par Charles Demoulin
24 novembre 2024
Il pleut, il fait froid, la neige est déjà à nos portes, on n’a guère envie de sortir le soir. Alors, pourquoi pas, une soirée avec un bon livre à savourer bien au chaud à côté de la cheminée.
‘Happée par la mer’, d’Isabelle Schmidt chez Flammarion
À tout juste trente ans, Gisèle est factrice à Plougasnou. Là où elle coule des jours simples et prévisibles. Il faut savoir que quatre ans plus tôt, après avoir renoncé à la maternité, elle a fui son Nord natal pour s’installer dans ce petit village breton aussi étroit que rassurant.
Elle ne regrette rien de son choix. C’est vrai qu’elle ne se sentait ni prête ni capable d’assumer un rôle de mère. En laissant tout derrière elle, elle entendait mettre sa vie sur le mode pause. Mais son licenciement soudain va s’avérer un véritable électrochoc. Il est venu le temps de rallumer son existence et la flamme de ses désirs.
De l’autre côté du bourg vit, reclus derrière les murs de sa trop grande maison, le mystérieux Paul. Silencieux, loin des autres, il espère encore le retour de celle qui était l’amour de sa vie et qui est partie un beau matin d’hiver sans la moindre explication. Cela fait déjà cinq ans. Mais maintenant, je vous laisse deviner ce que pourrait éventuellement être la suite…
Un roman aux chapitres courts, parfois même très courts, rythmé par les marées bretonnes et les petites histoires de village. Un roman où l’enfance se dessine sur le sable, où l’espoir s’accroche au rivage et où seuls l’amour et le temps ne peuvent s’amarrer. Un roman qui vous entraîne à la suite de Gisèle durant les quatre saisons que compte une année, et où le mot maternité s’inscrit comme fil rouge.
‘Les fragments du cœur’, de Marion Fritsch chez Albin Michel
À une époque où le discours amoureux se flétrit, comment réinventer les sentiments ? Vous n’avez pas vraiment une réponse ? Ça fait même un bout de temps que vous vous posiez la question ? Alors, plongez sans tarder dans ce premier livre poétique que Marion Fritsch, poétesse et membre du ‘Poetry Club’, vous propose ici.
Dans ce bel ouvrage, et uniquement par le biais de poèmes ou simplement de petites phrases, elle vous compose le récit des quatre saisons symboliques d’une histoire d’amour. De l’automne à l’été, l’amour se fait passion, dépit ou résilience.
Tout au long de ce voyage à bord de ce sujet aussi vaste que complexe qu’est l’amour, l’auteure pose les enjeux nouveaux d’une relation amoureuse, en revenant à la forme de la poésie ‘courtoise’.
« Un ouvrage fait afin de ne pas oublier d’aimer les mots, l’amour, la vie’. » Et ça, ce n’est pas moi qui le dis, mais bien Marion Fritsch dans la dédicace qu’elle m’a faite dans son livre.
‘La mariée était en rouge’ et ‘Ça va trinquer’, de Thomas Stipsits chez City.
Ce n’est pas un, mais deux ouvrages que je vous présente ici. En fait, l’éditeur City lance une nouvelle série de cosy mystery adaptée… en série télé, et diffusée sur Arte. Et pour ce lancement, ce sont d’emblée les opus 1 et 2 qui arrivent sur le marché francophone. Cela vu qu’au départ ces récits sont écrits en allemand puisque l’auteur, Thomas Stipsits, est Autrichien.
Sous le titre générique du ‘Gang des commères au foulard’, le lecteur va bien évidemment être confronté à un, voire plusieurs crimes souvent perpétrés dans les montagnes autrichiennes, et dont la recherche du coupable sera confiée à l’excentrique inspecteur Sifkovits. Un policier du style Colombo et qui affectionne tout particulièrement la tisane d’herbes à fromage aromatisée au miel. Vous voyez le genre !
Que peut-on déjà vous avouer après la lecture de ces deux premiers titres ? Que nous sommes hors des sentiers battus suivis habituellement par le cosy mystery habituel, et que nous partons à la découverte d’un cosy 2.0. Que les chapitres sont courts ! Qu’on parle ici de comédie policière et non de polar. Que les mots humour, amusant et décalé, surtout lorsque le gang des commères au foulard entre en scène, sont de tout instant. Et donc, qu’il ne vous reste plus que de juger par vous-mêmes de tout cela.
Attaquons-nous maintenant ce drame que fut celui de ‘La mariée qui était en rouge’. Tout se passe à Stinatz, un petit village typique de la montagne autrichienne. Là où la vie s’écoule paisiblement, sans histoire. Ce, jusqu’au jour où un mariage vire au drame. Non seulement la mariée disparaît, mais, le lendemain matin, son corps est retrouvé à moitié déchiqueté par une moissonneuse-batteuse.
Et l’inspecteur Sifkovits de se voir chargé de l’affaire. Chose qui ne le ravit guère, car ici, dans son village natal, tout le monde le connaît. D’autant que sa mère passe ses journées sur un banc à la tête d’une bande de vieilles commères, un foulard vissé sur le crâne et le regard acéré et scrutateur.
Alors que l’enquête piétine, notre ‘gang des commères au foulard’ décide de prêter main-forte à Sifkovits… pour le meilleur et pour le pire. Après tout, au village, en ce qui concerne le village, ces vieilles dames en savent plus que Facebook et Google réunis. Incollables qu’elles sont sur les ragots en tout genre, y compris ceux qui pourraient permettre de dénicher le coupable.
Dans ‘Ça va trinquer’, c’est à un cosy mystery… à mourir de rire que l’auteur nous invite. Alors que Sifkovits est venu rendre visite à sa mère au village, il découvre nombre de véhicules de police stationnés devant une cave à vin. De quoi piquer au vif sa curiosité et réveiller en lui son excentricité légendaire.
À tout comprendre, un vieux viticulteur vient de mourir dans sa cave. Si les policiers locaux concluent que la mort du ‘p’tit vieux’ est due à des émanations de gaz de fermentation, il n’en va pas de même pour notre fin limier que quelques détails chiffonnent grandement.
Alors, quand sa mère et son célèbre gang d’amies incollables sur les ragots et les potins lui annoncent que le mort avait un comportement étrange depuis quelques mois, il n’en faut pas moins à notre amateur d’étrange tisane, pour se décider à mener l’enquête. Sauf que le meurtrier court toujours et que notre inspecteur pourrait bien trinquer et même déguster.
Vous aussi vous allez déguster sans modération ces deux premiers volets de cette nouvelle série qui vous donnent envie d’aller faire un petit tour du côté de la région où opère… Sifkovits.
‘L’immeuble de la rue Cavendish – Guy, Gordon et l’énigme de la chambre de bonne’, de Caroline Kant aux Escales
Nous voici arrivés au sixième et dernier tome de cette série addictive qui se veut le portrait rafraîchissant, léger et plein d’humour de la vie animée d’un immeuble parisien de la rue Cavendish. Un immeuble où l’on a découvert des voisins attachants, singuliers et solidaires. Bref, le genre de voisins que vous aimeriez avoir.
Pour cette dernière rencontre, Caroline Kant a choisi de nous présenter Guy et son chien Gordon. Une personne un brin ronchonne et qui, avec son toutou, mène malgré tout une vie paisible dans cet immeuble parisien. Homme bourru, mais au cœur tendre, Guy, la cinquantaine, décide de se lancer dans deux enquêtes. Qu’est devenu ce demi-frère dont il vient de découvrir l’existence ? Quels mystères recèle la chambre de la bonne ?
Pendant ce temps, une ribambelle de voisins tous plus envahissants les uns que les autres, débarque au rez-de-chaussée de ‘son petit building’. Guy se méfie. Stéphane, agent immobilier, se mêle clairement de ce qui ne le regarde pas. Et Valentina, gourou de la santé au naturel, exerce une influence inquiétante sur les autres habitants de l’immeuble, volant de la sorte la clientèle d’Aimée, la gardienne-médium. Face à leurs ennemis communs, Guy et Aimée sauront-ils dépasser leur différend pour faire front ?
C’est délicieusement bon. Un vrai moment de pur bonheur, de tendresse, de joyeuseté dans un monde d’aujourd’hui ourlé de nuages plus que sombres.
‘Les petits secrets des grands films français’, de Philippe Durant au Rocher
Historien du cinéma, Philippe Durant est l’auteur à succès de récits tels que ‘La Bande à Gabin’ou ‘Le Petit Audiard illustré’, mais également de nombreuses biographies parmi lesquelles celles d’Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, Bernard Blier ou encore ‘Un destin français’(2024).
Qui n’a jamais souhaité voir l’envers du décor et se glisser dans les coulisses de ces films qui nous ont captivés, fait rêver, rire ou pleurer ? Saviez-vous que le jeune Jean-Pierre Léaud fit l’école buissonnière pour passer le casting des ‘Quatre cents coups’ ? Que Louis de Funès était jaloux de Bourvil pour ‘Le Corniaud’ ? Qu’Emmanuelle provoqua un incident diplomatique avec la Thaïlande ? Que des gangsters s’invitèrent sur le tournage du ‘Grand pardon’ ? Qu’il fallut une puissante décoction sud-américaine pour que Marion Cotillard se libère de son rôle de ‘La Môme’ ?
De ‘La Grande Illusion’ (1937) à ‘Anatomie d’une chute’(2023), Philippe Durant nous entraîne sur les plateaux du cinéma français avec 100 films mythiques aux scènes et répliques cultes – comédies, drames, polars -, et dans le sillage de ses personnalités les plus populaires. Accidents, caprices, conflits, surprises… Il nous livre des anecdotes insolites, drôles ou étonnantes, révélant ainsi les nombreux petits secrets qui se cachent de l’autre côté du grand écran. Une incroyable mine d’observations captivantes non seulement pour les fanas de cinéma, mais aussi pour les curieux. Et qu’importe qu’ils soient petits ou grands. Vous allez en apprendre des choses !
‘L’ultime avertissement’, de Nicolas Beuglet chez XO
Cet avertissement est le dernier… Dans le véhicule qui la conduit vers les Appalaches, Felicia sourit en observant les sommets enneigés. La jeune experte en art a été invitée à étudier trois objets de la fabuleuse collection des Castelmore.
Mais quand elle arrive au manoir de la célèbre famille, son sang se glace : Felicia doit en réalité enquêter sur d’inexplicables disparitions humaines. Épaulée par Armand, un ancien flic devenu prêtre, elle se lance alors dans une course haletante, sur la piste d’un mystérieux groupe se faisant appeler les Sentinelles.
Traqué à mort par des ennemis aussi intelligents que puissants, le duo n’a pas le choix : pour échapper au pire, Felicia et Armand devront entendre l’ultime avertissement lancé par ceux qui ont vu l’impensable.
Dans son nouveau thriller, Nicolas Beuglet nous conduit à tombeau ouvert vers une révélation vertigineuse sur l’une des grandes énigmes qui affolent l’humanité. Une histoire à tel point prenante, que l’auteur, malicieusement, ne laisse nullement le temps à ses lecteurs, de s’offrir la moindre petite pause respiratoire.
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