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Quelques nouveautés littéraires tous azimuts

par Charles Demoulin

1 novembre 2024

Qu’est-ce que Janette vous propose cette semaine ? Tout d’abord, un roman signé Louise Erdrich, cette gente dame considérée comme l’un des plus grands écrivains américains contemporains. Que de prix n’a-t-elle pas accumulés ! Vient alors ce récit délicat et qui fait tant de bien écrit par la Séoulite Kim Jiyun. Un véritable petit bonbon. Par contre, si vous aimez le cinéma, Al Pacino vous ouvre les portes de sa maison et même de son jardin secret. D’autre part, si vous êtes du genre à aimer les histoires qui font froid dans le dos, alors pénétrez avec Kate Collins dans ce qu’elle prétend être la maison idéale. Enfin, si vous aimez la danse, mais aussi le travail de la terre, partez à la découverte du goût des mûres sauvages que vous livre Gilles Laporte sur base de faits réels. C’est plein de senteurs d’humus !

‘La petite échoppe des jours heureux’, de Kim Jiyun chez City

Dans un ancien quartier de Séoul envahi par les boutiques à la mode, une petite échoppe fait de la résistance. Une petite laverie qui, pour certains habitants, est un havre de paix dans une époque où tout change beaucoup trop vite. Ici, ils trouvent des étagères pleines de livres, un éclairage chaleureux et l’odeur du café qui se mélange à celles des adoucissants et du linge fraîchement lavé. Et puis, il y a surtout pour eux, l’occasion de parler et de se libérer de leurs problèmes. Un peu à l’instar de leur linge qu’ils viennent dépolluer de leurs saletés.

Je vous explique. Un jour, et curieusement, un carnet est oublié sur la table. Un par un, des clients commencent à écrire dans ce journal leurs joies, leurs chagrins et leurs espoirs. Un homme âgé qui ne sait pas comment réparer sa relation avec son fils. Une mère menacée d’expulsion. Une jeune femme prisonnière d’une relation toxique… Des voisins qui n’étaient autrefois que des visages anonymes choisissent de répondre et, petit à petit, de s’entraider. La petite  laverie devient le lieu de rencontres précieuses qui vont bouleverser la vie de ceux qui en poussent la porte.

Un roman qui fait du bien. Qui va droit au cœur et qui se déroule dans un endroit où l’on n’est jamais seul. Un moment passé à l’écoute de l’autre, loin du bruit de tous ces malheurs et autres atrocités qui se passent dans notre monde devenu fou.

‘Comme des pas dans la neige’, de Louise Erdrich chez Albin Michel

Hiver 1912. Le froid et la famine s’abattent sur une réserve du Dakota du Nord alors que les Indiens Ojibwés luttent pour conserver le peu de terres qu’il leur reste. Décidée à venger son peuple, Fleur Pillager décide d’entreprendre un long et périlleux périple qui l’amènera Minneapolis.

Racontée tour à tour par Nanapush, un ancien de la tribu, et Pauline, une jeune métisse, l’aventure de la belle et indomptable Fleur donne lieu à un roman puissant et profond, où le désir de vengeance finit par céder à celui, plus fort encore, de se reconstruire.

Écrits à vingt ans d’intervalle, les deux parties qui composent ce roman sont ici réunies pour la toute première fois. L’occasion bien réelle pour les lecteurs francophones de découvrir un livre qui s’inscrit dans la lignée et dans la veine des grands classiques de Louise Erdrich. On pense notamment ici à la ‘La Chorale des maîtres bouchers’, ‘Love Medecine’, ‘La Sentence’ ou encore cet incroyable ‘Dernier rapport sur les miracles à Little No horse’. Quelque 430 pages de pur bonheur !

‘Comme des pas dans la neige’, de Louise Erdrich chez Albin Michel

‘Sonny Boy Al Pacino’, au Seuil

Par l’un des acteurs les plus emblématiques de l’histoire du cinéma, voici le récit étonnant, jalonné de révélations, d’une vie entièrement consacrée à la création. Pour le grand public, Al Pacino explose sur la scène telle une supernova. Il décroche son premier rôle dans ‘Panique à Needle Park’ en 1971, et en 1975 il a déjà été la tête d’affiche de quatre films – ‘Le Parrain’, ‘Le Parrain 2’, ‘Serpico’ et ‘Un après-midi de chien’ – qui ne sont pas seulement des succès, mais des monuments de l’histoire du cinéma.

Ses interprétations deviennent légendaires, et changent à jamais sa vie. Depuis Marlon Brandon et James Dean à la fin des années 1950, aucun acteur n’a eu un tel impact culturel. Ainsi, à 35 ans, il a déjà vécu plusieurs vies. Figure du théâtre d’avant-garde à New York, il a mené une existence bohème, vivant de petits boulots pour financer sa passion. Après le départ de son père quand il est encore petit, élevé par une mère farouchement affectueuse, mais souffrant de troubles mentaux, il a grandi dans les rues du South Bronx au milieu d’une troupe de jeunes copains rebelles et déchaînés. Ce sera une enseignante qui se rendra compte de ses capacités et de sa présence sur scène. Elle l’enverra alors au célèbre lycée des Performing Arts. La suite… Nominé neuf fois aux Oscars, remportant l’Oscar du meilleur acteur en 1992 pour ‘Le temps d’un week-end’, nominé dix-neuf fois aux Golden Globes et en ayant remporté quatre, nominé trois fois aux Tony Awards et aux Emmy Awards où il en reportera chaque fois deux, on ne compte plus les distinctions de celui qui fut couronné par le président Obama et qui reçut également le prix Cecil B. DeMille pour l’ensemble de son œuvre.

Ce fort ouvrage vous invite à pénétrer encore plus profondément au cœur de ce monstre sacré.

‘Sonny Boy Al Pacino’, au Seuil

‘La maison idéale’, de Kate Collins aux Escales

Quand vous en aurez terminé avec ce roman féministe qui renouvelle le genre de la maison hantée, vous vous poserez la question de savoir si finalement ce type de maison s’avère idéal pour élever ou non des enfants.

2017. Le mari d’Oria a insisté pour que leur famille s’installe dans une vieille demeure construite sur les falaises irlandaises du Dorset. Sauf que, très vite, c’est seule avec ses enfants qu’Oria passe la plupart de ses journées. De quoi comprendre qu’elle ne s’y sent pas chez elle et que, de surcroît, depuis peu, elle commence à entendre des bruits étranges, des portes qui claquent, et même de voir son fils discuter longuement avec un ami… imaginaire.

1976. Lydia est employée en tant que gouvernante par une veuve dépassée par les événements et qui, à l’époque, habite également cette demeure nichée sur la falaise. Elle s’occupe avec amour des enfants comme s’ils étaient les siens. Jusqu’à ce que des événements incompréhensibles s’en viennent troubler la tranquillité du foyer.

Que ce soit hier ou aujourd’hui, personne ne croyait ou ne croit Lydia ou Oria lorsqu’elles racontent ce qu’elles vivaient ou vivent dans cette vieille masure. Une chose est toutefois certaine : l’une et l’autre ont fait ou font désormais, tout ce qui est ou était possible pour protéger les enfants du mal qu’elles sentaient ou sentent rôder dans et à travers les murs. 

Un roman palpitant qui explore les thèmes de la maternité et de la folie. Un roman qui fait froid dans le dos et plonge le lecteur dans une ambiance angoissante imprégnée d’une moiteur pesante. Une lecture pourtant très addictive. Vous allez frissonner !

‘La maison idéale’, de Kate Collins aux Escales

‘Le goût des mûres sauvages’, de Gilles Laporte aux Presses de la Cité

Passionnée de danse classique, Loane, une jeune femme arrive en Lorraine dans les pas cadencés d’un père militaire de carrière. Outre ses cours au Conservatoire, elle va entreprendre des études de notariat. Mais sa rencontre à Nancy avec un jeune paysan vosgien d’Angelmont qu’elle va épouser, va faire d’un seul et même coup basculer tous ses projets. Car en même temps qu’elle donne des cours de danse, elle devient une vraie paysanne. Ensemble avec Frederick, son mari, ils exploitent désormais un immense domaine céréalier dans le plus pur respect de l’environnement.

Un jour, en faisant les foins, Frederick est malheureusement victime d’un tragique accident au cours duquel il va perdre la vie. Veuve, Loane  décide de continuer à cultiver le domaine comme Fred l’avait toujours voulu : le respect total de la nature ? Une idéologie qui devient pour elle le début de multiples épreuves et du qu’en-dira-ton. Pensez donc : « Une femme paysanne, danseuse qui plus est… ! » 

Inspiré de faits réels, ce roman qui nous plonge dans le monde de la révolution agricole des années 1970 nous raconte la vie d’une femme déterminée à assumer ses responsabilités de mère, d’élue locale, d’artiste et de paysanne. Cela dans un monde rural, très masculin et politiquement hostile à tous ses engagements. Une captivante et remarquable découverte d’un roman aux paysages grandioses et qui fleure bon l’humus du terroir.

‘Le goût des mûres sauvages’, de Gilles Laporte aux Presses de la Cité

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