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« La vie contrariée de Louise »

par Charles Demoulin

24 mai 2020

Paru en 2012 chez Héloïse d’Ormesson, cet ouvrage que signe Corinne Royer nous revient en format de poche chez Babel. Mais avant d’aborder la lecture de ce récit romancé, il convient de préciser que certains personnages qui y figurent ont réellement existé. C’est vrai que le petit village français de Chambon-sur-Lignon, centre névralgique de cette histoire, a abrité durant la Seconde Guerre mondiale, nombre d’enfants juifs. Cela tout en étant un haut lieu de la résistance.

C’est dans ce petit coin situé aux confins de la Haute-Loire et de l’Ardèche que débarque, venu des États-Unis, James Nicholson. L’homme a appris de son père mourant qu’il avait une grand-mère qui vivait en France, et qu’elle se prénommait Louise. Du coup, James décide d’entreprendre le voyage afin de la rencontrer. Malheureusement, c’est trop tard. Louise vient de s’éteindre dans la maison de retraite qui l’hébergeait depuis quelque temps déjà. Le seul objet qu’elle lui a laissé, c’est son journal intime.

Feuilletant ce manuscrit avec Nina, serveuse dans l’hôtel où il séjourne, l’Américain découvre un épisode remontant aux années 1940-1945. Un récit assez glaçant et qu’il décide d’approfondir. Et de prolonger dès lors son séjour afin d’investiguer. Vient alors pour le lecteur, un récit alternant passé et présent. Et même si Corinne Royer se montre d’une belle aisance dans ce petit jour de sauts-de-mouton, il faudra parfois passer par l’une ou l’autre petite longueur descriptive, mais aussi par des moments assez durs.

Mais que l’histoire est belle avec cette Louise qui tente de sauver des enfants juifs, mais qui se prend malheureusement les pieds dans les consignes. Une Louise amoureuse d’un soldat allemand, au grand dam d’un père résistant… Bref un bon livre évoquant le manque de compréhension et de communication entre les humains, mais également un roman ‘de mémoire’, avec nombre de ramifications secondaires où il est question d’amour, de haine, d’acceptation de soi et de pardon. Un ouvrage qui aurait très bien pu se conjuguer à l’heure d’aujourd’hui.