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Nouveau : ‘Papillon Noir’, chez Gallimard, mais aussi…

par Charles Demoulin

22 décembre 2024

‘Papillon Noir’ est une nouvelle collection créée et dirigée par Benjamin Lacombe pour les éditions Gallimard. En fait, un espace de création pour adapter de grands textes littéraires en romans graphiques d’exception, brouillant les frontières entre livre-objet, littérature, illustrations et bandes dessinées. Pour son lancement, cette collection revisite trois classiques que, non seulement elle interprète, mais qu’elle métamorphose parfois. Des éditions Gallimard que l’on retrouvera également chez Futuropolis avec ‘Le lion’ de Joseph Kessel’ illustré par Anne Defréville. Des nouveautés auxquelles vous pourriez penser pour les fêtes.

PAPILLON NOIR/GALLIMARD

‘Le portrait de Dorian Gray’, d’Oscar Wilde illustré par Benjamin Lacombe

Sous ce titre se cache le premier ouvrage qui entend aborder sans tabous l’homosexualité. Censuré à deux reprises, ce récit conduira Oscar Wilde en prison. Proposée ici dans sa version intégrale et non expurgée, cette édition exceptionnelle, magistralement illustrée par Benjamin Lacombe et enrichie d’extraits du poème ‘De profundis’, offre un éclairage nouveau sur ce monument de la littérature. Un monument qui, bien qu’écrit au XIXe, résonne avec cette actualité d’aujourd’hui 

Voilà sans nul doute une autre, mais surtout une bien belle manière d’aborder la littérature classique. De quoi aider certains à franchir un pas qu’ils n’osaient pas effectuer. Il faut dire que les illustrations de Lacombe sont à elles seules une merveilleuse invitation à se lancer dans la lecture de ce qui est manifestement un ‘beau livre’, un bel objet de collection. En témoignent sa couverture cartonnée, son dos toilé, ses dorures… et tout le soin apporté à sa présentation.

Il faut savoir que l’ambition de cette nouvelle collection est de proposer des livres qui offriront aux lecteurs des expériences visuelles, sensorielles et intellectuelles inédites. Chaque livre étant conçu comme un objet total où chaque élément contribue à l’expérience du lecteur.

‘Le portrait de Dorian Gray’, d’Oscar Wilde illustré par Benjamin Lacombe

‘Les Sorcières de Venise’, de Sébastien Perez illustré par Marco Mazzoni

Roman d’anticipation et d’exploration graphique, ce bel ouvrage nous entraîne dans une Italie postapocalyptique ravagée par une terrible pandémie dont l’origine de ce mal va renvoyer le lecteur au Moyen Âge, sur une petite île vénitienne devenue le refuge d’une femme sorcière.

Écrite par Sébastien Perez, ce natif de Beauvais en France, spécialiste de contes où se mêlent fantastique, cynisme et humour, sans oublier ses idées fortes qui lui tiennent à cœur comme la tolérance ou encore la mémoire, cette histoire, savamment illustrée par Marco Mazzoni, oscille entre récit initiatique, contemplation onirique et véritable réflexion philosophique sur notre époque. On pense notamment ici, aux effets néfastes de ce patriarcat qui malheureusement traverse le temps et les âges.

Petite surprise dans cet ouvrage : lors d’un moment clé de l’histoire, et cela telle une rupture narrative, le papier va changer. De fait, il va soudain passer à un papier matière à grains, pareil à un fac-similé d’un vieux grimoire ayant appartenu à une sorcière.

‘Les Sorcières de Venise’, de Sébastien Perez illustré par Marco Mazzoni

‘Carmen’, de Prosper Mérimée illustré par Benjamin Lacombe

Voilà certes une réinterprétation symbolique de l’œuvre de Mérimée. Celle-là même qui, plus tard, a donné naissance à cet opéra de Bizet que tout le monde connaît aujourd’hui.

C’est une version qui joue beaucoup de la métaphore et de la mutation de Carmen, ce personnage que l’auteur lui-même avait bien du mal à cerner. C’est vrai que c’est une femme insaisissable. Ce rapport à la transformation on le trouve dans la fabrication avec un livre qui se transforme au gré du récit en passant avec des vernis sélectifs noir sur noir qui laissent apparaître des éléments de la métamorphose du personnage.

Avec le temps, Carmen est devenue un mythe, une icône de la pop culture dont on peut apercevoir l’ombre dans les chansons de Stromae, Lana del Rey, dans des films d’Ernst Lubitsch, Christian-Jacque, Jean-Luc Godard ou Peter Brook, dans des poèmes de Théophile Gautier, ou même sur la devanture de toutes ces villas andalouses qui portent son nom. Carmen, c’est la volonté de Mérimée de raconter l’Espagne et les gitans.

‘Carmen’, de Prosper Mérimée illustré par Benjamin Lacombe

FUTUROPOLIS/GALLIMARD

‘Le lion’ de Joseph Kessel illustré par Anne Defréville

Mieux que des mots à nous, écoutons Anne Defréville nous parler de ce qui l’amena à illustrer ce merveilleux récit que signât ce grand reporter-voyager qu’était Joseph Kessel.

« Il y a deux ans, une proche amie bibliophile qui connaissait ma frustration de n’avoir pas pu me rendre en Afrique pour finir le Journal anthropique de la cause animale en raison du covid me dit : “J’ai relu ‘Le Lion’ de Kessel. Tu dois l’illustrer. Il est pour toi”. Alors je l’ai relu, et je l’ai trouvé fantastique… 35 ans plus tard. Et quand, en mars dernier, j’ai eu la chance de me rendre sur les lieux du récit, au pied du Kilimandjaro, de voir le lion dans son milieu naturel, j’ai mesuré la justesse des mots de Kessel face à cette nature sauvage sublime et anthropopréservée. Aujourd’hui, être une femme qui illustre le texte d’un homme blanc, qui se déroule à l’époque où le Kenya était encore un état colonial de l’Empire britannique, peut sembler marcher sur un terrain glissant. Mais sur ce sujet encore, Kessel transmet son humanisme et sa foi profonde en la nature humaine. » Et Anne Defréville de continuer : « Ç’a été un pur bonheur du début à la fin d’illustrer et de relire sans cesse ‘Le Lion’. J’en reste toujours habitée. Les illustrations sont réalisées avec du café, des pigments naturels et du brou de noix, un peu comme la ‘Manyata Masaï’ est faite de bouse de vache et de cendre. » 

Qu’ajouter à cela ,sinon que ses illustrations, d’une infinie tendresse, d’une infinie douceur, d’une infinie intensité, sont une invitation directe à partir à la recherche du ‘Lion’ de Joseph Kessel ? 

‘Le lion’ de Joseph Kessel illustré par Anne Defréville

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