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Muse : Françoise Sagan, libre et sensible

par Anne Fourney

24 septembre 2024

Les cheveux dans les yeux, son phrasé singulier, sa cigarette et son train de vie dispendieux : Françoise Sagan, auteure d’une vingtaine de romans à succès, était souvent décrite comme une femme libre. Disparue il y a tout juste 20 ans, son écriture reste indémodable.

« La culture, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale ».

Françoise Sagan

« Bonjour Tristesse », paru en 1954, a été un phénomène littéraire. Françoise Quoirez – Sagan étant un pseudonyme emprunté à un person- nage de Marcel Proust – n’a que 18 ans lorsqu’elle écrit ce premier roman. Vendu à des centaines de milliers d’exemplaires, il remporte un im- mense succès en France et à l’étranger. Il sera adapté en 1958 au cinéma par Otto Preminger. Le roman marque les esprits, fait scandale. Ainsi naît le phénomène Sagan. Dans la foulée, la jeune femme passionnée de littérature écrira pour le magazine « Elle » une série d’articles sur l’Italie, qu’elle arpente en vraie reporter : «Bonjour Naples», «Bonjour Capri», «Bonjour Venise». Elle écrit aussi pour «L’Express». Laissant de côté ses études, elle se consacrera à l’écriture pour le reste de sa vie. Sa notoriété grandit au fil de ses publications : elle écrira une vingtaine de romans, des pièces de théâtre, des scénarios pour le cinéma, des essais…

FLAMBEUSE ET LIBRE

Au cours de ses voyages, elle rencontre l’écrivain américain Tennessee Williams, la romancière Carson McCullers, qu’elle admire beaucoup, ou encore Orson Welles, Rudolph Noureev. Ses amis les plus proches sont Bernard Franck, Florence Malraux, Jacques Chazot, Juliette Greco… Françoise Sagan gagne vite beaucoup d’argent, grâce à ses publications mais aussi en jouant au casino. L’argent lui brûle les doigts, elle est aussi généreuse que dépensière. À l’âge de 24 ans, elle achète un manoir en Normandie, près de Honfleur, où elle reçoit beaucoup d’amis, s’achète des voitures de sport, s’habille avec élégance, fait beaucoup la fête. Si elle a été mariée deux fois à des hommes, le grand amour de sa vie est une femme : la styliste Peggy Roche. Leur relation, entamée en 1976, durera jusqu’à la mort de cette dernière, en 1991.

Françoise Sagan vit comme elle l’entend, faisant fi du regard des autres. En 1957, elle manque de mourir dans un grave accident de voiture à bord de son Aston Martin, qui lui provoquera d’insupportables souffrances pour lesquelles un puissant anti-douleur lui est prescrit. Elle devra d’ailleurs effectuer une cure de désintoxication, au cours de laquelle elle écrit un journal, «Toxique», illustré par Bernard Buffet. Cette addiction marquera Françoise Sagan jusqu’à la fin de sa vie. Elle aura des démêlés avec la justice pour des affaires de drogue et son implication dans l’affaire Elf, en 2002, lui vaudra une inculpation pour fraude fiscale. Ruinée, gravement malade, elle décède des suites d’une embolie pulmonaire à 69 ans. Dans son dernier texte, rédigé en 1998, où elle a écrit sa propre épitaphe : « Sagan, Françoise. Fit son apparition en 1954, avec un mince roman, Bonjour tristesse, qui fut un scandale mondial. Sa disparition, après une vie et une œuvre également agréables et bâclées, ne fut un scandale que pour elle-même. »

ANECDOTES

Le caractère affirmé et facétieux de Françoise Sagan s’est exprimé très tôt, pendant ses études et transparaît au fil de ses écrits. Elle évoquait ainsi son renvoi du collège, en classe de sixième : « (…) j’ai été mise à la porte. J’avais pendu un buste de Molière par le cou avec une ficelle à une porte parce que nous avions eu un cours particulièrement ennuyeux sur lui ».

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