par Charles Demoulin
1 octobre 2024
Janette s’attarde encore quelque peu sur les BD, afin de vous proposer quelques albums parus avant les grandes vacances et qui pourraient sans conteste figurer dans votre bédéthèque.
CHEZ ANSPACH
‘Moon – Une balle pour un croisé’
Trois cents ans après une guerre nucléaire mondiale, l’humanité a repris le dessus et s’est établie dans des mégapoles construites sur ce qui était autrefois l’Europe. Or donc, en cet an de grâce 2323, Emily, Alex et Cléo Moon passent une énième fois devant le recteur de leur école pour avoir de nouveau commis toutes sortes de bêtises. C’est vrai qu’avec des parents très souvent absents pour des raisons professionnelles ultra-secrètes, notre trio est élevé par des robots. Reste qu’aujourd’hui Alex a convaincu ses sœurs de suivre leurs parents. Et lorsqu’ils découvrent la nature particulière de leur travail…
Un récit qui s’inscrit dans la grande tradition des romans de science-fiction. Un scénario efficace, haletant et bien rythmé. Un dessin semi-réaliste en noir et blanc qui fait mouche. Bref, un premier opus plein de promesses et dont on attend la suite avec une certaine impatience.
CHEZ CASTERMAN
‘Bombes H sur Almeria’
Ce trente-cinquième volet des aventures de Guy Lefranc, un reporter enfanté par le regretté Jacques Martin, le père spirituel d’Alix l’Intrépide, se base sur un fait réel. À savoir que le 17 janvier 1966, en pleine guerre froide, et alors que l’armée américaine mène des manœuvres en Andalousie, un avion ravitailleur et un bombardier se percutent en plein ciel. De ce dernier tombent quatre bombes H, chacune 75 fois plus puissante que celle d’Hiroshima. Heureusement, pas armées, elles n’exploseront pas. Sauf qu’elles contamineront plus de 250 hectares de terre autour de village de Palomares.
Au printemps 1963, Lefranc, aidé de l’inspecteur Renard, résout un vieux mystère familial : la disparition en 1938, durant la guerre civile d’Espagne, d’Antoine Lefranc, l’oncle de Guy. L’occasion pour notre reporter de partir à Almeria, en Andalousie, afin de faire connaissance avec Inès de la Serna, la femme de son oncle, et de sa fille Soledad. Mais à peine arrivé, qu’il est confronté à un drame : deux avions militaires américains viennent d’entrer en collision et ont explosé en plein vol. Alors que des tonnes de débris métalliques retombent au sol, on apprend que quatre bombes thermonucléaires se retrouvent parmi les débris. Si l’affaire va interférer sur l’enquête de Lefranc, ce dernier continuera à se concentrer sur le secret qui concerne la mort de son oncle.
Un excellent album que n’aurait certes pas renié Jacques Martin.
‘Ulysse & Cyrano’
Cyrano, grand cuisinier s’il en est, perd la finale d’un concours national prestigieux au profit de son… apprenti. Désespéré ou fou de rage, il met le feu à son établissement et s’en va vivre au fin fond de la France profonde. Ulysse Ducerf lui, est un jeune gamin promis à un brillant avenir en reprenant la riche industrie de ciment que possède son père. Sauf qu’aujourd’hui ce dernier est rattrapé par un procès pour collaboration avec l’occupant.
Afin de ne pas mêler sa famille à ce scandale, papa Ducerf envoie son épouse et son fils bien loin de Paris. En Bourgogne pour être précis. C’est là qu’Ulysse va faire de manière plus qu’inattendue, connaissance avec Cyrano. Une rencontre qui va totalement bouleverser sa vie.
Résultat : un album merveilleux qui se partage entre gastronomie française et amitié. Un récit culinaire dans la France des Trente Glorieuses et qui va mettre le lecteur en appétit tout en posant des questions aussi nécessaires qu’universelles. Quel est le prix de la réussite ? Comment l’atteindre ? Où se trouve l’épanouissement ? Bref, un album de quelque 170 pages faites d’un scénario d’une belle intelligence et sublimé par des dessins et de coloris qui sont à déguster sans modération, et à savourer comme on le ferait avec un grand cru de Bourgogne. Un vrai coup de cœur que ce Ulysse & Cyrano !
CHEZ DELCOURT
‘Nevada – Viva Las Vegas’
Ce cinquième volet de Nevada se veut la conclusion dramatique de cette saga qui s’attachait non seulement aux débuts d’Hollywood, mais également à la face cachée du rêve américain.
Tout commence à Los Angeles où, à la sortie de la mairie, Louise et Nevada sont assaillis par la presse afin de savoir ce qu’il en retourne du procès Carlsen. Carlsen, l’ennemi juré de Louise Hathaway et de Nevada. Mais suite à la demande de leur avocat, ils resteront muets.
De retour à la villa de Louise, ils sont attendus par Butch, nouvel associé de Louise, et une amie de ce dernier. Amie qui demande à Nevada de faire évader Carlsen afin qu’elle puisse se venger de lui, mais cela, à sa manière plus que personnelle. Ce que Nevada va finalement faire afin de protéger Louise qui, en témoignant contre Carlsen, allait s’attirer les foudres du clan de ce dernier.
Un cinquième et dernier opus superbement maîtrisé avec un scénario final tissé de façon magistrale et avec grand soin, aidé en cela par le graphisme de Wilson qui met cette histoire en scène comme au… cinéma. Si vous n’avez pas lu les quatre premiers volets, à la lecture de ce cinquième vous filerez vite chez votre libraire, manière de les commander.
CHEZ GLÉNAT
‘Visage – Soleil cou coupé’
Épilogue de la saga ‘Visages’, cet opus met fin aux aventures de Georg, Louis et Lieselotte lancés dans l’enfer de la Seconde Guerre mondiale, et plus spécialement dans celui des camps de concentration. Basé sur des faits historiques, cet album conclusif plus que bouleversant nous pousse à nous interroger sur ce qui détermine notre identité et ce qui constitue ce que nous sommes. Nous laissant entrevoir en final, que la vie est ce qu’on a décidé d’en faire.
Georg, ‘l’enfant de la honte’ car né d’un amour passionné entre Louis Kerbraz, soldat breton, et Lieselotte Ruf, une photographe allemande, a grandi orphelin. Devenu sniper pour l’armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale, il a retrouvé son père, sur le champ de bataille. Ébranlé par cette rencontre qui remet en perspective tout ce que jusque là il avait imaginé, il se lance à la recherche de sa mère, opposante au régime nazi, et aujourd’hui enfermée à Mauthausen. La suite et fin… je vous la laisse découvrir via un graphisme tout en douceur, en délicatesse, et qui touche au sans-faute.
CHEZ MARABULLES
‘Le mécanisme’
Un matin d’août 1981, après une immense fête dans son manoir de San Francisco, Marcus Carlton, un romancier mondialement connu depuis la fin des années 1970 après la publication de son seul et unique roman, ‘Le mécanisme’, prend une décision pour le moins radicale : celle de se suicider en sautant du haut du Golden Gate. Chose paradoxale : son corps n’a jamais été retrouvé.
En 2009, Jonathan Bennett, un jeune écrivain passionné par le livre de Carlton, décide de partir en Espagne afin de se documenter sur l’écrivain disparu et qui aurait passé quelque temps à Palma de Majorque. Là-bas, il va croiser la route de Carter, un vieil homme solitaire, quelque peu acariâtre, qui va le défier sur le sens à donner à ce livre du ‘Mécanisme’. Qui finalement aura raison ? Une chose est certaine, le dessin d’Ángel Trigo ne laisse personne indifférent.
‘Tu n’auras pas mon silence’
Marie est modèle. Alors qu’elle se rhabille après une séance photo de nu, un homme rentre dans le studio sans prévenir. Il s’agit en fait d’Arthur, l’ex de Marie. Bien que leur relation soit rompue, Arthur lui assure qu’il l’aime tellement. Or, dans le taxi qui les ramène, Marie veut soudain l’embrasser, mais Arthur la repousse, lui expliquant qu’ils ne sont plus ensemble. Arrivé chez Marie, il lui demande s’il peut monter pour se rendre aux toilettes. Comme la soirée se prolonge, il manque le dernier métro et doit dormir dans le lit de Marie. Mais rien ne se passe et au lever du jour il s’enfuit sans demander son reste.
Ne sachant plus quoi, Marie se remémore alors son passé avec Arthur. Une histoire d’amour qui, finalement, lui apparaît sous la forme d’un mécanisme d’emprise durant lequel elle a subi des violences psychologiques totales, des abus et même des viols conjugaux.
S’inspirant de son vécu et d’expériences personnelles, l’auteure, Florence Rivières, qui fut elle aussi modèle photo, explique que les silences des femmes quant au mécanisme de l’emprise, ne fait que protéger leurs bourreaux. Quant au dessin de Juliette Steren, il traduit à merveille les ambiances du récit.
AU TIROIR
‘Ciao Poulette’
La Romaine Sophia Stromboli est capitaine chez les carabiniers de la capitale italienne. Un sacré paradoxe lorsque l’on sait que son père, Gino Stromboli, était un ponte de la mafia abattu par la police alors qu’elle n’avait que dix ans. Aujourd’hui, la jolie fliquette a été mutée en Sardaigne. En cause, son incapacité à mettre fin à une longue suite de meurtres commis par un serial killer.
Alors qu’aujourd’hui elle n’est pas de service, elle rappelée d’urgence suite à la découverte du corps d’une jeune femme sur une de ces plages idylliques que propose la Sardaigne à nombre de touristes. En examinant la victime, Sophia découvre dans une des poches de celle-ci, une photo d’elle en uniforme. Photo prise juste avant sa mutation en Sardaigne. Pour elle, pas de doute, Midas, le tueur en série, a de nouveau frappé. Toutefois, lancée sur les traces de l’assassin, Sophia est victime d’une lourde chute qui l’envoie à l’hôpital. Midas a-t-il définitivement gagné la partie ? Pas si sûr !
Si je vous dis que cet album est signé André Taymans et François Walthéry, vous aurez vite compris que de jolies filles pas toujours très habillées agrémentent ce polar édité en format ‘à l’italienne’, qui constitue avant tout un superbe moment d’évasion.
‘Alex Nora – Opération Bolivar’
En 1991 débarque dans le magazine ‘Hello Bédé’ et dans ‘Kuifje’, son pendant néerlandophone, un photographe de presse baroudeur sorti de l’imagination de Gabrielle Borile et de Chantal van den Heuvel, deux scénaristes. Quant à la mise en images, elle est confiée à André Taymans dont le graphisme préfigure déjà ce que sera celui de Caroline Baldwin, la BD à grand succès de l’ami André.
« Ma chère, dans mon métier on choisit : sortir le mouchoir ou alors l’appareil photo. » Alex Nora, reporter-photographe, débarque en Colombie afin de réaliser un reportage sur les guérilleros, mais bien décidé à ne pas se laisser dépasser par les événements. Et pourtant… Sortez vos gilets pare-balles, ça va flinguer !
Vingt-trois plus tard, cet Alex Nora enfanté par Borile et van den Heuvel est enfin réédité dans une version partiellement redessinée et recolorisée. De quoi vous offrir de l’aventure avec un grand A, et surtout le plaisir de redécouvrir un André Taymans qui, à l’époque, affichait déjà un style qui allait ravir tous les amateurs de bonnes bédés.
CHEZ SOLEIL
‘Caledonia 1/3 – La IXe légion’
C’est une nouvelle série sous forme de triptyque que nous proposent Corbeyran au scénario et Emmanuel Despujol au dessin. Un triptyque qui s’appuie sur l’histoire de l’Écosse du début du premier millénaire, mais également sur cette incroyable mythologie celte qui nous a valu bien de beaux récits.
À l’aube du 2e siècle de notre ère, en Caledonie, les tribus scots sont confrontées à une invasion romaine. Pour l’occasion, elles s’allient aux géants Fomôrés, derniers survivants d’un vaisseau échoué jadis près de leurs côtes. D’autre part, durant leur avancée dans cette Caledonie ennemie, Lucius, centurion romain et commandant en chef de la IXe légion, a réussi à prendre en otage Leta, fille de Galam, le puissant chef du clan scot.
Entre haine et passion, une relation va peu à peu se nouer entre Lucius et Leta. Relation toxique qui amènera finalement cette dernière à trahir celui qui avait fini par lui accorder sa confiance. Une trahison qui va précipiter les troupes romaines vers une cuisante défaite célébrée comme il se doit par les tribus scots et leurs alliés mythologiques, les géants Fomôrés.
On connaît Corbeyran pour ses qualités de scénariste hors pair. Alors, quand il s’associe à Despujol qui tout d’abord est un fana de la documentation quand il s’attaque à un album, mais qui se veut aussi un dessinateur aux cadrages plus qu’efficaces, on obtient un premier volet qui laisse augurer de grands moments de bravoure… et de surnaturel.
‘Maîtres assassins 4/4 – Malgerian’
Ce quatrième volet marque la suite et fin des Maîtres assassins, les tueurs les plus aguerris qui soient en Oscitan.
Un seigneur des Soupirs a autrefois loué les services des Maîtres assassins contre le prix de leur choix. Et ce prix c’était celui de son fils cadet, Armant de Lanslet. Et quand la guilde réclame enfin son dû, Armant est associé à trois jeunes gens afin de suivre l’entraînement qui fera d’eux des tueurs. Vu ses dispositions, Armant prend la tête du groupe pour réaliser sa toute première mission. Mission plus que périlleuse il est vrai. Désormais, il n’est plus Armant de Lanslet, il est Malgerian.
Comme chaque album étant différent, nous avons l’occasion aujourd’hui de découvrir un nouveau personnage qui va comme d’habitude vivre dans un univers fait d’enquêtes et de combats. Dans ce dernier opus superbement ficelé, on mettra également en exergue le graphisme maîtrisé du Roumain Victor Drujiniu.
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