« Madame, mir hunn Iech gär ! »

(« Madame, nous vous aimons ! ») : cette phrase inscrite sur le piédestal de la statue de la grande-duchesse Charlotte (du sculpteur Jean Cardot), place de Clairefontaine à Luxembourg, témoigne de l’amour des Luxembourgeois envers celle que la plupart ont considéré comme mère de la patrie, mère des soldats et de tout un peuple, durant la Seconde guerre mondiale. La grande-duchesse Charlotte a profondément marqué l’histoire de son pays au cours d’un règne particulièrement mouvementé.

Née le 23 janvier 1896 au château de Berg, la princesse Charlotte est le second enfant du prince héritier Guillaume (qui deviendra Guillaume IV) et de Marie-Anne de Bragance, infante du Portugal. Sa sœur aînée, Marie-Adélaïde, a accédé au trône du Grand-Duché dès ses 18 ans. Six ans plus tard, en 1919, elle est contrainte d’abdiquer dans un contexte politique et économique d’après-guerre particulièrement délétère. Sa sœur cadette, la grande-duchesse Charlotte, lui succède, à l’aube de ses 23 ans. « Notre peuple a toujours eu, avec l’amour de ses traditions nationales, le culte de la justice et de la liberté », déclare-t-elle lors de son accession au trône. « (…) Je vivrai la vie de mon peuple dont je ne veux être séparée par aucune barrière. Je partagerai ses joies et ses souffrances. »

« LÉIF LËTZEBUERGER »

Lors de l’invasion nazie, en 1940, la Grande-Duchesse décide de quitter son pays afin d’aller chercher des soutiens à l’étranger. Un choix difficile, mais qui porte ses fruits, puisqu’elle exerce une influence certaine sur le président des États-Unis, F. D. Roosevelt, qui s’allie à l’Europe pour repousser l’envahisseur nazi.

Après les États-Unis, elle rejoint l’Angleterre, d’où elle soutient la Résistance luxembourgeoise sur les ondes de la BBC, depuis Londres. Chaque jour, elle s’adresse à ses compatriotes, luttant contre le joug nazi, avec ces mots : « Léif Lëtzebuerger » et des messages d’espoir. Nombreux étaient ceux qui portaient sur eux une photo de leur Grande-Duchesse durant l’Occupation. Icône de la Résistance luxembourgeoise autant que figure maternelle pour son pays, elle incarnait l’espoir de la liberté et l’affirmation de l’identité luxembourgeoise, alors que le Grand-Duché avait été annexé par l’Allemagne en 1942.

Lors de son retour au Grand-Duché, le 14 avril 1945, elle reçoit un accueil triomphal. Elle abdiquera en 1964, cédant le trône à son fils aîné Jean, Grand-Duc héritier et père du grand-duc Henri.

La popularité de la grande-duchesse Charlotte reste immense au Luxembourg. Elle est parvenue à regagner la confiance d’un peuple en proie au doute envers la monarchie durant l’entre-deux-guerres, puis a grandement contribué à galvaniser la Résistance durant la guerre. Mère de six enfants, la grande-duchesse Charlotte avait épousé le prince Felix de Bourbon-Parme, son cousin germain de nationalité autrichienne, en 1919. Après avoir abdiqué, elle s’est retirée au château de Fischbach, où elle a vécu jusqu’à sa mort, le 9 juillet 1985, à l’âge de 89 ans.

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Si vous souhaitez en savoir davantage sur la grande-duchesse Charlotte, nous vous recommandons « Léif Lëtzebuerger… Charlotte : A Royal at War », documentaire de Ray Tostevin (2008).

« Secrets d’Histoire, spécial grande-duchesse Charlotte de Luxembourg », présenté par Stéphane Bern (2014), disponible en podcast sur Spotify, en streaming sur certaines plateformes (avec abonnement).