par Victoria Lecointe
16 octobre 2024
Un thème historique aux accents contemporains : ‘La Pouponnière d’Himmler’, de Caroline de Mulder chez Gallimard. L’autrice sera au Luxembourg le 18 octobre, à l’occasion d’une conférence organisée par l’institut Pierre Werner.
La Pouponnière d’Himmler, vous vous en douterez, n’aborde pas un sujet joyeux. Dans ce roman de près de 300 pages, l’autrice nous présente trois personnages qui évoluent à quelques pas les uns des autres, mais dont les destinées ne pourraient être plus éloignées.
Renée, tondue en signe d’humiliation pour avoir aimé l’ennemi, fuit son pays, portant la vie d’un homme qui, tout en l’ayant guidée de son mieux, semble manquer à l’appel.
Helga, infirmière dans le Lebensborn où la jeune française pense trouver refuge, suit à la lettre les instructions, persuadée d’œuvrer pour le bien commun, même si ces instructions semblent parfois bien cruelles.
Marek, prisonnier de guerre, dont les aspirations de fuite effraient autant que l’abandon de son corps répugne.
À la fin de cette lecture, il est très tentant de faire le parallèle avec d’autres ouvrages, non pas historiques, mais contemporains, féministes, éducatifs ou encore écologiques. Le projet Lebensborn visait à utiliser le corps des femmes, leur fonction reproductrice, pour repeupler à l’image unique d’un peuple à but uniforme et exclusif. La source même de ces enfants, utilisés comme arme démographique, arme idéologique, futurs soldats.
Ces petits qu’aujourd’hui nous souhaitons élever comme un baume écologique, qui soigneront peut-être notre planète et nos âmes mieux que nous. Ces femmes que l’on exhorte désormais à continuer de procréer dans un monde qu’elles peinent à porter. Il y a là comme une répétition, dont il nous reviendra de juger individuellement si elle sert désormais de nobles objectifs.
Caroline de Mulder aborde un thème horrifique, ancestral et immuable. Elle l’aborde sans occulter la vérité, en nous la soufflant avec les mots justes et, brillamment, en parvenant à conserver un soupçon d’humanité et d’amour.
Quelques citations :
« L’infirmière lui souffle qu’il n’est pas rare d’être émotive après la naissance, c’est la chute des hormones, mais il faut se contrôler et ne rien montrer. »
« Quelle injustice qu’un soldat meure en un instant et mette seize ans à grandir.
« Schwester Helga ferme les yeux, Mein Gott, Mon Dieu, je ne savais pas. »
« Il n’y a pas d’un côté le bien, de l’autre le mal, il y a de longues glissades dont on ne se relève pas, et des passages parfois imperceptibles de l’un à l’autre. Quand on s’en rend compte, il est déjà trop tard.»
À noter dans vos agendas :
Caroline de Mulder sera à Luxembourg le 18 octobre, pour une conférence organisée par l’institut Pierre Werner.
Infos :
Vendredi, 18.10.2024 à 19:00 – Neimënster, 28 rue Münster, Luxembourg-Grund
Tickets 10 € | 5€ (<26 ans) | 1,50€ (Kulturpass)
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