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Muse : Clara Zetkin, la militante sans concessions

par Jane Doe

7 mars 2021

Enseignante, journaliste révolutionnaire et une des premières députées allemandes, figure historique du féminisme socialiste, elle lance la journée internationale de la femme.

Aînée de trois enfants, Clara Eissner naît le 5 juillet 1857 à Wiederau, en Allemagne. Très tôt, ses parents – Gottfried Eissner, maître d’école et organiste d’église protestant, et sa mère Joséphine Vitale – lui inculquent des idées féministes. La famille déménage à Leipzig où Clara intègre l’institut de jeunes filles Von Streyber, réputé pour sa formation poussée et progressiste, à une époque où l’université reste interdite aux femmes.

Militante féministe ouvrière

A 17 ans, elle fréquente le mouvement des femmes et des ouvriers, et participe aux discussions de l’Association générale des femmes allemandes, l’Allgemeiner Deutscher Frauenverein. Elle rejoint un cercle d’étudiants prônant le socialisme révolutionnaire, où elle rencontre Ossip Zetkin, un réfugié russe qui deviendra le père de leurs deux fils, et dont elle adopte le nom. Devenue professeure de langues étrangères, elle s’éloigne du féminisme familial qu’elle juge « bourgeois », et adhère en 1878 au parti socialiste allemand, le futur parti social-démocrate d’Allemagne (SPD), interdit la même année par Bismarck.

En 1880, Ossip est arrêté et expulsé d’Allemagne. Clara se réfugie à Zurich puis rejoint son amant en 1882 à Paris. Ce dernier meurt de tuberculose en 1889. La même année se tient à Paris le congrès fondateur de la Deuxième internationale ouvrière. Dans un discours, elle revendique l’égalité économique, juridique et politique des femmes, leur droit d’accéder librement au travail et de participer à la lutte des classes.

Journaliste et inspiratrice

Après l’abolition des lois antisocialistes, Clara rentre en Allemagne et crée en 1892 le journal « Die Gleichheit » (l’Égalité) basé à Stuttgart, qu’elle publiera jusqu’en 1917. Le média se veut un outil d’éducation populaire des femmes ouvrières et d’information sur leurs conditions de travail. Il suscitera un important mouvement social-démocrate féminin. Elue à la tête du nouveau « Bureau des femmes » du SPD en 1907, Clara organise à Stuttgart la Première conférence internationale des femmes socialistes, qui créera l’Internationale socialiste des femmes (ISF). La nouvelle organisation regroupe les femmes de partis socialistes de 15 pays, adopte « Die Gleichheit » comme organe officiel et comme siège de ses activités. Ses priorités sont l’instauration du suffrage universel et le droit de vote pour les femmes de toutes conditions.

Lors de sa seconde conférence à Copenhague en 1910, Clara Zetkin et la politicienne et militante féministe russe Alexandra Kollontaï, proposent d’organiser une Journée internationale des Femmes. Inspirée de la Journée nationale de la femme lancée en 1909 par le Parti socialiste étatsunien en faveur de l’émancipation des femmes, l’initiative se veut une manifestation annuelle pour le droit de vote, l’égalité entre les sexes, et le socialisme. Fixée aujourd’hui le 8 mars, sa première édition se tient 19 mars 1911, et rassemble plus d’un million de personnes en Autriche, au Danemark, en Allemagne et en Suisse.

Députée puis exilée

Durant le premier conflit mondial, Clara organise une conférence internationale des femmes socialistes contre la guerre à Berlin. En raison de ses opinions, elle est plusieurs fois arrêtée. En 1916, elle quitte le SPD, et co-fonde le mouvement d’extrême gauche révolutionnaire spartakiste, qui devient le Parti communiste d’Allemagne (KPD). Après l’armistice, alors que les femmes obtiennent le droit de vote et d’élection, Clara est élue députée du KPD de 1920 à 1933. Contrainte de fuir l’Allemagne après l’arrivée au pouvoir des nazis et l’interdiction du KPD en 1933, Clara se réfugie en URSS et meurt quelques semaines plus tard près de Moscou à 75 ans. Sa tombe repose sur la place Rouge.

ANECDOTE

Considérée comme une héroïne dans l’ancienne Allemagne de l’Est, des rues, des timbres et des billets de banque portent son nom.

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