Larry, une adolescente, vit à Demmin, une petite ville apparemment sans histoire située au nord-est de l’Allemagne. Reste que pour Larry, cette ville est tout simplement synonyme d’ennui. Ses seuls désirs : quitter au plus vite la tristesse de cette grosse bourgade, devenir correspondante de guerre, et partir à la découverte du monde.

Puisque nous parlons de guerre, il est bon de savoir qu’au mois de mai 1945, quelques heures avant l’arrivée de l’Armée rouge dans Demmin, plusieurs centaines d’habitants de cette ville hanséatique y ont été d’un suicide collectif. Cela suite à toutes ces atrocités commises par l’armée russe dans sa progression de plus en plus fulgurante vers Berlin. Historiquement, cet épisode est reconnu comme le plus grand suicide collectif jamais enregistré en Allemagne.

Et pendant que Larry affronte non sans une certaine difficulté les affres de l’adolescence et du passage à l’âge adulte, la vieille dame qui vit juste en face de chez elle s’apprête à déménager. Elle a décidé d’aller terminer sa vie dans une maison de retraite. Faisant le tri dans ses affaires, elle se remémore ce que fut la fin de la guerre à Demmin, et surtout cet incroyable comportement de tous ces gens qu’elle connaissait. Nombre de fantômes qui depuis cheminent à ses côtés. C’est vrai qu’elle n’était alors qu’une gamine, mais ces journées insoutenables l’ont à jamais marquée au fer rouge.

C’est bien évidemment le portrait de ces deux générations que Verena Kessler dresse subtilement. Ce faisant, elle met à jour l’empreinte invisible et pourtant indélébile qu’a le passé sur nos propres vies. Au-delà, elle parle avec légèreté du deuil et de la solitude, de l’amitié et du premier amour. Un roman sensible et délicat tout à la fois.