‘Trahison’ de Buendia, Zumbiehl et Philippe chez Dargaud

C’est vrai qu’à la lecture du nom des auteurs, les accros à la BD d’aviation savent que l’on a affaire à Tanguy et Laverdure, deux pilotes de l’armée de l’air française enfantés à l’époque par Jean-Michel Charlier et Albert Uderzo. Des pilotes qui connurent les joies de la Télé avec la série : ‘Les Chevaliers du ciel’.

Retournés désormais au paradis des héros de papier, Charlier et Uderzo ont vu d’autres scénaristes et dessinateurs résolus à continuer à donner vie à Tanguy et Laverdure, qu’on retrouve ici dans des camps opposés. On vous explique.

Emprisonné en Russie, Tanguy est contraint d’accepter de former des pilotes chinois qui violent régulièrement l’espace aérien de la très convoitée île de Jinian. Quant à Laverdure, il fait partie des pilotes français envoyés par l’OTAN pour sécuriser l’île contre ces incursions hostiles. Si cela dégénérait en guerre ouverte, les deux amis se retrouveraient dans des camps opposés… 

Un nouveau scénario haletant de Patrice Buendia et Fred Zumbiehl, très fortement marqué par la géopolitique actuelle, et un Sébastien Philippe toujours efficace est précis au dessin. Et les dames dans tout cela me direz-vous ? Ouvrez cet album, et vous verrez qu’elles foisonnent dans cet album. Aussi bien du côté des pilotes chinois, qu’en ce qui concerne le commandement, et les escadrilles de l’OTAN. Des ‘gentes dames’ qui nous livrent parfois des scènes de combats particulièrement spectaculaires et à couper le souffle.

Reste qu’il vous faudra attendre ‘Opération aube rouge’, pour connaître la suite et fin de cette aventure qui va vous tenir méchamment en haleine dès la première page.

‘Quand la nuit tombe – Mylaine’, de Marion Achard et Toni Galmés chez Delcourt

Septembre 1943, nées juives comme des millions d’autres, Mylaine et sa petite sœur Lisou se cachent avec leur famille dans un chalet à douze kilomètres de Grenoble. Mais le destin les rattrape et les sépare : Lisou s’échappe tandis que Mylaine est arrêtée par les nazis avant d’être déportée dans un camp de concentration en Pologne. 

Tout commence en janvier 2022 lorsque Marion rend visite à sa tante Mylaine, aujourd’hui âgée de 99 ans, mais toujours hyper bien dans sa tête. Pour Marion, il s’agit de savoir pourquoi Lisou n’a pas vécu l’enfer des camps de concentration au contraire de sa sœur, Mylaine.

Et Mylaine, qui entend livrer son témoignage afin que les jeunes d’aujourd’hui sachent, de raconter à sa nièce, mais surtout à nous lecteurs, comment elle s’est sacrifiée pour sauver toute sa famille.

Après l’émouvant récit de Lisou, voici celui de sa grande sœur Mylaine qui, pour sauver sa famille, se sacrifia et vécut l’innommable réalité des camps de concentration. Un récit utile et indispensable, remarquablement servi par le trait délicat et les couleurs à l’aquarelle de Toni Galmés.

‘Papy Boulet’, de Jean Leroy et Lorena Calderón chez Ensemble (Kennes)

Faute de n’avoir pu trouver une autre solution pour les vacances, Salma, 12 ans, est obligée d’aller passer une semaine chez son grand-père. Pour elle, aller chez Papy Boulet, c’est comme aller en prison ; ou plutôt, non, c’est pire, car en prison, au moins, il y a la télé́ !

Mais bon, entre le fast-food local et la conduite sauvage du tracteur, ces deux-là vont quand même finir par se trouver des affinités. Le boulet ronchon a peut-être un petit cœur en guimauve après tout…

Sentiments, sens de l’humour inattendu… Papy va se révéler plutôt doué́ en la matière, baptême en tracteur, battleautour d’une fable de La Fontaine, passage épique au fast-food… tels sont les principaux ingrédients du cocktail de ‘Papy Boulet’!

Amusant aussi bien pour les jeunes que pour les parents… et peut-être surtout grands-parents, cet ouvrage à l’humour décalé, et vachement sympa il est vrai, est élégamment servi par le dessin très coloré de Lorena Calderón. 

‘Liberty Bessie T4 Afro-américaine’, de Djian, Vincent et Buendia chez Vents d’Ouest

Avec cet ouvrage, vous découvrirez la suite et fin de la série en quatre volumes, que les auteurs consacrent à Bessie, une pilote afro-américaine forte et indépendante qui entend vivre sa passion en étant libre de toutes contraintes. Petit survol de la série.

Liberty Bessie est devenue une pilote chevronnée ! À la recherche de ses racines, elle dirige désormais une petite compagnie aérienne en Éthiopie, aux côtés de Max, le mécanicien français… Quand la pilote russe Natalia Bortsova arrive et lui propose de l’aider pour former au pilotage de jeunes Éthiopiens, Bessie ne se méfie pas. Nous sommes en pleine guerre froide et les autorités américaines la mettent en garde contre les ‘fourberies’ soviétiques.

Pour ces autorités, Natalia est potentiellement une espionne. Mais Bessie n’entend pas . Elle n’a qu’une idée en tête ; voler sur des appareils à la pointe de la technologie. Elle est très motivée aussi par l’idée de former des jeunes Ethiopiens au pilotage… 

Cependant, elle doit aussi travailler pour sa propre compagnie de fret, car Max l’a prévenue que ça ne se passe pas bien. Quelle n’est pas sa surprise quand elle voit arriver sa mère en provenance des États-Unis ? Elle ne comprend pas bien les raisons de sa venue, et si elle est heureuse de la revoir, ça la perturbe.

Tout se passe pour le mieux avec Natalia quand soudain, un accident vient bouleverser les choses. La CIA commence à enquêter, et des agents russes apparaissent dans le décor. Bessie commence alors à se poser des questions. Qui est vraiment Natalia ? Qui sont ses vrais amis ? Et qui joue double jeu vis-à-vis d’elle ? Tout se tend, et l’affrontement final aura lieu dans le ciel où Bessie devra montrer toute son habileté pour s’en sortir. 

Découvrez le destin de Liberty Bessie, la reine du ciel, à travers ce nouveau tome plein d’action ! Une saga d’aviation au parfum d’Histoire, mais surtout d’aventures.

‘La tête dans les nuages’, d’Emmanuelle Friedmann et Céline Bailleux chez Soleil

La rentrée en CP s’avère compliquée pour la petite Anaïs, 6 ans : elle a du mal à se concentrer, est très lente dans les apprentissages, les devoirs prennent des heures, distraite, elle oublie constamment ses affaires. 

Commence alors pour Céline, sa maman, et Anaïs, un long parcours de spécialistes. Des tests effectués pour comprendre d’où viennent ses difficultés révèlent qu’elle a le TDAH, à prédominance inattentive.

Pour la maîtresse d’école, c’est peut-être la séparation parentale qui peut s’avérer une cause tout à fait possible. Perturbée, Céline, après avoir culpabilisé, va alors chercher à gauche et à droite, y compris du côté des médecins ou de sa propre mère, les raisons du pourquoi.

Le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité est un trouble du neurodéveloppement qui entraîne un handicap dans la vie de tous les jours. Le TDAH concerne 6% des enfants d’âge scolaire et 3% des adultes.

Dans cet ouvrage pour le moins très instructif, l’auteure, via le témoignage de Céline Bailleux, celle-là même qui illustre cet album et qui est la maman d’un enfant TDAH, nous invite, avec humour il est vrai, à une prise de conscience de ce qu’est ce mal très peu connu.

‘Le procès de la Ministresse  Henriette Caillaux, 1914’, de Arcanes et Antonio De Luca au Tiroir

Le 16 mars 1914, la Ministresse Caillaux, l’épouse du ministre des Finances, éreintée par une virulente campagne de presse, tire sur le directeur du Figaro. Gaston Calmette décédera quelques heures plus tard des suites de ses blessures. 

Si la fin de l’Affaire Dreyfus marque le début d’une ère d’insouciance, le procès d’Henriette Caillaux en sonnera le glas. Ce dernier, moins connu, a néanmoins secoué la France au point d’en éclipser les prémices de la Grande Guerre… et surtout de diviser l’opinion publique.

Et ce 20 juillet 1914, tous les regards sont tournés vers les Assises de Paris pour l’ultime grand procès criminel de la Belle Époque… 

Troisième album de la collection ‘Heure H’, cet ouvrage s’impose comme une plongée fascinante dans l’Histoire et les luttes d’une époque, et où chaque case résonne comme une plaidoirie. Entre scandale, drame humain et suspense judiciaire, les auteurs réussissent l’exploit de nous placer au premier rang d’un tribunal où se joue bien plus qu’un verdict. Tout simplement du grand art !