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Fil Rose : Caroline Dehan, la danse-thérapie pour libérer les mots et les maux

par Elodie Lambion

25 octobre 2023

La danse ayant été une alliée pour elle face aux épreuves de la vie, il y a quelques années, Caroline Dehan décide de conjuguer danse et soins en se formant à la danse-thérapie. Méthode qui la fait vibrer, qu’elle veille à partager, en ce mois d’Octobre Rose, elle a accepté de se livrer à Janette sur ses séances libérant les mots et les maux. Un témoignage lumineux !

Vous l’avez certainement reconnue : Caroline n’est pas uniquement notre mannequin de ce numéro spécial ‘Octobre Rose’, elle est avant tout professeure de danse-thérapie dans la Grande Région, notamment à Esch-sur-Alzette, dans la salle Gutenkauf, où elle donne des cours un dimanche par mois. Par le biais de la danse, qu’il s’agisse d’un accompagnement individuel ou d’une séance collective, elle aide de nombreuses femmes à se libérer des maux, à libérer les mots, notamment ceux liés au cancer du sein. Le Fil Rose de Janette se poursuit avec son témoignage rempli de bienveillance, de respect et d’amour.

« Quand elles se connectent à leur âme, à leur cœur, c’est merveilleux, c’est comparable à un spectacle où chacune danse sa mélodie intérieure. Cela amène de la joie, de l’apaisement.« 

Caroline Dehan

Travaillant auparavant dans la communication à Paris, je suis devenue professeure de danse-thérapie en octobre 2021, après avoir suivi une formation reconnue par l’État. Passionnée par la danse latine, je ne souhaitais pas devenir professeure de danse, je voulais vraiment accompagner les autres, les aider, les soulager. Dans la danse-thérapie, il n’y a ni recherche esthétique ni performance. Je n’impose aucune chorégraphie, car les mouvements sont instinctifs, parfois doux, quelquefois plus forts, ils se font naturellement pour se reconnecter à son corps, pour permettre de faire la paix avec lui.

« Chaque femme fait ce qui est juste pour elle. »

Régulièrement, j’organise, en collaboration avec l’association ‘Les Dames de Coeur’ basée à Thionville, des séances pour les femmes qui luttent contre un cancer du sein. Lors de celles-ci, chaque femme se saisit des propositions selon ce qui est juste pour elle et à sa manière. Par exemple, si les mouvements du bras sont limités à cause de l’opération qu’elle a subie, elle ne force pas, elle danse en écoutant son corps. De même si elle se sent fatiguée, elle est libre de s’asseoir. Ensemble, nous trouvons toujours des mouvements et des postures adaptés.

« Chacune se rend compte qu’elle n’est pas seule à vivre ce combat. »

Le cancer impactant énormément le corps et l’esprit, le fait de se connecter à son corps, à son coeur et d’en prendre soin amène peu à peu de l’apaisement. Comme la séance a lieu en groupe (maximum 10 personnes), chaque femme se reconnecte également à l’autre, aux autres. Chacune se rend compte qu’elle n’est pas seule à vivre ce combat, à devoir affronter de telles épreuves. Danser ensemble devient un moment de connexion, où chacune a la possibilité de contacter sa force, son énergie, et celles des autres. 

« C’est comme un spectacle, leur confiance est un cadeau qu’elles m’offrent à chaque fois. »

Lors de la première séance, c’est vrai qu’il y a souvent des peurs comme celle de ne pas y arriver, des barrières telles que le regard des autres, elles se disent qu’elles ne savent pas danser puis au fur et à mesure de la séance, elles se laissent aller, elles se laissent danser et c’est merveilleux, c’est comme un spectacle, leur confiance est un cadeau qu’elles m’offrent à chaque fois. Toutes les émotions sont accueillies : elles peuvent danser en ressentant de la colère, de la tristesse, de la peur,… Généralement, je m’aperçois qu’elles n’ont pas les mots pour exprimer leur ressenti et qu’elles évacuent celui-ci en dansant. Le corps retient toutes les blessures. Les danser permet de trouver un chemin pour les accueillir, les accepter et parfois même les transformer en lumière, en douceur. Je précise également que la danse-thérapie ne remplace pas une séance psy, mais est très complémentaire à celle-ci. 

« Le fait de se livrer sur celui-ci, cela peut faire écho auprès d’autres femmes qui, à leur tour, vont s’autoriser à évacuer leurs pensées, leurs émotions. »

Pour moi, c’est essentiel que chaque femme luttant contre un cancer du sein soit accueillie en tant que femme, et non en tant que malade. La maladie fait qu’elles ont souvent le sentiment d’être mises dans la case « malades » et de ne jamais en sortir. Je tiens évidemment compte de leur maladie, mais je veille à les accueillir en tant que personne avant tout.

Chaque séance débute par quelques minutes de méditation. Je les invite à fermer les yeux et nous prenons un temps pour respirer : cela permet d’entrer pleinement dans la séance et dans l’écoute de son corps, pour ensuite prendre conscience de ses mouvements.

Ensuite, nous dansons durant une heure. La dernière demi-heure est consacrée à un cercle de parole. C’est un espace pour extérioriser, déposer quelque chose dans la pièce avant de continuer sa journée si besoin. Souvent, cet instant permet de mettre des mots sur son ressenti. Le fait de se livrer sur celui-ci, cela peut faire écho auprès d’autres femmes qui, à leur tour, vont s’autoriser à évacuer leurs pensées, leurs émotions. Parfois, les larmes de l’une d’entre elles s’accompagnent de celles d’une autre. À la fin de chaque séance, je les remercie pour leur confiance, car elles se lâchent, se libèrent. C’est tellement beau !

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