par Salomé Jeko
25 novembre 2021
De plus en plus de couples doivent recourir à la procréation médicalement assistée (PMA) pour avoir un enfant. Une baisse de la fécondité engendrée par une baisse de la fertilité résultant de différents facteurs.
Aujourd’hui, au Luxembourg (comme dans le reste des pays industrialisés) l’infertilité est en hausse: 12 à 15% des couples n’arrivent pas à concevoir de bébé et depuis 2006, on recense plus d’un millier de bébés nés suite à une fécondation in vitro (FIV)*. La FIV reproduit en laboratoire la fécondation, autrement dit la rencontre entre un ovocyte et un spermatozoïde, qui se passe normalement de façon naturelle dans l’utérus de la femme, ainsi que les premières étapes du développement embryonnaire.
«Après deux fausses couches, on a décidé de faire un examen de fertilité. J’arrivais à tomber enceinte, mais le bébé ne tenait pas. J’ai subi une stimulation hormonale dans une clinique à Trèves, où l’on me garantissait 80% de réussite et où les délais étaient moins longs qu’au Luxembourg, raconte Tania, 33 ans, aujourd’hui maman d’un petit Noah. J’ai dû m’injecter des hormones tous les jours pendant un mois matin et soir et prendre des pilules. Ensuite on m’a ponctionné des ovules sous anesthésie et ils ont été fécondés en laboratoire avec le sperme de mon partenaire. Quelques jours après, ils ont été implantés dans mon utérus. S’en sont suivies deux longues semaines d’attente pour savoir si ça avait marché ». Généralement, deux embryons minimum sont transférés dans l’utérus de la femme: démarre alors une interminable attente pour les couples, le temps que le ou les embryons se nichent dans l’endomètre afin de s’y développer. Au bout de quelques jours, un test de grossesse est effectué afin de savoir si les embryons se sont révélés viables. En cas de résultat positif, la grossesse suit alors son cours. Si les grossesses naturelles donnent lieu, statistiquement, à environ 10 naissances multiples pour 1000 naissances, avec la procréation médicalement assistée (PMA) et l’implantation de plusieurs embryons dans l’utérus, jusqu’à une naissance sur cinq peut être multiple. Aussi, depuis 1970, le nombre de jumeaux a augmenté de 176,2% au Luxembourg. Un phénomène que l’on retrouve dans de nombreux pays et qui témoignent de ce recours de plus en plus fréquent à la PMA.
Une question d’âge mais aussi de mode de vie
Comment expliquer ces problèmes que rencontrent beaucoup de couples pour procréer naturellement? Au-delà les raisons médicales qui peuvent empêcher le démarrage ou le bon déroulement d’une grossesse, beaucoup de facteurs tendent aujourd’hui à nuire à la fertilité des couples. Une des premières causes fréquemment nommées est l’âge de la première grossesse, qui ne cesse d’être repoussé. Les Luxembourgeoises sont les troisièmes mamans les plus âgées d’Europe, derrière les Italiennes et les Espagnoles.** 49,9% d’entre elles donnent naissance à leur premier enfant entre 30 et 39 ans, et 3,8% après 40 ans.
La femme n’est bien évidemment pas la seule «en cause» dans un problème de fertilité: l’homme est par exemple à l’origine de 40% des fausses couches. Des études montrent que la qualité du sperme a nettement diminué au cours des dernières décennies. Tabac, drogues, mauvaise hygiène de vie, surpoids ou anorexie, prise de certains médicaments, stress trop élevé, sport intensif, influences environnementales dont l’exposition à des perturbateurs endocriniens ou même traumatismes: les causes de l’infertilité sont nombreuses et variées. Aussi, les couples sont souvent accompagnés par différents spécialistes, gynécologues bien sûr, mais également psychologues, nutritionnistes, sexologues, sophrologues ou encore naturopathes.
Ainsi abordée, la thématique de l’infertilité est devenue ces dernières années un véritable sujet de santé publique, davantage médiatisé et démocratisé. De quoi lever le tabou qui perdurait durant des décennies, mais aussi de quoi déculpabiliser les femmes, trop souvent et à tort considérées comme les responsables. «Cinq couples dans mon entourage ont vécu le même parcours, mais beaucoup sont gênés d’en parler. Pareil pour la fausse couche, je crois que c’est encore assez tabou, surtout ici au Luxembourg. Quand on passait la frontière, durant le confinement, pour aller à nos rendez-vous médicaux à Trèves, les policiers nous disaient qu’ils voyaient défiler des dizaines de couples comme nous chaque jour. Il ne faut pas avoir honte de rencontrer des problèmes. Aujourd’hui je suis heureuse et fière d’avoir réussi, d’avoir tenu bon malgré nos difficultés et d’avoir eu mon bébé», confie Tania.
PMA: un coach pour aider les couples
Certains couples choisissent d’être encadrés par un coach durant leur parcours PMA. Ce genre de service permet de recourir à une aide et une écoute tant sur le plan psychologique que nutritionnel ou physiologique. En plus de guider les couples et de répondre à leurs problèmes quotidiens, le large spectre de services et de connaissances dont dispose le coach peut permettre d’expliquer les termes du jargon médical et l’enjeu de certains rendez-vous techniques qui peuvent être compliqués à comprendre et à assimiler.
*Statec
**Eurostat
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