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Escapade en BD

par Charles Demoulin

5 novembre 2024

Au cours de notre visite bédéistique de cette semaine, il sera question d’Art nouveau et d’un hommage à ce génial architecte qu’était Victor Horta. Après cette promenade bruxelloise, direction le Mexique afin d’y retrouver un certain Corto Maltese tentant de négocier un lot d’antiquités mayas. Retour à Bruxelles pour découvrir de nouvelles facéties du duo Boule et Bill. Cela avant de faire une incroyable retrouvaille. Celle de Spirou, l’ami de tous, et que l’on retrouvera ici à la période de son âge d’or, la fin des années 1950. Après cette belle journée festive, nous embarquerons pour nous lancer à corps perdu dans le second cycle de saboteuses, puis nous franchirons l’Atlantique afin de nous plonger dans un western aussi sombre que violent. De quoi ainsi satisfaire tous les goûts.

‘Maison du Peuple 65’, de Patrick Weber et de Baudouin Deville chez Anspach

Grandes retrouvailles aujourd’hui avec Kathleen, cette héroïne qui, selon les événements du moment, a embrassé nombre de boulots aussi divers que variés. Désormais journaliste à la RTB, elle est envoyée à Venise afin de couvrir en cet an de grâce 1964, le ‘Congrès des architectes et des techniciens des monuments historiques’. C’est là également qu’elle doit rencontrer un certain Serge Durand, farouche opposant à la démolition de la ‘Maison du Peuple’, chef-d’œuvre du génial architecte Victor Horta. Maison située au centre même de Bruxelles. 

Il faut dire que son emplacement suscite en effet bien des convoitises auprès des promoteurs immobiliers qui ne s’embarrassent guère de saccager, à l’époque, la capitale belge. Or, Durand lui a promis des révélations fracassantes sur nombre de dessous de cartes. Sauf que sa mort aussi soudaine que suspecte le fait taire à jamais. De retour à Bruxelles, Kathleen est contactée par la veuve de Serge Durand qui lui explique que son mari avait mis la main sur le testament de Victor Horta. Un testament sous forme de rébus basé sur quelques-unes de ses réalisations les plus admirables.

Et Kathleen, aidée d’Antoinette Legein, professeure d’université spécialisée dans l’Art nouveau de se lancer dans un jeu de piste haletant à travers les rues de Bruxelles afin d’en faire cesser le massacre architectural.

Nouvelle histoire d’un pan de la Belgique avec un scénario toujours au top pour Patrick Weber bien aidé en cela pas le dessin académique et très agréable de Baudoin Deville. Un graphisme qui sied parfaitement à ce type d’histoire.

‘Maison du Peuple 65’, de Patrick Weber et de Baudouin Deville chez Anspach

‘Corto Maltese – La ligne de vie’, de Rubén Pellejero et Juan Diaz Canales chez Casterman

Le duo Pellejero & Canales, qui a repris avec brio les aventures du célèbre marin ténébreux enfanté par Hugo Pratt, nous propose de nous embarquer dans une nouvelle mission au cœur même d’une révolution mexicaine oubliée, et qui date de la fin des années 1920.

Parti là-bas suite à une demande de Bouche Dorée, Hugo doit y négocier l’achat d’un lot d’antiquités mayas auprès d’un archéologue sans scrupule. Et ce afin de vendre tout ce lot à prix d’or. Mais comme toujours avec notre marin aventurier, rien ne va se passer comme prévu puisque le voilà désormais contraint de convoyer un chargement d’armes pour les Christeros, ces révoltés catholiques qui se battent contre le gouvernement républicain et ses nouvelles lois anticléricales. Ce faisant, il va retrouver deux de ses vieilles connaissances : Raspoutine, qui a rejoint les ordres, et Banshee O’Dannan, la révolutionnaire irlandaise.

Outre d’être à nouveau un grand et beau pan de vie de notre marin au charme indéniable, outre d’être une nouvelle histoire palpitante, cet album nous amène également à nous poser diverses questions. Notamment sur le prix de la liberté et de la loyauté. Au-delà, il y a aussi le dessin de Pellejero qui ne cesse de nous offrir à chaque album de nouvelles facettes de son immense talent. Un album à ne rater sous aucun prétexte.

‘Corto Maltese – La ligne de vie’, de Rubén Pellejero et Juan Diaz Canales chez Casterman

‘Boule & Bill – Bill donne sa langue au chat !’, de Christophe Cazenove et Jean Bastide

Si Hugo Pratt a trouvé de dignes successeurs pour perpétuer les aventures de son Hugo Pratt, il en va de même pour ces merveilleux petits personnages, héros mythiques de la BD enfantine… et parentale, que sont Boule & Bill, le duo hilarant crée par Jean Roba.

Dans ce 45e opus qui se déguste comme un délicieux gâteau aux fraises, nous allons retrouver ce coquin de Bill qui aide ses copines mésanges à améliorer leur vitesse de décollage… en leur fonçant dessus. Ben voyons ! Pour le reste, il se conduit en chien ordinaire, sauf bien évidemment s’il croise une très charmante petite chienne. Là, il improvise. Comme l’hiver approche, il prétend désormais hiberner, une activité pourtant réservée normalement aux ours et aux marmottes.

D’autre part, comme papa a offert un globe terrestre à Bill, voilà notre Boule tout déstabilisé. C’est vrai que ce serait drôlement plus intelligent que les pays soient rangés par ordre alphabétique, car ici, c’est du n’importe quoi et tout un bazar pour les retrouver. J’allais oublier une autre nouveauté : Boule se déguise en Bill et Bill en Boule. Bref, et comme d’habitude, l’humour est au beau fixe et nous sommes toujours à 100% dans cet esprit inventif et talentueux qui fleure bon le Roba de notre jeunesse.

‘Boule & Bill – Bill donne sa langue au chat !’, de Christophe Cazenove et Jean Bastide

‘Spirou – La mémoire du futur’, d’Abitan, Guerrive et Schwartz chez Dupuis

Alors qu’on pensait Spirou perdu à tout jamais, enseveli sous les eaux, le groom se réveille en 1958, au beau milieu de ‘Spirou et les hommes-bulles’, après avoir été assommé dans le salon d’Herbert D’Oups. Dès lors, toutes les aventures vécues depuis sont des chimères et la cité sous-marine de Korallion-la-Ville-Bulle n’a jamais existé.

Le voilà de retour dans son âge d’or, l’année de l’Exposition universelle de Bruxelles. On y présente le futur tel qu’on l’imagine à l’époque… Mais le futur, Spirou sait qu’il ne ressemblera pas à cela, car lui, il l’a vu en rêve. Petit à petit, le doute s’installe en lui tandis que le comportement de Fantasio devient de plus en plus étrange. Bienvenue dans ‘La Mémoire du futur’, la suite de ‘La Mort de Spirou’ !

Spirou est donc bien reparti pour de nouvelles aventures avec Sophie Guerrive et Benjamin Abitan au scénario, et Olivier Schwartz au dessin. Un dessin fluide et expressif qui fait tout simplement merveille.

‘Spirou – La mémoire du futur’, d’Abitan, Guerrive et Schwartz chez Dupuis

‘Les saboteuses T3 – Mouche’, de Jean-Claude Van Rijckeghem et Thomas Du Caju chez Paquet

Sous ce titre se cache le premier opus du cycle 2 des ‘Saboteuses’. Londres, 1942. Hannah est une sage-femme au foyer élevant deux enfants dans une ville en proie aux bombardements. D’un caractère froid, elle ne comprend plus ce qu’elle fait là; à attendre son mari le soir et que la guerre se termine, pendant que d’autres disparaissent ou aident à la survie du pays. C’est décidé, elle va s’engager et rejoindre le SOE.

Normandie, quelques mois plus tard, Hannah est devenue Mouche, la responsable d’un réseau de résistance. La situation devient de plus en plus compliquée avec l’imminence d’un débarquement. L’occupant allemand est plus que jamais sur ses gardes et les missions n’en sont que plus périlleuses…

Ce troisième tome de Saboteuses permet au lecteur de plonger dans les origines de Mouche (Hannah) et de comprendre ainsi quelles ont été ses motivations pour rejoindre la Firme (SOE). Le scénario est toujours aussi savamment tissé, et le dessin toujours d’une extrême puissance dans son réalisme et la restitution minutieuse des engins, décors et habits de l’époque. Un superbe travail de recherche. Une très bonne BD historique qui continue à aborder cet aspect méconnu de la Seconde Guerre mondiale.

‘Les saboteuses T3 – Mouche’, de Jean-Claude Van Rijckeghem et Thomas Du Caju chez Paquet

‘Gunthrie’, de Christophe Cazenove et Serge Carrère chez Soleil

Theodore Oldhabit possédait un fusil avec, dessus, son portrait gravé par Annie Oakley, une future gâchette légendaire de l’Ouest américain. Aujourd’hui, Gunthrie, qui vit avec sa jeune sœur handicapée, part déposer ce fusil dans le cercueil de son salaud de père scalpé par un sioux à Little Big Horn. Or, le fusil est la cible de mercenaires, car le portrait d’Oldhabit est en fait le seul moyen de l’identifier. Car, comme de très nombreuses personnes le pensent, cet escroc de Theodore Oldhabit est moins mort qu’annoncé.

Chemin faisant, Gunthrie découvre alors un monde qui le rejette, une famille qu’il voulait fuir, et ce tout en se rendant compte que porter le même nom ne fait pas une famille, mais que c’est dans le sang que les liens se créent.

Si le scénario de ce premier volet peut paraître quelque peu alambiqué, on attend la suite avec grande impatience, il faut applaudir les dessins de Serge Carrère qui, bien que semi-réaliste sont évocateurs à souhait pour vous mettre dans l’ambiance.

‘Gunthrie’, de Christophe Cazenove et Serge Carrère chez Soleil


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