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« Certains cœurs lâchent pour trois fois rien »

par Charles Demoulin

14 mars 2021

Huit dépressions. Une dizaine de tentatives de suicide. Une enfance chahutée. Une jeunesse placée sous le signe de l’alcool, de la drogue, du sexe. Un premier passage à l’hôpital psychiatrique. Puis d’autres… Tout cela, ce remarquable alchimiste de l’écriture qu’est Gilles Paris nous le livre de façon sensible et courageuse, dans un neuvième ouvrage paru chez Flammarion.

Comme nombre de personnes ayant lu l’un ou l’autre de ses romans, dont notamment ‘L’Autobiographie d’une courgette’ qui connut les honneurs de l’adaptation cinématographique césarisée qui plus est, télévisuelle et bédéistique, je savais que Gilles Paris était une personne érudite ayant connu dans sa vie, souffrance, désespoir, abandon. Mais je n’imaginais pas les choses à ce point. En fait, je le voyais à présent comme un homme à la trajectoire toute tracée, bien dans son couple avec Laurent, bien dans son rôle d’écrivain reconnu, bien dans sa fonction d’attaché de presse pour diverses maisons d’édition. Que nenni ! Pour l’instant, si notre homme à une énième fois refait surface, si comme lui disent de nombreux amis il a tout pour être heureux, il explique qu’il a toujours au-dessus de la tête une épée de Damoclès, et que la vie lui a appris à ne jamais dire… jamais. 

Et pourtant, ce nouveau livre qu’il nous propose ici, un ouvrage empreint de courage, de sensibilité et de force, n’entend pas jouer sur notre corde sensible ni baigner dans le pathos. Sans vouloir nullement conseiller, son texte est avant tout une tentative personnelle pour espérer comprendre cette sorte de mal-être récurrent qui accapare soudain tout son être, et tente de l’éloigner de ce bonheur qui est pourtant bien installé dans sa maison. D’où ce récit écrit à la première personne, et où il cesse de se cacher derrière les personnages de fiction qu’il mettait en scène. Aujourd’hui, c’est de lui qu’il parle sans fard.

À le lire, notre souhait est que l’énorme courage qu’il affiche dans ces pages, ajouté au fait de savoir que, comme il le dit, on se reconstruit seul malgré le soutien de siens, lui permette enfin de s’installer à jamais dans la lumière de cette vie qu’il aime profondément. Même s’il sait qu’il ne faut jamais dire, jamais !