par Charles Demoulin
12 novembre 2024
C’est à un voyage à travers le temps que je vous invite aujourd’hui. Après une balade sur le Nil à l’époque des pharaons, nous partirons ensuite vers ce Nord de l’époque des Vikings, avant de nous retrouver dans la ville thermale de Spa, en Belgique, en 1906. Spa qui vit aux portes de ces Ardennes que nous allons découvrir en 1944, lors des derniers moments de l’armée allemande. Mais, juste avant cela, nous aurons effectué un vol vers l’Amérique des années 1930, pour y découvrir les premiers pas aéronautiques d’un certain Sonny Tuckson, futur équipier du célèbre pilote de chasse US : Buck Danny. Il ne nous restera plus alors qu’à revenir à notre époque pour voir Grégory Panaccione accomplir un véritable tour de force en traduisant en BD, les tourments intimes et les visions intérieures de l’auteur littéraire Stéphane Allix. Un reporter de guerre et écrivain français auteur notamment de ‘La mort n’existe pas’, présenté le 7 janvier dernier chez… Janette.
‘Alix, le gardien du Nil’, de Valérie Mangin et Chrys Millien chez Casterman
Après avoir déjoué deux tentatives d’assassinat contre son fidèle compagnon Enak, les soupçons d’Alix le guident vers l’Égypte. Mais à peine notre duo d’aventuriers arrivés à Alexandrie, qu’il se voit séparé et emprisonné.
Alors qu’Enak est livré à un homme mystérieux qui souhaite venger le funeste destin de Sakhara ravagée par une chute de météorites, Alix lui, trahi par des personnes en qui il avait le plus confiance, devra alors se tourner vers des alliés de longue date, mais également d’anciens ennemis, pour avoir une chance de sauver son ami.
Sans aller plus loin dans la révélation de la suite de cette aventure dont le scénario est le premier écrit par Valérie Mangin, celle-là même qui en 2012, avec Thierry Démarez créait la série ‘Alix Senator’, nous vous dirons que ce 43e opus des aventures d’Alix est bien du genre qu’aurait apprécié Jacques Martin, le père spirituel de ce jeune gaulois passé dans le giron de Rome.
‘Parjure’, de Simon Beauvarlet de Moismont et Nicolas Savoye chez Delcourt/Mirages
Baldrik, un jeune guerrier viking très ancré dans les traditions et les croyances de son peuple, tombe follement amoureux d’une très jolie femme. Seul problème, mais il est de taille, sa bien-aimée n’est pas, notamment, d’une même religion que lui. Mais qu’importe. Reniant croyances et religion, Baldrik épouse l’amour de sa vie au grand dam de son frère, le roi, qui le bannit à jamais des terres ancestrales.
Vivant désormais loin de chez lui, mais avec une femme qui l’aime et qui lui donnera bientôt un fils, Baldrik est l’homme le plus heureux du monde. Ce jusqu’au jour où sa belle trouve soudain la mort sur son chemin. Fou de chagrin, il fait alors un pas vers son roi de frère afin de lui demander de prendre soin de son fils, car lui a décidé de retrouver son épouse dans la mort. Très vite, le fils de Baldrik va se lier d’amitié avec Arulf, le fils de son oncle. Jusqu’au jour où tous deux vont tomber amoureux de la même femme.
Un très bel album noir et blanc où les dialogues ne sont guère légion, où le trait fin et minimaliste de Nicolas Savoye fait, dans certaines cases, penser à Didier Comès. C’est dire si ce premier opus que signe le duo d’auteurs a de quoi séduire.
‘Spa 1906’, de Patrick Weber et Olivier Wozniak chez Anspach
C’est à une enquête policière truffée d’énigmes en tout genre et menée sur fond historique, que Patrick Weber, journaliste, homme d’Histoire et spécialiste s’il en est de la monarchie belge notamment à Bel-RTL radio, puis à la RTBF Télévision, nous invite à le suivre. Et ce, via le style très élégant et très ligne claire du Français Olivier Wozniak.
Spa 1906. La très cossue et très huppée ville de Spa, station thermale belge reconnue à travers le monde, est en effervescence. Un mystérieux maître chanteur menace la haute société locale de révéler d’embarrassants secrets. C’est ainsi que plusieurs notables ont reçu des courriers menaçants signés par un certain Pierre Le Grand. Même la famille royale belge pourrait être éclaboussée !
Face au déshonneur, plusieurs notables se sont déjà suicidés. La réputation de la cité est en jeu. Pour ne pas effrayer les riches curistes, l’affaire est minimisée par la police locale, désireuse avant tout de ne pas déclencher la panique. Un scrupule dont n’a cure le célèbre commissaire Hendrikus Ansor envoyé discrètement sur place par la princesse Clémentine, fille de la reine Marie-Henriette et du roi Léopold II. Le rôle de ce fin limier est de démasquer le corbeau et ainsi protéger la Couronne via ses propres méthodes de travail : réflexion, déduction, gueuletons, et ce sans ronds de jambe superflus. Un petit génie dans l’art du crime, cousin de Sherlock Holmes, Miss Marple et même d’Hercule Poirot. De plus, pour les férus d’Histoire, je leur conseille vivement ce dossier documentaire en fin d’album que signe un certain… Patrick Weber.
‘Air Race Pilot Sonny Tuckson ½’, de Buendia, Zumbiehl et De Luca chez Dupuis
Cet album, premier volet d’un diptyque qui sera consacré à Sonny Tuckson, fait suite, dans cette série dénommée ‘Origines’, à ce que fut tout d’abord la jeunesse de Buck Danny, célèbre pilote de l’US Air Force. Aujourd’hui, c’est la jeunesse de l’inénarrable Sonny que les auteurs vont s’efforcer de nous raconter.
Avant d’être l’acolyte de Buck Danny, Sonny Tuckson a dû surmonter de nombreuses épreuves. Dans son enfance à Chicago, dans la fin des années 1920, et après avoir perdu sa maman, Sonny va voir son père mortellement atteint par une balle perdue lors d’une fusillade entre gangsters locaux. Orphelin désormais, il part dans le Texas où va l’accueillir son oncle dans une certaine indifférence… Il se distrait de l’indifférence de ce dernier en participant à des courses de voitures avec son seul ami Jo. Lorsque son tuteur acquiert un vieil avion pour faire de l’épandage sur sa propriété, la vie de Sonny bascule.
Un album que vont dévorer tous les fans de la bande à Buck Danny. Non seulement parce qu’ils vont en apprendre un peu plus sur un Tuckson qui, à l’époque, était loin d’être le facétieux que l’on connaît aujourd’hui, mais surtout sur un ado désireux de s’en sortir d’une série de drames qui ont marqué son existence. Au-delà, il y a la découverte de cette Amérique des années 1930, avec son atmosphère très spéciale superbement rendue par le crayon de Guiseppe De Luca. Une réussite dont on attend la suite et fin avec grande impatience.
‘Interlude’, de Céline Pieters et Celia Ducaju chez Dargaud
Hiver 1944. Dans les Ardennes, des soldats américains voient descendre du ciel un parachute porteur d’un objet inattendu : un piano. Un authentique Steinway, enfermé dans une caisse et peint en vert olive, la couleur de leurs uniformes. Aussitôt, quelques militaires se mettent à interpréter des airs populaires de leur lointain pays, ravivant de la sorte, la nostalgie de leurs camarades et leur permettant, grâce à quelques chansons, d’oublier la dure réalité de leur quotidien.
Mais lorsque les Allemands lancent une attaque-surprise, les hommes doivent plier bagage, et abandonner sur place le précieux instrument. Chose à laquelle trois soldats vont s’y refuser. Devant leur obstination, leur supérieur leur donne alors quarante-huit heures pour rejoindre la compagnie avec ce piano. Au-delà, ils seront portés comme déserteurs…
Si ‘Interlude’ peut vous apparaître relever de la pure fiction, il s’inspire pourtant d’un fait historique. En témoigne le dossier explicatif en fin d’album. Durant la Seconde Guerre mondiale, 2.436 pianos Steinway ont en effet été expédiés sur les différents fronts, de l’Europe à l’Afrique en passant par l’Asie. Surnommés ‘Victory Verticals’, ils étaient conçus pour supporter les conditions climatiques de chaque région et accompagnés de partitions issues de différents styles musicaux. Leur but : remonter le moral des troupes. Et pourtant, ici, il ne sera jamais question pour les deux auteures belges de vous montrer la guerre, mais bien de la suggérer. Une surprenante et agréable découverte. D’autant que le dessin et les coloris de Celia Ducaju sont en adéquation totale avec ce récit incroyable, mais vrai.
‘Nos âmes oubliées’, de Grégory Panaccione d’après le roman de Stéphane Allix au Lombard
L’histoire commence dans un hôtel, au bord d’une autoroute. Assis sur son lit, Stéphane Allix, ancien reporter de guerre, se prépare pour un rendez-vous bien plus difficile à aborder que ses reportages sur des lieux de conflit. Il s’apprête à rencontrer un homme qu’il avait connu, enfant, mais dont il avait oublié jusqu’à l’existence.
D’ailleurs pendant des années, Stéphane avait tout oublié de son enfance. Aujourd’hui, obsédé par la mort au point d’envisager le suicide et frappé d’un sentiment de honte dont il ne comprenait pas l’origine, il a fini par développer une maladie auto-immune à laquelle les médecins ne trouvent pas d’explication.
La solution viendra de son expérience de la médecine psychédélique. Un jour, durant une séance, le souvenir d’un élément dramatique de son enfance brise soudain les barrières de son cerveau et remonte à la surface. Le chemin vers la guérison se dessine enfin devant Stéphane, mais il sera long et semé d’embûches.
Un véritable tour de force que cette adaptation en BD du titre éponyme de l’ouvrage de Stéphane Allix. Une performance qui n’avait rien d’évident, mais qui s’avère une incroyable réussite. Et ce tant le graphisme joue à la perfection avec les méandres de l’exploration intérieure d’Allix. Un graphisme qui donne toute sa dimension au texte.
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