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« Marie Laurencin, la féerie »

par Charles Demoulin

17 mai 2020

En cette période où les musées ont dû fermer leurs portes – confinement oblige – je vous propose de faire la connaissance d’une femme peintre qui, tout au début du XXe siècle, a su s’imposer dans un monde essentiellement masculin, fait de peintres et d’hommes de lettres. Cela à tel point qu’elle se trouva vite adoptée par des personnes tels Picasso, Braque ou encore Apollinaire, ce poète, écrivain et critique d’art à qui elle accordera longtemps ses faveurs, et dont elle devint véritablement la muse.

C’est via la plume hyper documentée d’Isaure de Saint Pierre publiée chez Albin Michel, que nous allons découvrir la vie tumultueuse de celle qui devint, notamment, la portraitiste du milieu mondain féminin de l’époque. Grâce à Braque, elle fera la connaissance de tous ces artistes, masculins il est vrai, qui fréquentent le Bateau-Lavoir.

Cet atelier perché sur la butte Montmartre depuis 1892, et qui a vu passer en ces murs des noms comme Picasso, Apollinaire, Modigliani, Matisse, Cocteau… Une véritable institution ayant profondément marqué l’Histoire de l’Art. Et Marie Laurencin de devenir l’amie de tous ces grands noms. Si elle fut l’amante passionnée de Guillaume Apollinaire et d’Henri-Pierre Roché, qui s’inspira d’elle pour son roman ‘Jules et Jim’, elle fut également attirée par des femmes, dont la styliste Nicole Groult. Qu’importait pour elle de faire scandale ! Fantasque, éprise de beauté et de créativité, Marie Laurencin, sensible au fauvisme, mais fortement influencée par le cubisme fut surnommée la ‘Dame du Cubisme’. Un mouvement à travers lequel elle apporta toutefois une touche de féminité.

Et à propos de féminité, elle reçut très souvent dans son atelier des personnalités de l’époque au nom évocateur : Coco Chanel, Marguerite Duras, Marguerite Yourcenar. À travers sa vie et ses amours se dessine la révolution de l’Art, de la littérature et du théâtre du siècle dernier. C’est dans la vie, et surtout dans l’intimité de cette femme libre, qu’Isaure de Saint Pierre nous plonge ici.

Une femme qui, morte à Paris en juin 1956 à l’âge de 72 ans, repose, et cela selon ses dernières volontés, au cimetière du Père-Lachaise dans une robe blanche et tenant à la main une lettre d’amour signée Guillaume Apollinaire. Que de poésie !

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