par Charles Demoulin
10 novembre 2024
Avec le changement horaire, les journées semblent plus courtes et les soirées plus longues. L’occasion de se calfeutrer chaudement dans son fauteuil et de s’offrir un bon petit moment de lecture. Et à ce propos, voici quelques titres qui pourraient grandement faire votre bonheur.
‘La faiseuse d’étoiles’, de Mélissa Da Costa chez Albin Michel
Le petit Arthur a cinq ans lorsque Clarisse, sa maman atteinte d’une maladie incurable, lui révèle un immense secret : elle va bientôt devoir le quitter pour aller fabriquer des étoiles sur une planète malheureusement très éloignée de la terre. En attendant le jour de son départ qui ne saurait tarder, elle passe le meilleur de son temps avec son fils, lui expliquant tout ce qu’elle fera quand elle sera arrivée là-bas.
Très curieux, Arthur écoute avec délectation ce que lui raconte maman, lui posant des tas questions dont les réponses lui font chaud au cœur. Arrive le moment tant redouté. Peu après, quand Arthur va apprendre que tout cela n’était que mensonges pour l’éloigner de la triste réalité, il rentre dans une colère dont il lui faudra un long moment avant de s’en remettre. Le temps qu’il devienne père à son tour et s’improvise un faiseur d’étoiles pour sa petite fille.
À travers cette histoire d’enfance bouleversante qui vous arrachera nombre de larmes, c’est d’un immense amour maternel qu’il est surtout question. Un magnifique conte de Noël !
‘Ce que tu n’as pas dit’, de Viviane Mazzichi chez Academia
Qu’est-ce qui a bien pu éloigner Valentina de sa fille ? C’est vrai qu’elle lui parle si peu. Mais c’est vrai aussi qu’elle a tellement à faire dans sa maison. Et puis, il y a surtout le fait que Valentina est de ce temps où les femmes restaient sagement au foyer et obéissaient à leur mari.
Mais à quoi bon ressasser le passé ? Sa fille ne comprendrait pas. Elle a étudié, comme le voulait du reste Valentina, pour avoir une vie meilleure. Cela fait, elle s’est éloignée. Alors, malgré ses soucis, malgré ses regrets, Valentina explique à tout qui veut l’entendre que tout va bien.
Jusqu’à l’alitement qui ramène sa fille à son chevet et fait ressurgir toutes ces questions autrefois esquivées. Vont-elles pouvoir renouer un lien distendu depuis tant d’années ? Pourront-elles se retrouver ? Se réconcilier ?
Dans ce qui est son premier roman, l’auteure lance constamment une passerelle entre une mère et sa fille, explorant avec elles passé et présent. Ainsi, au fil de ses souvenirs, elle aborde des sujets aussi variés que filiation, relation mère-fille, quotidien des femmes, immigration, transmission, émancipation…
‘Toutes celles que je suis’, d’Ayem Nour chez Leduc
Avant de vous parler de cet ouvrage, il est nécessaire que je vous présente son auteure : Ayem Nour, une femme aux multiples facettes. Animatrice, auteure, actrice et influenceuse française suivie par quelque trois millions d’abonnés sur les réseaux sociaux, elle a été contrainte, en 2022, à mettre entre parenthèses toutes ses activités professionnelles. En cause : le conflit qui l’opposait à son ex-mari pour pouvoir récupérer son fils.
Et de nous expliquer : « À l’heure où tout se joue très vite sur les réseaux, j’ai choisi de me livrer sur du papier, pour laisser une trace de mes espoirs, de mes combats, de mes paradoxes. Une déclaration de tendresse à toutes les femmes. Un traité de paix avec celles et ceux qui n’ont pas compris qui j’étais. Un livre pour ne jamais oublier d’aimer, même quand tout pousse à la colère, dire adieu à celle que je n’accepterai plus d’être, et assumer toutes celles que j’ai été et suis encore. »
Dans ce témoignage bouleversant de sincérité, Ayem Nour signe son grand retour sur le devant de la scène. Pour la première fois, elle se confie sur les longs mois de conflit avec un mari tout puissant pour la garde de leur fils, et revient sur les épreuves qui l’ont construite. Tour à tour mère louve, femme fatale, personnalité publique à qui tout réussit ; pleine d’ambition, de doutes et de désirs, elle incarne sans fard ses multitudes qui sont au fond, celles de toutes les femmes. Et nous invite à sa suite, à ne plus être celles que les autres voudraient que nous soyons, mais uniquement celles que nous sommes.
‘Ne vois-tu pas que je brûle’, de Nathalie Rheims chez Léo Scheer
Bien plus qu’un roman, cet ouvrage que l’auteure dépeint comme étant son dernier, apparaît comme le récit d’une confession. C’est vrai que de livre en livre, celui-ci est son 25e, Nathalie Rheims n’a cessé d’explorer les limites de la vérité et de l’illusion dans la littérature, levant chaque fois par petites touches, un pan du voile qui recouvre son existence. À la lire, on pourrait parler d’une défricheuse de son passé.
Dans ses romans, assurément biographiques, il a été question de son frère, de son père, de sa mère, de ses premières amours, de l’homme qui a partagé sa vie de femme, mais il est un secret qu’elle a toujours gardé profondément enfoui sous les mots. Un secret qui est au cœur de son œuvre, l’axe caché autour duquel tous ses romans se sont construits.
Et ce secret on peut l’entrevoir dans ce qu’elle appelle son ultime récit. Car si elle revient à nouveau sur la mort de son frère qui fut pour elle pareille à un tsunami, si elle évoque une xième fois le départ soudain de sa mère, alors qu’elle avait 17 ans, elle s’attarde et s’interroge cette fois et longuement sur sa réelle paternité.
Il faut savoir que depuis l’âge de dix ans, sa mère l’envoyait toutes les semaines chez ‘Serge’, un psy renommé. Un homme qui était à l’époque l’amant de sa mère. Époque où justement elle fut conçue…
‘Je vous écris de Kaboul’, Khatera Amine – Maurine Bajac chez Litos
Cet ouvrage s’impose comme un témoignage unique : celui d’être une femme sous la dictature des talibans. Au-delà, la parution de ce récit en version poche se trouve aujourd’hui augmentée par un chapitre consacré à la fuite de l’auteure aux États-Unis.
Conseillère politique et militante pour les droits des femmes en Afghanistan, l’auteure, sans cesse traquée, est contrainte de vivre dans la clandestinité depuis que les talibans ont repris le pouvoir. Célibataire, éduquée, féministe, consultante pour l’ancien gouvernement de son pays, elle possède là tous les ingrédients nécessaires pour devenir une cible privilégiée de ce régime ‘moyenâgeux’.
Comment survivre sans se soumettre malgré les menaces et la peur ? Continuer de se battre pour les femmes abandonnées par les Occidentaux, quand on risque à chaque instant d’être dénoncée. Défendre cette liberté pour laquelle elle est prête à mourir…
Un témoignage unique, rendu plus intense encore par le lien qui se noue au fil du récit entre cette indomptable résistante afghane et Maurine Bajac, une jeune journaliste française que rien ne prédestinait à s’impliquer dans cette guerre lointaine. Une belle histoire d’amitié et de courage. Un cri lancé pour ne pas laisser ces femmes à l’abandon.
‘La vie infinie’, de Jennifer Richard chez Philippe Rey
Quand on possède tout, l’argent, l’amour, la santé et un métier passionnant, on ne veut pas que la vie s’arrête. Adrien et Céline forment un couple de quadragénaires à qui tout réussit. Lui, créateur visionnaire de startups numériques, travaille à un programme qui offrirait aux humains un avenir illimité et sans souffrance. Elle, réalisatrice de documentaires, a abandonné ses idéaux révolutionnaires de jeunesse pour se conformer au mode de pensée libéral ambiant. Leur fille, Zoé, dix ans, ne tolère aucun contact humain et vide autant de flacons de gel hydroalcoolique qu’elle a d’amis sur une application de rencontres numérique pour enfants, autant dire beaucoup…
Un jour, Céline croise Pierre, son meilleur ami des années lycée. Il est libre, proche de la nature, convaincu que la beauté de notre destin tient justement à l’évanescence des choses. En se rapprochant de Pierre, Céline se découvre. Il l’encourage à accepter le monde tel qu’il nous apparaît. Tandis qu’Adrien, voulant séduire de nouveau sa femme, lui propose une vie dématérialisée et éternelle. Entre le chantre de la liberté et le précurseur des temps modernes, entre se fondre dans le courant de la vie et participer à la liquidation générale, Céline devra choisir.
Ce roman original et brillant de Jennifer Richard, par son écriture incisive, sa narration sensible, son humour et sa lucidité, nous interroge face à la révolution technologique qui bouleverse notre quotidien. Et comme Céline, il nous place devant deux options : embrasser l’existence telle qu’elle nous est donnée, ou tenter l’aventure d’une vie augmentée et infinie…
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