par Paule Kiénert
12 mai 2025
Exit les a priori, pour Maggy, être une femme technicienne en aéronautique s’avère naturel. Sa passion dans le viseur, notre jeune interviewée a tracé sa voie – aérienne – depuis l’école jusqu’à un métier hors du commun dans lequel nous avons pu la voir évoluer comme un poisson dans l’eau… qui ne manquerait pas d’air ! Rencontre motivante pour jeunes en quête d’avenir professionnel et parents en questionnement.
Vous avez débuté votre carrière en 2018 chez Luxair, en tant qu’apprentie technicienne en aéronautique et, à 26 ans, vous occupez actuellement le poste de Junior Aircraft Technician. À quel moment vous est venue l’envie d’effectuer ce métier peu courant ?
J’adore voyager et, depuis toute jeune, le milieu de l’aviation me fascine. Je me suis rapidement demandé : comment un avion peut-il voler ? Et l’aspect mécanique de la chose a éveillé ma curiosité. J’ai donc commencé un cursus technique au Lycée Emile Metz pour apprendre comment cela fonctionne. Pendant un stage d’observation d’une semaine chez Luxair, mon intérêt pour la mécanique s’est renforcé et je suis restée en contact avec le « training department » de l’entreprise.
Pouvez-vous nous en dire davantage sur la formation que vous avez suivie ?
J’ai suivi le cursus de mécanicienne de machine industrielle du Lycée Emile Metz pour pouvoir, plus tard, faire le cours de mécanique en aéronautique. C’est le seul lycée au Luxembourg à proposer un parcours concomitant avec les entreprises pour le poste de mécanicien en aéronautique. Durant deux ans, j’ai ainsi pu suivre des cours trois jours par semaine en alternant avec deux jours par semaine chez Luxair. J’ai ensuite pu obtenir un poste dans l’entreprise.
Diriez-vous qu’il s’agit d’un métier-passion ?
Oui. Tout ce qui concerne l’aviation est très passionnant. Mon métier n’est jamais ennuyeux. Chaque jour – ou chaque nuit, car nous travaillons en trois postes – c’est autre chose. La nuit, nous savons en général à quoi nous attendre, car c’est là qu’ont lieu les « routines », des contrôles systématiques effectués toutes les 24 heures sur tous les avions, ainsi que d’autres contrôles à intervalles réguliers, préconisés par le constructeur. Pendant la nuit, nous préparons ainsi les avions pour qu’ils soient prêts à voler en toute sécurité. Concernant les postes en matinée ou en après- midi, nous répondons davantage aux demandes des pilotes ou de l’équipage pour résoudre tout type de problématique, d’une lampe qui ne fonctionne plus sur un bouton aux masques à oxygène à recharger. C’est aussi très intéressant, ce contact permanent que nous avons avec pilotes et stewards.
Savez-vous combien de femmes au Luxembourg ou en Europe exercent ce métier?
Je ne sais pas. On n’est pas beaucoup ! Mais je n’ai pas l’impression d’être une exception. On parle de plus en plus de notre métier, ce qui attire de plus en plus de curieux et… curieuses.
Avez-vous créé la surprise au sein de votre famille lorsque vous avez manifesté l’envie d’emprunter cette voie ?
Oui et non. D’un côté, mes parents savaient que je m’intéressais au domaine de l’aviation. C’est plutôt le métier de mécanicienne qui les a surpris. Ma mère, surtout, s’est étonnée : « Tu vas te salir les mains ! Tu es sûre de vouloir faire ce métier ? » (rires) C’est vrai, je suis assez féminine. Mais j’ai pu le rester !
Avez-vous senti des réticences dans votre entourage, au cours de votre parcours de formation ou de recrutement concernant le fait que vous soyez une femme ?
Aucun. Plutôt le contraire. Comme on est peu, on se sent vite comme dans un petit cocon. Ici, j’ai trouvé ma deuxième famille. On se protège les uns les autres et, en tant que fille, je trouve que mes collègues prennent particulièrement soin de moi, ils sont vraiment attentionnés. L’ambiance est bonne et j’ai bien sûr droit à des blagues. On m’appelle souvent pour les travaux minutieux – j’ai la réputation d’avoir le geste précis et soigné.
Pensez-vous que cela puisse être une force, un atout, d’être une femme dans votre métier ?
Oui, on vient de parler de mes mains fines et il y a aussi beaucoup d’endroits peu accessibles où il vaut mieux être d’un petit gabarit.
Votre métier implique-t-il de prendre des risques ? Des responsabilités ?
Oui, il implique surtout des responsabilités. L’aviation est évidemment très rigoureuse avec la sécurité. On reçoit beaucoup de formations, avec toujours des mises à jour pour être au point. Nous devons nous assurer que les avions sont aptes à voler. Le poids le plus lourd est donc la sécurité de nos passagers et de nos équipages. Mais c’est devenu un stress positif, une partie intégrante de mon métier qui le rend également très intéressant. On sait qu’un avion va atterrir, qu’on a par exemple 40 minutes pour faire sortir les passagers, résoudre un problème et parvenir à les faire embarquer pour qu’ils arrivent à destination sans trop de retard. On est alors satisfait d’avoir fait le travail et de les voir partir à l’heure !
Est-ce un métier contraignant en terme d’horaires ?
Nous travaillons 24 heures sur 24 et 365 jours sur 365. Pour cela, nos équipes sont organisées en trois postes : nuit, matinée et après-midi. Si on travaille le matin, on commence très tôt, mais on a l’après-midi pour nous. Puisque nous travaillons aussi le week-end, nous avons également beaucoup de jours « off » qui nous permettent de faire des choses plus tranquillement durant la semaine, lorsque les autres travaillent !
Que faites-vous quand vous ne travaillez pas ?
J’adore voyager ! Avec nos horaires, nos week-ends font toujours trois à quatre jours et j’en profite pour partir.
Concilier vie professionnelle et vie privée vous semble-t-il compliqué ?
Non, je dirais même que mon métier est un atout pour une vie privée équilibrée, même si je me projette avec une vie de famille. L’une de mes collègues est mère de famille, et grâce aux horaires décalés, elle peut organiser les journées autrement qu’en ayant recours à la crèche. Puisque l’on travaille le week-end ou la nuit, on a plus de temps en semaine et en journée pour la famille et les loisirs. Mes parents travaillent également en tournées, c’est aussi une habitude pour moi. Je ne connais pas d’autre organisation finalement!
Quel message aimeriez-vous faire passer aux jeunes femmes qui souhaitent entreprendre une carrière « atypique » ?
Ne pas avoir peur de l’échec, ni du jugement. Si on ne réussit pas la première fois, on réessaie. J’avais candidaté une première fois chez Luxair sans que ma candidature ait été retenue. Je n’ai pas laissé tomber pour autant. J’avais un but : devenir mécanicienne en aviation, alors j’ai ressayé et j’ai été embauchée ! Garder son objectif et maintenir le cap, voilà ce que je pourrais conseiller.
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