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« Lettres aux jeunes féministes »

par Charles Demoulin

17 avril 2022

En 1997, Phyllis Chesler, figure majeure de la Deuxième Vague féministe, adressait vingt-deux lettres à son fils afin de lui conter son vécu dans les milieux militants féministes. Vingt-deux lettres qui allaient faire l’objet d’un ouvrage devenu rapidement best-seller, puisque vendu à plus de 2,5 millions d’exemplaires.

Près d’un quart de siècle après cet engouement, les éditions du Portrait nous proposent de découvrir, superbement traduit en français par Caroline Nicolas et Camille Nivelle, ce regard empreint d’une extrême lucidité et d’honnêteté que Phyllis Chesler portait sur les actions menées par toutes ces femmes qui, comme elle, faisaient partie de cette Seconde Vague féminine. Mais si elle s’efforce de donner des clés aux générations à venir pour continuer le combat et pour ne jamais céder aux injonctions patriarcales, elle donne également l’alerte face aux pièges à éviter afin de pouvoir continuer, mieux armée, ce combat pour l’égalité.

Et c’est vrai qu’à lire cet ouvrage, et depuis que les femmes sont montées aux barricades, il y a des avancées et même des acquis. Acquis auxquels sont venus s’ajouter certains pour lesquels Phyllis Chesler combattait. Mais force est de constater que d’autres points majeurs de cette lutte demeurent toujours d’actualité. C’est ainsi qu’à l’époque elle parlait déjà de harcèlement dans la rue, de viol, de la place de la femme au travail, de féminicide… Des choses toujours bien présentes aujourd’hui.

Il n’empêche que s’il reste encore beaucoup à faire pour changer le regard que les hommes portent sur les femmes, mais aussi le regard que les femmes portent sur elles-mêmes, l’auteure, à travers son expérience, son regard sincère, intransigeant et plein de vitalité, révèle malgré tout les changements extraordinaires apportés par le féminisme. Reste que la bataille est loin d’être gagnée. Car, comme elle le dit, la solidarité féminine est essentielle dans ce combat : « Seule on avance vite, à deux, on va plus loin ! »

En vous signalant qu’en fin de cet ouvrage vous trouverez une trentaine de pages proposant une série de titres parlant de ce même sujet, je vous conseillerais un petit opus, toujours aux éditions du Portrait, et que signe une autre féministe, Gloria Steinen. Dans ce mini format de quelque 70 pages, elle évoque la libération de la femme et le comment elle a commencé à écrire. Une belle découverte.