#Culture & Évasion | #La bibliothèque de Janette

À vous de choisir… les 5 romans de la semaine

par Charles Demoulin

6 octobre 2024

La rentrée est là. Les nouveautés affluent. Dès lors, afin de suivre le mouvement, Janette a décidé de vous présenter chaque semaine non plus un roman, mais bien cinq. Ainsi, ce dimanche, nous ferons halte chez Actes Sud, Albin Michel, Belfond, Flammarion et Les Escales. De quoi vous proposer des genres littéraires différents allant de la biographie au polar, en passant par la reconquête de soi, la radicalisation islamiste, ou la découverte d’écrivaines ayant choisi des noms d’hommes pour signer leurs romans.

C’EST JANE, BIRKIN JANE

C’est le portrait d’une Jane Birkin en privé que sa meilleure amie de toujours, la photographe Gabrielle Crawford, entend nous offrir ici. Un portrait qui se voit enrichi de moult témoignages venus du plus proche entourage de Jane : amis, collaborateurs, famille.

Au-delà d’être une grande artiste internationale – chanteuse, actrice, réalisatrice -, Jane Birkin était aussi une femme, une mère de famille, une amoureuse, une fêtarde. Une femme s’engageant dans de multiples causes humanitaires, tout en recevant de grandes tablées. Une femme plus que certainement empreinte d’une immense générosité. L’auteure, qui fut sa meilleure amie pendant près de soixante ans, évoque au sein d’un récit constitué de fragments de souvenirs, une Jane d’une grande humanité, mais également une battante. Une Jane Birkin qui décédée depuis un peu plus d’une année manque à tous.

De son premier rôle au cinéma à ses derniers concerts, en passant par ses joies, ses peines, ses amours, la mort de Kate Barry et la maladie, l’auteure nous propose un ouvrage axé sur une amitié aussi profonde que joyeuse, mais également un dernier adieu à l’Anglaise préférée des Français. En fait une amie, une femme, une artiste d’exception.

CHAMBRE 505

Charlotte Wretlind est à l’origine d’un projet d’envergure : la construction d’un hôtel de luxe à Storlien, près d’Åre. Un projet à ce point gigantesque, qu’il nécessite la démolition d’un grand complexe désaffecté. Sauf qu’aujourd’hui cette femme d’affaires vient d’être retrouvée sauvagement poignardée. Un investisseur, un conseiller municipal véreux et un concurrent figurent notamment sur la liste des premiers suspects. Cela jusqu’à ce qu’une sombre affaire refasse surface. Du coup, le meurtre pourrait désormais être lié au passé.

L’occasion d’une nouvelle enquête pour le duo de choc formé par Hanna Ahlander et l’inspecteur Daniel Lindskog. L’occasion aussi pour l’auteure, Viveca Sten, d’entraîner le lecteur dans un suspense implacable qui se déroule dans le silence enneigé des montagnes nordiques.

Assez curieusement, dans ce fort ouvrage de quelque 500 pages où Viveca Sten n’a pas son pareil pour décrire et détailler avec minutie personnages, lieux et ambiances, il vous faudra attendre de dépasser la page 400 pour connaître enfin le secret de la chambre 505. C’est vrai que c’est tout l’art de l’auteure de faire longuement patienter ses lecteurs avant de les mener enfin sur une vraie piste. 

‘Chambre 505’, de Viveca Sten chez Albin Michel

LE CIEL EST VIDE

Sophie se sent seule. Déjà orpheline de mère, la jeune fille a seize ans quand elle perd son père dans un accident. Depuis, elle vit chez sa tante Lucienne, une musicienne trop souvent en tournée. Livrée à elle-même, Sophie fait face à ses doutes : pourquoi son père, avocat spécialisé dans la défense des djihadistes, l’a-t-il abandonnée ? Est-ce lié à son dernier dossier ? Celui d’Isra, prétendue repentie, et retournée en Syrie dès l’issue de son procès. Et quel rôle joue la religion dans tout cela ?

Sophie décide alors de trouver des réponses à toutes ses interrogations. Pour ce faire, elle se donne une mission : retrouver la trace d’Isra. De contacts en ligne en recherches dans les recoins les plus opaques d’Internet, Sophie va plonger dans cette fascination que peut représenter auprès de jeunes n’arrivant pas à se situer dans une société dans laquelle ils cherchent vainement leur place, l’islamiste radical.

Avec empathie, Inge Schilperoord raconte la dérive d’une jeune fille flirtant dangereusement avec cet Islam radicalisé. Ce faisant, elle aborde avec une maîtrise incroyable et écriture sobre et élégante, ce sujet plus que sensible qui est celui de l’approche de personnes radicalisées. Assurément une belle découverte que celle de cette auteure hollandaise.

‘Le ciel était vide’, d’Inge Schilperoord chez Belfond 

ILS SONT ELLES

Les pseudonymes ont ceci de merveilleux qu’ils offrent toujours une histoire dans l’histoire avec, pour l’une ou l’autre écrivaine, de réjouissantes mystifications. C’est vrai que publier a longtemps été un défi pour les femmes, poussant certaines à rester anonymes ou à utiliser des pseudonymes masculins. Et cela souvent à la demande d’éditeurs désireux d’éviter les préjugés contre la ‘littérature de femmes’.

Certaines ont embrassé le secret de leur nouvelle identité, utilisant cet anonymat pour déployer leur créativité en toute liberté, quand d’autres ont enfin pu exprimer leur amour pour d’autres femmes. De Jane Austen à George Sand, de Rachilde à René Vivien, des sœurs Brontë à Karen Blixen, et bien d’autres écrivaines injustement oubliées, toutes ces femmes ont su braver leur époque et se réinventer.

En mettant en exergue l’incroyable destin de quelque 43 femmes écrivaines, ce livre se présente comme un fascinant témoignage de la stratégie et de l’audace féminine afin d’exister dans leur volonté d’écrire malgré certains tabous.

‘Ils sont elles’, de Catherine Sauvat chez Flammarion

FEMME BLEUE

Adina réalise enfin son rêve : elle va quitter son petit village enclavé en Tchéquie au cœur même des monts des Géants. La seule chose qu’elle ne sait pas, c’est à quel point ce rêve va très vite tourner au cauchemar.

Après un séjour à Berlin, et suite à une rencontre avec une photographe, elle décroche un stage dans un centre culturel en ex-Allemagne de l’Est. Là où elle sera confrontée aux stéréotypes sur l’ancien bloc socialiste, mais surtout à la violence des hommes puisqu’elle sera même violée. Traumatisée, elle s’enfuit. Sa dérive va l’amener à Helsinki. Seule dans son appartement, elle retrace le chemin qui l’y a conduite et cherche à retrouver celle qu’elle était avant que la société ne l’invisibilise.

Ce récit, qui évoque l’histoire d’une jeune fille meurtrie rattrapée par son passé, est un roman qui interroge sur les relations entre l’Europe de l’Est et l’Europe de l’Ouest. Cela avant même que n’éclate la terrible guerre d’agression contre l’Ukraine, et alors que personne à l’Ouest ne se souciait ni de la mégalomanie de Poutine ni du sort des petits États de l’Europe de l’Est ou des États baltes. Un roman lyrique sur l’Europe, la mémoire, la violence et l’amour.

‘Femme bleue’, d’Antje Rávik Strubel aux Escales

les derniers articles Culture & Évasion

picto catégorie post
#Culture & Évasion | #La bibliothèque de Janette

QUOI DE NEUF CETTE SEMAINE CÔTÉ LITTÉRATURE ?

LIRE LA SUITE
picto catégorie post
#Culture & Évasion | #Les muses de Janette

Muse : Reggie, la voix qui continue de nous faire danser

LIRE LA SUITE