‘L’ascension’, d’Amélie de Bourbon Parme chez Gallimard

Ce deuxième volet de la trilogie ‘Les trafiquants de l’éternité’ que l’auteure consacre à Alessandro Farnèse, fait suite à ‘L’ambition’, qui a obtenu cette année le prix ‘Maurice Druon’.

Ainsi donc, cette grande historienne et écrivaine qu’est Amélie de Bourbon Parme poursuit dans ce roman historique pour le moins envoûtant, et qui s’impose comme un petit régal de lecture, le portrait éblouissant d’Alessandro Farnèse au cœur de cette Renaissance italienne tourmentée par la peur du Jugement dernier. Et l’on peut vous assurer ici, que le souffle romanesque du premier volet est toujours aussi présent.

Au commencement du XVI^e siècle s’ouvre le pontificat de Jules II, ennemi déclaré des Borgia. Alessandro doit désormais gagner la confiance du nouveau chef de l’Église et de son clan afin d’asseoir tout d’abord son influence au sein du Sacré Collège, mais également pour établir durablement sa descendance au cœur de la haute aristocratie romaine. Audace, prudence et loyauté seront sa profession de foi dans une Rome corrompue par le commerce des sacrements. Une capitale du vice que dénonce un certain Martin Luther.

La suite ? Une remarquable leçon d’histoire où la plume superbement documentée de l’auteure nous envoûte. Un véritable petit régal de lecture pour les accros à l’Histoire… mais pour les autres aussi.

‘Les Quatre’, d’Ellie Keel chez City

Aux yeux de tous, ils sont ‘les Quatre’. Quatre étudiants arrivés là grâce à une bourse. Quatre étrangers dans l’univers clos de High Realms, le prestigieux lycée où étudient les enfants des élites ou ceux des personnes fortunées. Dès le premier jour, pour Marta, Rose, Sami et Lloyd qui ne maîtrisent pas les codes de ce monde de pouvoir et de privilèges, c’est un véritable enfer.

Harcèlement, jalousie, méchancetés… Bref, une ambiance délétère menace de faire voler en éclats le vernis des apparences. Peu à peu, les relations se pervertissent, jusqu’au jour où une étudiante est poussée du haut d’un escalier et qu’une autre disparaît mystérieusement.

Accusés, ‘les Quatre’ doivent faire front commun. Désormais, liés par un sombre secret, comment convaincre les autres qu’ils ne sont pas coupables ? Dans cette jungle de grand standing où tout n’est que vice, manipulations et secrets, ils pourraient y laisser leurs âmes. Mais n’ayez crainte, ils vont tout faire pour survivre.

Dans ce qui est son premier thriller, Ellie Keel jongle avec les mots haletant, sombre et intense pour nous offrir un récit irrésistible où vengeance, culpabilité et amour se mélangent tour à tour. Une agréable surprise. Et que c’est joli ces tranches du livre décorées par des pans architecturaux venus de la couverture.

‘Parmi les fleurs bruissent les secrets’, d’Adrienne Young chez Harper Collins

En Caroline du Nord aux États-Unis, dans une petite ville cernée par les montagnes, June Farrow attend que le destin la retrouve. Car si les femmes Farrow sont connues pour leur ferme florale, elles le sont aussi pour la mystérieuse malédiction qui les frappe l’une après l’autre.

Cela fait désormais plus d’un an que June voit et entend des choses qui n’existent pas. De légers carillons éoliens, une voix l’appelant par son nom, une porte mystérieuse apparaissant de nulle part : autant de signes qui annoncent à June le début d’une longue déchéance.

Pourtant, après la mort de sa grand-mère, June se risque désormais à toucher cette porte qui continue à surgir soudain devant ses yeux ébahis et, surtout, à en franchir le seuil. De l’autre côté l’attendent trois choses qui s’avèrent bien distinctes : un voyage à même de changer à la fois le passé et le futur, la vérité derrière les mystères qui tourmentent cette petite ville rurale où chacun se connaît et s’épie, et, enfin, une histoire d’amour maudite.

La plume fluide, poétique, captivante et mystérieuse d’Adrienne Young nous entraîne dans un roman à l’atmosphère lourde, mais ô combien envoûtante ! Rempli d’émotions, ce récit tient parfois du thriller avec cette recherche de vérité qui étreint June, tout spécialement depuis la disparition de sa mère. Au-delà d’être du genre : on ne lâche pas avant le mot fin, ce livre est un livre ‘objet’. En fait, la beauté de sa couverture se retrouve sur les tranches de cet ouvrage. Un superbe cadeau pour les fêtes. Un incroyable roman à lire et à relire.

‘Ailleurs, chez moi’, de Douglas Kennedy chez Belfond

À travers ce nouveau titre, l’auteur poursuit son exploration d’une Amérique plus désunie que jamais. Au fil des pages, il va emmener ses lecteurs dans des contrées reculées de son pays natal, mais également leur parler longuement de la culture ‘made in USA’.

Convoquant tour à tour ses souvenirs d’enfant puis d’ados, évoquant sa scolarité dans une école  renommée, s’attardant aux références des grands épisodes de l’Histoire américaine, il se penche sur le passé pour mieux expliquer celui qui a conduit à l’élection de Donald Trump. 

Entre autobiographie et analyse historique, Douglas Kennedy raconte les richesses et les contradictions de son pays, posant dès lors une question centrale et d’infinie importance : « Qu’est-ce qu’être américain aujourd’hui ? » 

Celui que l’on surnomme le plus européen des écrivains américains – c’est vrai qu’il passe sa vie entre les États-Unis et la France – nous dépeint sa patrie comme étant une amoureuse folle du ‘fric’, mais à qui la culture intellectuelle ne parle guère.

Un ouvrage que vous allez dévorer. D’autant plus, qu’avec cette seconde arrivée Trump au pouvoir, accompagné cette fois de ses ’12 salopards’ ou ses ’12 apôtres’, comme le titrait un journal belge de jeudi matin, chacun se pose désormais moult questions sur ce que demain sera fait. Un livre on ne peut plus d’actualité.

‘Bruno et Jean’, de Pauline Valade chez Actes Sud

En s’attaquant à ce sujet qui évoque la vie des deux derniers hommes à avoir été exécutés en France pour homosexualité, l’auteure y allait là d’un pari très osé. Mais le moins que l’on puisse écrire après la lecture de ce roman qui navigue entre réalité et fiction, c’est qu’elle a largement réussi cette incroyable gageure.

Paris, 6 juillet 1750. Bruno Lenoir et Jean Diot périssent étranglés puis brûlés en place de Grève. Leur crime : avoir pratiqué la sodomie. Outre quelques archives policières et les traces d’un procès particulièrement bâclé, rien ne subsiste de ces deux hommes, si ce n’est une plaque commémorative inaugurée en 2014 dans la rue Montorgueil à Paris, non loin de l’endroit où ils furent arrêtés.

Partant de la réalité historique de leur condamnation, ce roman prend le parti d’imaginer leur vie intime en immergeant le lecteur à l’époque de ce Paris populaire du XVIII^e siècle, mais également dans le milieu ‘gay’ qui ne portait pas encore ce nom, et qui était tenu secret malgré sa banalité.

Un roman prenant, poignant même, qui plonge le lecteur dans l’intemporel combat pour la tolérance. Un roman qui nous fait découvrir un autre siècle, une autre époque, en nous offrant également une palette de personnages pour le moins très attachants, dépeints par une écriture empreinte d’une immense sensibilité.

‘Prime Time’, de Maxime Chattam chez Albin Michel

Alors que des millions de téléspectateurs regardent le JT de 20 heures de Paul Daki-Ferrand sur la chaîne nationale, un homme masqué, la voix déformée, prend en otage ce présentateur vedette, considéré par le grand public comme la voix et le visage de l’info. Et cet homme d’ajouter : « Si vous coupez le direct, je le tue. » C’est vrai que pour l’instant, le journaliste a un révolver braqué sur la tempe.

La suite ? Une véritable course contre la montre où s’affrontent le cynisme des médias, les jeux de pouvoir et les scrupules moraux. Jouant avec brio sur les ressorts psychologiques autant que sur l’action, l’auteur déploie dans ce nouveau titre, tout son art du suspense. Il faut dire qu’ici, trahisons, jeux de pouvoir et manipulations en tous genres sont de tout instant. De quoi plonger le lecteur dans une certaine angoisse.

Fustigeant les médias et notre société de consommation, l’auteur, grandement documenté, nous entraîne ici dans les coulisses du JT de 20 heures, mais également dans celles du GIGN, ce groupe d’intervention de gendarmerie nationale française. De quoi vous amener à faire quelques découvertes complémentaires au-delà de l’enquête en elle-même.