#Janette bien dans sa tête | #Psycho & Bien-être

J’ai horreur des fêtes de Noël et de fin d’année

par Claudine Boulanger-Pic

12 décembre 2022

Les rues et les vitrines se colorent et s’illuminent, les sapins apparaissent à tous les coins de rue couverts d’or et d’argent, les pubs à la télé et les réseaux sociaux chantent la magie de Noël, alors que vous, vous avez peur des fêtes de Noël. Cette fête déclenche chez vous une vive angoisse, voire vous rend très amère. Comment s’explique ce stress des fêtes de Noël et surtout, comment le surmonter ?

Dans les films de Noël les scénarios les plus tristes terminent toujours en contes de fées. C’est ce qu’on appelle la magie de Noël.

Hic : cette magie-là n’opère pas sur vous. Vous, vous êtes plutôt le stroumpf grincheux de la famille, vous ne vous sentez pas à votre place, attablée avec ces gens que vous percevez plus comme d’effrayants Gargamel que comme des proches aimants et bienveillants. 

Dès la première illumination dans la ville, l’approche des fêtes vous stresse et vous rend triste. Vous faites partie des angoissées de Noël. Et il y en a plus que vous ne pensez, Janette, alors que vous croyez être la seule. 

Noël = stress et angoisse au pied du sapin.

Beaucoup de patients m’ont dit : « Je n’aime pas cette période », « J’ai envie que ça finisse », « Tous les ans c’est la même chose… ». La liste des nombreuses confessions anti-Noël est bien longue. J’ai même pu observer une recrudescence des prises de rendez-vous après les fêtes et janvier de transformer mon cabinet en bureau des pleurs ! Noël ravive les mauvais souvenirs, les dissensions entre les parents, la pauvreté, le regret de la fête encore ratée….

Au-delà du cabinet de psychologue, le phénomène se confirme à grande échelle. Selon les chiffres d’un sondage publié en 2016, plus d’un tiers des Français décrivent Noël comme une obligation qu’ils redoutent. La peur de Noël est d’ailleurs si courante qu’on en a fait un néologisme : la natalophobie.  

En cause, les longs trajets en voiture et la prise de poids, qui préoccupent respectivement 22 et 30% des Français. La course aux cadeaux de Noël présente également une vive source de stress voire une corvée. Mais ce sont les tensions familiales qui figurent en tête des sources d’angoisse de Noël (36%). L’amour est au cœur du problème : celui qui manque, ou qui a manqué, un manque d’amour réel ou pas, mais perçu dans tous les cas. Pour de nombreuses personnes, le vécu de Noël est celui du manque, de la tristesse ou de la jalousie alors que Noël est censé être synonyme de chaleur et de tendresse. Parmi les problèmes avancés figurent en particulier le rapport aux parents et la jalousie entre frères et sœurs : « Il en avait toujours plus que moi », « J’ai été la moins aimée de la fratrie », « les enfants ne viennent plus, on est seuls », « les parents ne sont jamais contents », etc.

Pour certaines, aller chez les parents à Noël est synonyme d’un retour mélancolique à son enfance. Avoir quitter la maison de ses parents a nourri le sentiment d’être devenue adulte, d’avoir muri ; alors retrouver la famille à Noël replonge dans les souvenirs liés à la place dans la fratrie, et réanime les contentieux dus aux différences mal digérées. 

Pour d’autres angoissées de Noël, cette réunion familiale représente la perspective d’un bilan forcé sur soi-même, de devoir se justifier de sa situation amoureuse, professionnelle et personnelle devant des gens auxquels on n’a pas choisi d’être liée. On a beau assumer d’ordinaire qui on est la plupart du temps, il reste difficile d’accepter les remarques acerbes du grand-oncle qui nous rappelle chaque année qu’on est toujours célibataire/au chômage/grosse/pas encore maman (rayer la mention inutile, ajouter les oublis).

Le vrai problème ? Noël est omniprésent – dans la rue, dans les dialogues avec ses collègues, à la télévision, sur internet, sur les réseaux sociaux… – et est perçu comme un rendez-vous familial obligatoire  et obligatoirement parfait.

Beaucoup de patients après les fêtes m’affirment qu’ils n’iront plus ou n’organiseront plus de repas de Noël, pourtant l’année suivante ils recommencent. Souvent c’est parce que, inconsciemment, ils espèrent recevoir enfin l’amour qui leur a tant fait défaut.

Conseils pour surmonter son angoisse de Noël 

Alors comment se réconcilier, au moins un peu, avec les fêtes de fin d’année ? 

Si la source de cette angoisse est bénigne, que Noël n’est au final qu’un « mauvais » moment à passer avec des proches avec lesquels on a peu d’affinités, la meilleure option est de faire le tri entre ce qui est important et ce qui l’est moins. Il s’agit d’accepter que sa famille est comme ça, qu’elle ne changera pas et qu’au fond, ce n’est pas grave. 

Cela implique de débrancher momentanément les relations toxiques qu’on peut avoir avec sa famille. 

Dans les cas où Noël est dur à vivre pour des raisons plus profondes, il convient de faire un travail sur soi-même afin, dans un premier temps, de découvrir ces raisons, et pour, dans un second temps, devenir capable de gérer la situation. 

Dans la plupart des autres cas :

  • On peut très bien décider de ne pas assister au prochain repas de Noël. Dans la mesure où la stratégie de l’évitement vous fait du bien, il n’y a pas de raisons de s’en priver et dans ce cas vous ne tolérerez aucun jugement sur cette décision de la part de quiconque.
  • On peut aussi proposer de transformer la fête de Noël. Vous osez en parler et négociez des clauses au contrat, par exemple : « Je viendrai seulement si telle personne n’est pas là » ; « J’accepte de vous recevoir tous si chacun prend en charge la confection d’un des plats » ; « Je ne viendrai que si nous renonçons tous aux cadeaux », etc.
  • Concernant les tracas type angoisse de ne pas faire le cadeau hadock ou de n’avoir pas trouvé les bons escargots, on leur fait la peau en revoyant ses exigences à la baisse – très important ! Oubliez les injonctions à la perfection de Noël qui déferlent sur tous les médias et vivez votre moment à vous. Même l’imperfection a ses charmes.

Vivent les Janette imparfaites et aimantes !

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