret’, le commandant François Chanel mène l’enquête dans les eaux troubles des goûts pervers du ténor du barreau. Qu’est-ce que l’homme de loi aux appétences glauques a affaire avec le sublime personnage d’un roman de XIXe siècle, Madame Bovary, et une femme asociale aux tentations terroristes ?   Jusqu’à la résolution finale où se mêlent réel et magie, le cocktail des protagonistes du Palais de Justice et du 36 quai des Orfèvres exprime toute l’étrangeté du monde criminel. Vous aimez les Maigret ? Alors, rejoignez au plus vite le commandant Chanel.

‘Commandant François Chanel’, de Pascal Marmet chez M+

Un écorché vif d’à peine 18 ans se retrouve malgré lui au cœur d’une affaire criminelle dont, sans le savoir, il a été le témoin. De plus, absolumenttout concourt à accuser ce gamin crédule du meurtre d’une riche propriétaire, collectionneuse d’objets occultes et femme d’un ex-préfet assassiné quelques mois plus tôt sur les quais de la Seine. Au point qu’on se demande désormais si ces deux meurtres sont liés. Il faudra tout le talent du commandant François Chanel pour réussir à confondre le vrai auteur de ce crime sordide. Dans ce polar ‘à la Maigret’ habillé d’un brin d’humour à ne rater sous aucun prétexte, l’auteur nous plonge à nouveau dans la singularité de l’ex-brigade criminelle du 36 quai des Orfèvres, désormais logée rue Bastion à Paris.

ROMANS POUR TOUS LES GOÛTS

‘Et moi, je me contentais de t’aimer’, de Rosella Postorino chez Albin Michel 

Sarajevo 1992. Omar, dix ans, passe ses journées à attendre le retour de sa mère. Seule, Nada parvient à l’apaiser en lui tenant la main. Nada dont le frère Ivo est mobilisé. Pour les éloigner de la guerre, un bus humanitaire les emmène en Italie. Mais se posent ces questions : si la mère d’Omar est toujours vivante, comment va-t-elle les retrouver ? Et si Ivo mourait au combat ? En Italie, entre instituts et familles d’accueil, chacun, sans le savoir, rompt peu à peu le lien avec sa naissance en ouvrant une nouvelle page de vie. Car le prix à payer pour la paix retrouvée est la perte irréversible de l’amour originel. Sauf à se jurer fidélité en tissant un lien qui sera leur salut. Une magnifique évocation de l’innocence et de la perte de ses racines.

‘Une famille française’, de Christian Signol chez Albin Michel

Antoine est né début 1950 dans une famille de paysans. Destiné aux travaux des champs, il passe sa vie dans des livres et aspire à d’autres horizons. Sa mère réussit à convaincre son père de l’envoyer aux études, tandis que son frère François prendra la relève à la ferme. Si François perpétue les traditions, Antoine, devenu professeur, fonde avec Mathilde un foyer à Paris. Là, le couple est témoin de l’évolution des mœurs et des changements. Chose à laquelle s’acclimatent leurs enfants dont l’un deviendra dirigeant d’une société, et l’autre cardiologue. Mais sauront-ils rester soudés autour des valeurs dont ils sont les héritiers ? Via trois générations unies, l’auteur démontre son art de mettre en exergue et de stimuler les liens familiaux.

‘Et c’est ainsi que nous vivrons’,  de Douglas Kennedy chez Belfond 

2045. Depuis 12 ans, les États-Unis n’existent plus. Une nouvelle guerre de Sécession a redessiné ses frontières. Sur les côtes Est et Ouest, une République où la liberté de mœurs est totale, mais la surveillance constante. Dans les États du Centre, une Confédération où divorce, avortement ou changement de sexe sont interdits. Les valeurs chrétiennes y font la loi. Les deux blocs sont face à face, chacun redoutant une infiltration de l’autre. Agente des services secrets de la République, Samantha Stengel, femme de sang-froid, s’apprête à passer la frontière d’un des États confédérés des plus drastiques, car elle est sur les traces d’une cible aussi dangereuse qu’imprévisible. Un futur brûlant d’actualité de notre monde, que l’on souhaite de ne jamais connaître. 

‘L’homme du café Kranzler’, de Michel Goujon chez City

Andreas, brillant journaliste sportif, et Magdalena, son épouse, sont pris dans la tourmente de l’histoire : l’Allemagne de 1936. Celle des Jeux olympiques, des lois raciales, de la mise au pas du pays, et de l’intensification de la traque aux opposants. Au sein du couple, la révolution nationale a fait son travail de sape. Le lien qui l’unissait n’est plus qu’un fil ténu auquel sont accrochés des souvenirs nostalgiques. À leurs divergences de vues sur le ‘grand bouleversement’ s’est ajoutée la stérilité de leur union. De plus, depuis des mois et à leur insu, ils sont surveillés par les sbires du pouvoir. L’étau se resserre. On va leur tendre un piège diabolique. Un roman au rythme soutenu, sortant vraiment de l’ordinaire. Vous allez adorer !

‘Après toi’, de Camille Gallard chez City

Il suffit d’un instant pour que la vie bascule. Un jour, à bord de sa voiture, Claude est percuté par un chauffard. Chloé se retrouve veuve, obligée d’élever seule ses deux enfants. Même s’il n’est plus là et qu’il ne peut l’entendre, la jeune femme parle tous les jours à son mari. Peu à peu, elle reprend goût à la vie, et ce jusqu’au jour où elle reçoit une lettre posthume de Claude. Lettre qu’elle aurait préféré ne jamais lire. Dévastée, Chloé comprend alors que leur vie n’était que mensonges, trahisons et secrets. Dans cette épreuve, Chloé va pouvoir compter sur l’amitié inattendue de sa belle-sœur et l’énergie débordante de sa voisine. De quoi essayer de réparer le passé. Un roman tendre et optimiste dédié à la reconstruction et à l’amour de la vie.

‘Et que chacun se mette à chanter’, de Jessica Cymerman chez Nami

Éternelle amoureuse de chanteurs décédés, Éliette n’a toujours été que la fille de ses parents sans jamais construire sa propre vie. À 73 ans, alors que ceux-ci ont depuis longtemps rejoint ses idoles, les fantômes de Lennon, d’Elvis, de Cloclo ou de Mike Brant sont ses seuls confidents. Jusqu’au jour où elle tombe sur une publicité pour des séances de karaoké thérapie. Ce sera là qu’Éliette va rencontrer Élisa, Vincent, Pierre et leur mystérieuse coach Valérie-Anne. Ils n’ont en commun que leur amour de la musique et le besoin viscéral d’être écoutés. Mais peut-être trouveront-ils dans cette aventure musicale, l’occasion de faire redémarrer leurs vies. Émouvant, tendre et cocasse, porté par des personnages décalés, partez vers l’émerveillement.

‘Madame Grise s’est levée au milieu de la nuit’, de Pierre Pelot aux Presses de la Cité

Qu’il vagabonde entre les mots et les sensations, qu’il nous fasse rire ou qu’il nous mette l’eau à la bouche, l’auteur nous offre une compilation de recueils à déguster, à picorer, à méditer, dans une langue virevoltante et orfévrée. Ainsi vous découvrirez deux petits recueils majeurs : ‘Petit éloge des saisons’, dont le fil conducteur est le passage des saisons dans un style mêlant lyrisme et humour, et ’La Croque buissonnière’, un recueil gourmand tout autant que réminiscences enfantines. En fait, ce fort volume de quelque 380 pages, comprend plusieurs recueils dont certains ont déjà édités, mais qui sont aujourd’hui épuisés, mais également des inédits comme ‘Histoires au vent gentil’ ou ‘Les loups’. Un florilège de textes merveilleux en tout genre.

‘L’affaire Mitford’, de Marie Benedict aux Presses de la Cité

Issues de la vieille noblesse anglaise, les sœurs Mitford règnent sur le Londres de l’entre-deux-guerres. Belles, intelligentes, excentriques, elles passent de bals en cocktails, entourées d’une cour d’admirateurs. Mais les années 1930 vont sonner le glas de l’insouciance lorsque la crise économique précipite la ruine de leurs parents. Diana crée bientôt le scandale en divorçant pour devenir la maîtresse du sulfureux Oswald Mosley, chef de file du fascisme britannique. Partie étudier en Allemagne, l’impulsive Unity parvient à gagner l’amitié de son idole, un certain Adolf Hitler. Quant à Nancy, voyant le poison du nazisme contaminer sa famille, elle se rapproche de son cousin Winston Churchill… Un récit superbement et savamment conté.

‘Pauvre folle’, de Chloé Delaume au Seuil

Pour comprendre la nature de sa relation avec Guillaume, Clotilde Mélisse, le temps d’un voyage en train direction Heidelberg, observe les souvenirs qu’elle sort de sa tête. Tandis que par la fenêtre défilent des paysages de fin du monde, elle revient sur les événements saillants de son existence. La découverte de la poésie dans la bibliothèque maternelle. Le féminicide parental. L’adolescence et ses pulsions suicidaires. Le diagnostic posé par sa bipolarité. Sa rencontre, dix ans plus tôt, avec Guillaume. Leur lien épistolaire qui tenait de l’addiction. L’implosion de leur idylle au contact du réel. Mais Guillaume est revenu, et depuis 17 mois Clotilde perd la raison. Un roman qui se présente comme une ode à la littérature et au pouvoir des mots.

‘Tes pas dans l’escalier’, d’Antonio Muños Molina au Seuil

À Lisbonne, un homme attend la femme qu’il aime. Il a quitté New York avant elle afin d’arranger l’appartement qu’ils ont acheté. Il profite du climat et de la tranquillité du quartier. Il pense au moindre détail, imagine les rituels qui rythmeront leur nouvelle vie. Tout est pour lui source infinie de plaisir. Pourtant, un sentiment diffus l’accompagne, une forme de confusion qu’il ne parvient pas à éclaircir. Est-ce la similarité entre les deux villes, les deux appartements, la présence d’une menace sourde impossible à identifier ? Voilà certes un huis clos intense, pétri d’élégance, original, surprenant et brillant tout à la fois, qui traite subtilement des difficultés de la vie. Cela à travers les méandres de la mémoire, de la raison et de la peur. 

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