par Vanessa Schmitz-Grucker
1 juin 2020
Que celle qui n’a jamais pratiqué le commérage lève la main ! Mais d’où nous vient cette habitude, à nous les femmes, de nous critiquer, de nous comparer, de rivaliser ? C’est la question qui a taraudé l’actrice suisse, Charlotte Gabris, pour notre plus grand bonheur puisqu’elle en a tiré un livre aussi inspirant qu’hilarant: « Déjeuner en paix ».
Charlotte Gabris, vous êtes Suisse et vous cartonnez dans le monde francophone à l’écran, sur les planches et maintenant en librairie. Mais avez-vous déjà eu des contacts avec le public luxembourgeois ?
C G: J’adore votre question car on ne me l’a jamais posée ! Seulement, je n’en ai pas encore eu l’occasion, pourtant j’adorerais. Mais rassurez-vous, je passe souvent par le Luxembourg pour aller voir ma famille à Trèves.
Pouvez-nous nous parler de votre enfance en Suisse. Etiez-vous plutôt attirée par l’humour, l’écriture, la comédie ?
C G: J’ai eu une très belle enfance avec une qualité de vie magique, au bord du lac l’été et au ski l’hiver. Le tout avec beaucoup de montagne et de fromage… Voilà, pas du tout dans le cliché suisse (rires). J’étais déjà attirée par le fait de pouvoir jouer d’autres personnes et par l’humour aussi. C’est tellement important le second degré dans la vie, comme le recul sur les choses ! J’aimais aussi écrire des histoires que je lisais à ma famille, à mes copines. J’aime la liberté de l’écriture et grâce à elle, j’ai pu faire de très beaux projets notamment au théâtre au côté de Vincent Desagnat.
Votre livre « Déjeuner en paix » est sorti cette année aux éditions Le Cherche-Midi. Dans ce roman, comme dans vos spectacles, vous vous amusez des rivalités féminines. Avez-vous vous-même été victime de la jalousie entre femmes, voire l’avez-vous pratiquée ? Racontez-nous vos anecdotes !
C G: Au-delà de m’amuser, c’est un sujet qui me travaille. Nous sommes solidaires pour beaucoup de choses entre nous, mais nous manquons parfois de bienveillance immédiate. Il m’arrive moi-même d’être jalouse, ou de penser bêtement que telle femme a une vie beaucoup plus simple que la mienne, ou qu’une autre est beaucoup plus belle, ou plus, plus, plus… Bref, ça ne s’arrête jamais. Mais le fait d’envier les autres révèle aussi un manque de confiance personnel. J’ai eu envie, et besoin surtout, d’écrire ce livre pour dire aux femmes que je les aime, pour les faire rire, pour qu’elles se reconnaissent dans certains moments, et aussi pour parler du passage à l’âge adulte, de la pression que nous subissons, et du droit de pouvoir simplement déjeuner en paix, sans regarder les autres, sans subir un jugement : foutez-nous la paix et surtout foutons-nous la paix !
Qu’est-ce qui vous énerve le plus quand vous voulez déjeuner en paix ?
Cet auto-jugement qui me dit : « Mais je déjeune seule, les gens doivent se dire que je n’ai pas d’amis ? ». Certains serveurs qui donnent une table mal placée pour garder les bonnes tables pour les groupes, comme si la solitude ne pouvait pas être désirée ! Et puis, parfois, je veux tellement profiter de cet instant de calme que, du coup, je ne profite pas parce que je me mets la pression pour en profiter…
Avez-vous écrit ce livre pour nous faire rire ou nous faire prendre conscience qu’il faut changer quelque chose dans nos rapports entre femmes ?
C G: Je pense que nous pouvons être féministe de plusieurs façons. Et la bienveillance se doit d’être à la mode aujourd’hui. Personnellement, je suis toujours du côté des femmes. S’il arrive quelque chose à une femme mon premier réflexe est, et sera toujours, de la croire. Je souris toujours quand je rencontre une femme pour la première fois : je ne supporte pas le côté distant voire méfiant que certaines femmes peuvent avoir entre elles parfois. Nous sommes plus fortes ensemble. Être féministe, pour moi, passe avant tout par la bienveillance envers mes soeurs, par le fait de réagir quand j’entends un homme faire un commentaire sexiste sur une femme, donner un coup de main dès que je peux pour qu’une femme réussisse, bref, plus de bienveillance, de chaleur, plus de solidarité.
Cette année, vous êtes également à l’affiche du film de Michaël Youn, « Divorce Club ». Le mariage, le divorce, ce sont des choses par lesquelles vous vous sentez concernée ?
C G: Le mariage ? Totalement puisque je vais me marier, chose qui me semble dingue ! Nous sommes en pleins préparatifs, je dis des choses que je n’aurais jamais pensé dire de ma vie : « Oui, les verrines c’est super, mais du coup pour les mises en bouche, on fait quoi ? » ou encore « Ouais, c’est champêtre, ouais ! » Et le divorce, du coup, ça peut me faire peur, mais à la fois, je trouve ça plutôt sain d’avoir conscience que chaque chose peut se finir, que rien n’est acquis. J’ai toujours cru que l’amour était compliqué et que l’amitié, en revanche, c’était pour toujours. Mais avec le temps, on se rend compte qu’on peut aussi se séparer en amitié. En résumé : autant profiter à fond de chaque moment, on ne sait pas quand ça s’arrête !
Charlotte Gabris, le dimanche matin ou un jour de repos, elle ressemble à quoi, elle fait quoi ?
C G: Le dimanche matin, enfin tous les matins en fait, je promène mon chien : j’enfile alors une doudoune par dessus mon pyjama et je prie très fort pour ne croiser personne. Puis, j’évolue dans la journée : petit à petit j’ai un legging, puis des chaussettes, puis j’ai pris une douche…. Pour finalement traîner en peignoir ! Quand je suis en jour de repos, souvent j’angoisse en me disant qu’il faudrait que je bosse. Si je n’angoisse pas, je vais me balader dans les Batignolles, je lis beaucoup, je vais au cinéma la journée, et je déjeune avec mes copines. Je mange aussi, j’adore manger et j’adore cuisiner pour mon amoureux.
Actualité :« Déjeuner en paix », aux éditions du Cherche-Midi.En librairie depuis le 16 janvier 2020.
Photo: Charlotte Szczepaniak
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