par Charles Demoulin
1 décembre 2024
Je lis, tu lis, vous lisez… l’histoire d’une gamine qui refuse d’adopter sa langue maternelle. Celle d’un ado de 17 ans qui avant de s’immoler par le feu, entre en classe et tire sur ses camarades et son professeur. Trop hard pour vous ? Alors, réfugiez-vous dans la petite bibliothèque aux souvenirs ou dans ces mille façons d’aimer, des ouvrages que proposent Kate Storey et Anne Goscinny. Vous aimez la musique ? L’autobiographie de Cher va vous passionner. Enfin, si vous êtes accros à cette exploration vive et féroce qu’effectue Philippe Vasset à travers notre monde contemporain, plongez au plus vite dans son journal intime d’un maître-chanteur.
‘Cher autobiographie partie 1’, chez HarperCollins
Il n’y aura jamais qu’une seule Cher… Et depuis sept décennies, elle nous montre pourquoi. Une seule personne pouvait écrire son extraordinaire histoire… elle-même. Tout au long de sa vie, Cher a retenu l’attention du monde avec sa voix, son jeu d’actrice, son style, son esprit et son humour. Aujourd’hui, pour la première fois, elle raconte son histoire avec sa propre voix, une voix aussi honnête qu’hilarante, aussi puissante que perspicace.
Dans ses mémoires, elle remonte le fil de ses origines jusqu’à l’enfance de sa mère, et montre comment les choix de Georgia l’ont elle-même influencée. En quête de gloire, d’amour et de stabilité pour ses enfants, avec un look de star de cinéma et une voix à couper le souffle, Georgia s’est mariée et a déménagé encore et encore. Entourée d’artistes, d’acteurs et de femmes glamour, Cher a eu une enfance tout sauf normale.
Que ce soit sur son tricycle, dans un train ou au volant dans les rues de Los Angeles, elle avait un puissant désir de toujours avancer, ce qui l’a attirée dans les bras de Sonny Bono.
Le duo est devenu célèbre au-delà de leurs rêves les plus fous. Au fil du temps, la célébrité a changé la dynamique de leur relation, et de timide adolescente, Cher est devenue une femme. Lorsqu’elle s’est rendu compte que les choses n’étaient pas ce qu’elles semblaient être, elle s’est mise à défendre ses droits, pour échapper à l’emprise de Sonny.
Cher a pris des risques, elle a fait la une des journaux, elle est tombée amoureuse de David Geffen, puis de Gregg Allman. Elle a lutté, trébuché, pour renouer avec la jeune Cher, tracer son propre chemin, prendre sa place dans le monde.
Cher : l’autobiographie partie 1 nous emmène à l’aube de son prochain chapitre, une remarquable carrière d’actrice et de chanteuse qui a scellé son héritage à travers les âges. Une suggestion : lisez ce bel ouvrage en écoutant sur votre platine un long playing ou un CD de cette grande dame. Et puis n’oubliez pas de vous attarder sur ces dix pages de photos insérées au milieu de ce beau livre.
‘Naviguer à l’oreille’, de Rosie Pinhas-Delpuech chez Actes Sud
Au fil de ce qu’elle appelle sa ‘traque des traces nazies infiltrées jusque dans notre espace domestique’, Rosie Pinhas-Delpuech se lance non seulement à la rencontre de Greta, la jeune femme qui deviendra sa mère, mais également à la compréhension de la langue qui les sépare : l’allemand. Une langue dans laquelle baigne Greta, même si depuis le début de la Seconde Guerre mondiale elle vit dans la Turquie d’Atatürk ! Et qu’importe s’il y a eu la Shoah.
Ce récit, à la fois autobiographique et historique, tente d’apprivoiser la distance temporelle, linguistique et intellectuelle entre une mère et sa fille. Cela tout en racontant comment politique et lecture précoce du monde s’immiscent dans l’esprit d’une enfant à travers la langue ‘maternelle’ qu’elle refuse d’adopter. Entreprise de forage et d’ouverture vers l’autre, ‘Naviguer à l’oreille’ se déroule de façon dense, véloce et musicale, comme la bande originale d’un voyage dans le temps où mémoire et traduction se télescopent pour tenter de renouer une conversation interrompue.
Un récit où l’auteure jongle avec une incroyable habileté avec la langue, les mots et la musique. C’est d’une incroyable richesse !
‘L’enfant qui sema la mort’, d’Auguste Corteau chez Belfond noir
20129. À Chryssodéndri, petit village grec enclavé près de la frontière turque, le temps s’est arrêté un matin de septembre. Depuis qu’Antónis Ráptis, un ado de dix-sept ans, est entré dans la salle de classe, a tiré sur ses camarades et son professeur, avant de s’immoler par le feu. Douze morts, et cette question : pourquoi ce carnage ?
C’est ce que se demande Fíllipos Séxtos, quinquagénaire athénien, tenancier de bar et auteur dilettante. Amateur de récits de vie, Fíllipos écoute les gens pour les comprendre. Et le cas du jeune Antónis l’intrigue. Pourquoi un garçon qui veut se suicider fait-il le choix d’entraîner ses amis avec lui ? La vengeance serait-elle le mobile, comme le croit la police ?
Pourtant, ce jeune athlète était sans histoires… De la mère du tueur aux parents de sa petite amie plongée dans le coma, en passant par le fou du village, Fíllipos frappe à chaque porte pour percer le mystère d’Antónis. Saint incompris ou monstre en puissance : qui était cet enfant qui a plongé tant de familles dans les ténèbres ?
Grâce à des échanges avec plusieurs membres du village, Séxtos va peu à peu percer le mystère des circonstances qui ont poussé Antónis à passer à l’acte. Ce faisant, il soulève des questions dérangeantes : si un acte aussi terrible ne peut être excusable, peut-il toutefois se justifier ? Des victimes ou de l’assassin, qui est le monstre ?
Un récit bouleversant qui aborde malheureusement un thème que l’on retrouve au moins une fois par mois à la ‘une’ des quotidiens. Un récit au final totalement incroyable et imprévisible, qui ne pourra que vous déstabiliser totalement dans votre jugement.
‘La petite bibliothèque des souvenirs’, de Kate Storey chez City
Chaque année, Sally ajoute un livre dans la bibliothèque d’Ella, sa fille unique. Elle le fait depuis 42 ans, lors de tous les anniversaires de celle-ci. Grâce à ces ouvrages choisis avec soin, elle souhaite lui transmettre ses valeurs et des messages inspirants. Pourtant, cela fait bien longtemps que Sally a perdu tout espoir que sa fille feuillette un jour ces livres dédicacés avec amour. Car vingt ans plus tôt, elles se sont déchirées et Ella est partie, s’enfuyant en Australie où elle vit désormais avec son mari et sa fille, sans jamais jeter un regard en arrière.
Jusqu’au jour où un drame survient, obligeant Ella à revenir dans la maison familiale. La jeune femme découvre alors la bibliothèque que sa mère a constituée pour elle, tel un trésor sur le chemin de la vie. Ce qui va lui permettre de découvrir et de comprendre qui était vraiment sa mère, quelle était sa vie et combien elle savait donner sans jamais rien attendre en retour. Mais suffit-il de tourner une page pour pardonner et être heureux ?
Et le lecteur de découvrir que la magie des livres va permettre à Ella de comprendre à quel point ses jugements envers sa mère étaient hâtifs et ses ressentis idéalisés d’enfant et d’adolescente non fondés. Un récit où le mot émotion est savamment mis en exergue.
‘Journal intime d’un maître-chanteur’, de Philippe Vasset chez Flammarion
Même avec la meilleure volonté du monde, les maîtres-chanteurs se font peu d’amis. Pour pallier la solitude, l’un d’entre eux s’est mis à écrire. Il raconte l’artisanat de la menace, les circonvolutions des rançons et l’Eldorado des réseaux sociaux. Il raconte surtout son association avec un groupe de jeunes femmes, et le talent dont elles font preuve dans l’art méconnu du racket.
Mais pour faire œuvre commune, il faut accepter de baisser la garde. L’ambition saura-t-elle éclipser l’habitude de la trahison ?
En mêlant subtilement fiction et enquête, Philippe Vasset poursuit avec ce ‘Journal intime d’un maître-chanteur’ son exploration captivante, vive et féroce du monde contemporain, et dévoile les pans habituellement cachés des regards. S’étant nourri de témoignages issus de véritables maîtres-chanteurs, et en les mixant avec certains souvenirs venus de son passé d’enquêteur, il nous plonge, non sans un certain humour, dans un monde méconnu où le mot trahison est devenu priorité.
‘Mille façons d’aimer’, d’Anne Goscinny chez Grasset
C’est l’histoire d’un garçon et d’une fille qui s’aiment depuis toujours. Jeanne et Raphaël se sont connu enfants, visages ronds, fossettes, pères absents. Et tout de suite, ils se sont adoptés. Frères et sœurs, âmes sœurs, amis amoureux ? Peu importe. C’est autour d’un jeu de société, sur fond de Dalida et Barbara, qu’ils jurent fidélité et vérité, jusqu’à ce que la mort les sépare.Ils ont ensemble quinze ans, dix-huit… Les jeux d’école laissent place aux lectures, à la découverte de la sexualité, aux conflits ou au trouble. Et le monde continue lui aussi de tourner : le sida fait des ravages. C’est cette histoire que nous raconte Jeanne, lors d’une première promenade sans Raphaël à travers les rues ensoleillées de Paris. Ce jour de printemps, elle se rend au cimetière, assister à l’enterrement de celui qui lui est essentiel. Hier encore, ils avaient vingt-cinq ans tous les deux.
Et aujourd’hui, Raphaël n’est plus là. Jeanne nous raconte les histoires d’amour impossible, la maladie, le père disparu, et la passion des mots. Parfois, l’amour ne dit pas son nom. Au pays de la mélancolie et du bonheur partagé, Anne Goscinny écrit la plus belle des lettres d’amour et d’adieu à Raphaël. Un hommage sensible et merveilleux à une amitié d’une incroyable intensité. Une petite pépite de lumière et de beauté dans le ‘sombre’ de notre monde d’aujourd’hui.
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