par Charles Demoulin
9 mars 2025
Cette semaine outre deux polars venus de l’étranger, je vous propose trois ouvrages ayant pour dénominateur commun l’Occupation, mais pas nécessairement en France ou en Europe. Au-delà, je vous invite à une incroyable histoire de combat et de résilience débouchant sur un parcours d’exception. Bonnes lectures !
‘Coup de grâce’, de Stefan Ahnhem chez Albin Michel
C’est un maître chanteur, un homme brutal, un violeur. Il a marché sur des cadavres pour arriver au sommet. Il s’appelle Kim Sleizner et il est à la tête de la police criminelle de Copenhague.
Dans l’ombre, l’inspectrice Dunja Hougaard mène l’enquête sur celui qui fut son ancien supérieur. Depuis des mois, elle et son équipe rassemblent des preuves contre ce policier corrompu pour le faire tomber. Quand le corps du chef des services secrets danois est découvert dans une voiture au fond du port de Copenhague, l’étau se resserre.
Au même moment, l’inspecteur Fabian Risk affronte le pire drame de sa vie et Sleizner n’y est pas étranger. Pour Risk et Hougaard, l’heure des règlements de comptes a sonné. Mais qui va payer ?
Une intrigue à la fois haletante et terrifiante, aux rebondissements plus que multiples, où le grand maître du polar suédois nous dépeint un Danemark où les sphères supérieures sont gangrénées par la corruption, et où les femmes sont toutes des victimes potentielles. Le genre de lecture qu’on ne quitte pas avant d’être arrivé au mot fin. Cela tant on est tenu en haleine de bout en bout des 536 pages que compte ce… coup de grâce.
‘Coupable par définition’, de Susie Dent chez City
Lorsqu’une lettre anonyme arrive au Clarendon Dictionary, équivalent britannique du Dictionnaire de l’Académie française, c’est un choc. Le courrier dénonce un meurtre, resté inexpliqué depuis des années.
Et pas n’importe quel meurtre : celui de la sœur de Martha, la rédactrice en chef du dictionnaire. Hantée par cette disparition, Martha décide de mener l’enquête avec son groupe de lexicographes. Bientôt, d’autres lettres arrivent, livrant à l’équipe des indices dissimulés derrière des jeux de mots et des calembours irrésistibles pour ces amoureux du langage.
Des révélations éclatent et des masques tombent. Martha découvre que sa sœur dissimulait de lourds secrets et qu’elle n’était pas la femme parfaite qu’elle idéalisait. Mais dans l’ombre, quelqu’un s’acharne à vouloir garder ces secrets bien enfouis. Quitte à éliminer tous ceux qui s’approcheraient de la vérité…
Au-delà de se présenter comme un excellent roman policier, cet ouvrage sera également apprécié pour tous ceux qui sont amoureux des mots et de l’univers de la littérature. Des mots anciens, des mots qui ne sont plus de mise de nos jours, des mots que nous avons même oubliés. Des mots qui sont parfois… des jeux de mots, ou alors des mots-clés. Tout cela mixé dans un style pour le moins assez inhabituel.
‘Quand je serai grande’, de Joranne avec Bessora chez Fayard
À 6 ans, Joranne est placée à l’ASE : ses parents ont été incarcérés pour actes de torture et de barbarie. On se croirait dans ‘Les Misérables’ de Victor Hugo… Et Joranne de passer une grande partie de sa prime jeunesse dans des structures d’accueil. Alors quand elle sera grande, elle décide qu’elle sera éducatrice spécialisée pour aider les enfants maltraités.
Mais à 16 ans, Joranne découvre qu’elle est enceinte après avoir vécu un déni de grossesse. Cet événement bouleverse ses plans pour l’avenir, mais elle va réussir à puiser en elle une force insoupçonnée.
Devenue mère célibataire, elle jongle entre études, petits boulots, et sa nouvelle vie de maman. Portée à nouveau par une motivation à toute épreuve, elle décide de réaliser son rêve d’enfant : devenir éducatrice spécialisée.
Ce désir d’aider l’enfance maltraitée va tout d’abord la pousser à tenter, et à réussir avec brio, le concours des Pompiers de Paris. Soldate du feu, Joranne intervient lors de l’incendie de Notre-Dame… en attendant d’accomplir son rêve d’enfant. Aujourd’hui, après une carrière de pompier à la ville de Paris, Joranne est désormais pleinement engagée dans la protection de l’enfance en danger.
Un ouvrage poignant qui vous retourne les tripes lorsque vous lisez ce que cette gamine a subi à l’époque. Mais un ouvrage où Joranne a su puiser dans cette maltraitance, la force nécessaire pour réaliser, et de quelle manière, son rêve d’enfant ! Superbe. Bravo, madame !
‘La dernière rose de Shanghai’, de Weina Dai Randel chez HarperCollins
Dans une ville de Shanghai sous occupation japonaise, deux personnes de cultures différentes se voient liées par le destin et le pouvoir de la musique… 1940. Aiyi Shao est une jeune héritière propriétaire d’un club autrefois populaire de Shanghai. Ernest Reismann est un réfugié juif sans le sou chassé d’Allemagne, un étranger cherchant refuge dans une ville qui se méfie des étrangers. Il est sur le point de perdre tout espoir lorsqu’il croise la route d’Aiyi. Elle sera la seule à donner sa chance à Ernest. Contre l’avis de tous et au mépris des coutumes, elle l’engage comme pianiste dans son club.
C’est un triomphe, le club d’Aiyi est de nouveau l’endroit le plus en vogue de Shanghai. Bientôt naît une passion plus forte encore que celle qui les unit pour le jazz, mais leurs différences semblent insurmontables et Aiyi est fiancée à un autre homme.
Alors que la guerre fait rage, Aiyi et Ernest se retrouvent déchirés et face à des choix impossibles entre l’amour et la survie. Mais il est trop tard, leur destin est en marche pour changer à tout jamais leurs vies.
Dans ce roman particulièrement prenant, la plume de l’auteure a l’art de plonger le lecteur au même cœur du récit, l’entraînant à devenir un spectateur privilégié de tout ce qui s’y passe. Au-delà, c’est également dans une page de l’Histoire, que l’on se trouve transporter. Quant au dénouement, il est aussi surprenant qu’inattendu.
‘L’ombre d’un traître’, de Nathalie Saint-Cricq chez J’ai lu
Paris, 18 juin 1960. Désiré, jeune orphelin et journaliste débutant à France-Soir, se retrouve malgré lui au cœur d’une ténébreuse affaire qui va changer sa vie.
Quinze héros de la France combattante choisis à la Libération font leur entrée solennelle dans la crypte du mont Valérien, ainsi que l’a voulu le général de Gaulle. C’est un grand moment d’histoire nationale. Pourtant, dans l’ombre, c’est le branle-bas de combat : il semblerait qu’un traître, Robert B., figure parmi les cercueils.
Pour Désiré, le scoop de sa vie se transforme vite en un engrenage bien plus complexe qu’il ne l’avait imaginé. Coups bas, menaces… on veut le faire taire. Aidé de l’énigmatique résistant Henri de Prévôté, de son ingénieuse fiancée Colette ou encore d’un fantasque patron de bistrot, l’apprenti reporter ira jusqu’au bout pour percer le mystère de ce secret d’État, quitte à se voir confronté aux zones d’ombre de son propre passé.
Sous les allures d’un roman policier plein d’humour, Nathalie Saint-Cricq nous conte l’histoire vraie, inédite jusque-là, de l’affaire qui secoua la France des années soixante et les arcanes du pouvoir gaulliste. Un ouvrage qui malgré toute l’eau qui depuis a coulé sous les ponts de Paris, nous oblige encore à nous poser des questions.
‘La Vengeance du crapaud’, de Daniel Cario aux Presses de la Cité
Élevé par ses parents, Joseph et Marie-Ange Touseg dans la chaumière parentale isolée non loin de Tréveuzen, le jeune Yves-Marie souffre de brimades sur son physique. Ironie du sort, son nom, Touseg, signifie ‘crapaud’ en breton. Son père, un brave charpentier qui résiste contre la présence nazie, est dénoncé en 1943 par les frères Daouphars, de tristes sires qui, chacun, convoitent son épouse. Et Joseph Touseg d’être abattu par les occupants allemands. Par la suite, et parce qu’elle a soigné un jeune Allemand blessé, les deux frères vont dénoncer à son tour Marie-Ange. Pour elle, peu importait l’uniforme, il s’agissait juste de prodiguer des soins à une personne blessée.
Femme brisée, veuve inconsolable, elle subira l’outrage de la tonte qui la fera sombrer dans l’alcool. Une incroyable dérive à laquelle assiste son fils Jean-Marie, qui n’a pour seul réconfort que son amitié avec la jolie Candice, fille de notables.
Mais le destin va s’acharner contre lui, seul face à la communauté bien-pensante de Tréveuzen… Sauf qu’il était écrit qu’il se vengerait. Et sa vengeance sonnera bientôt, remettant nombre de choses à leurs vraies places.
Bien évidemment, et comme c’est toujours le cas avec Daniel Cario, la Bretagne est au cœur de son récit. Ici celle d’un petit village breton durant les années d’Occupation, avec ses belles âmes, mais aussi les autres. L’émotion est au rendez-vous avec cette quête bouleversante d’un jeune garçon porté par son amour des siens.
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