#Culture & Évasion | #La bibliothèque de Janette

Du polar à Charlie Hebdo en passant par des nouvelles d’une rare intensité… vous allez adorer 

par Charles Demoulin

19 janvier 2025

En ce début d’année 2025, les éditeurs ne chôment guère. Leur catalogue janvier/février foisonne de romans dont on ne sait vers lesquels se tourner plus volontiers, tant leur quatrième de couverture est inspirante et remplie de promesses en tout genre. Pour aujourd’hui, c’est essentiellement de thrillers ou de polars qu’il sera question. Avec, toutefois, un roman sur la cinquantaine, l’amour et l’acceptation de soi. Un autre qui s’attarde sur la déflagration ‘Charlie Hebdo’ vieille de dix ans. Enfin, il y a ce petit recueil de nouvelles qui nous parle de femmes affrontant la vie et tout ce qu’elle offre de moments difficiles. À vous maintenant de faire votre choix !

‘Sans soleil’ de Jean-Christophe Grangé chez Albin Michel

Sous ce titre se cache un diptyque de plus de 900 pages dont l’auteur, celui notamment des ‘Rivières pourpres’, voit la plupart de ses romans – ils sont une vingtaine -, adaptés au cinéma ou à la télé. C’est vrai que Jean-Christophe Grangé occupe une place plus que particulière dans le paysage du thriller. 

Avec ‘Disco Inferno’ et ‘Le roi des ombres’, les deux ouvrages que l’on découvre sous le titre générique ‘Sans soleil’, il nous propose à nouveau une enquête sous haute tension, aussi captivante, envoûtante, que percutante. D’un bout à l’autre des 904 pages que compte cette saga d’une noir encre de Chine et dédiée au mal absolu, il recrée par le biais d’un rythme infernal, l’ambiance folle des années disco, qui sont également celles des années sida.

Ce faisant, il fait voyager le lecteur de Paris à Haïti, en passant par Tanger ou encore la forêt africaine où la chasse va continuer durant le second volet de ce diptyque, qui se veut encore plus sombre que le premier. De quoi, pour Grangé, remettre au goût du jour ce vieux dicton qui dit qu’un tueur peut en cacher un autre.

Je ne vais surtout pas vous parler du contenu de cette mini saga et de la manière dont l’auteur mixe, de façon plus qu’habile, musique disco et enchaînement de meurtres. Je ne vous expliquerais pas non plus pourquoi vous n’arriverez pas à vous détacher de cette lecture. Je vous proposerais juste une charade.

Mon premier est un médecin. Mon deuxième, un flic. Mon troisième, une lycéenne. Mon tout est un assassin qui aime dépecer ses victimes à coups de machette. Vous ne voyez pas ? Alors, commencez par danser, vous verrez où ça va vous mener en cet été 1982, à Paris, lors  de cette grande fête du disco qui va se transformer en traque infernale.

‘La beauté des ruines’, de Barbara Israël chez Flammarion

Le couple que forment Antoine et Moïse est à la croisée des chemins. À cinquante ans passés, Moïse s’obstine à vivre comme une adolescente, tandis qu’Antoine est las de ces nuits où il se contente de mimer ses premiers élans. L’ivresse s’est tarie, le monde a changé, il n’est plus à sa place.

C’est alors que le hasard remet son vieil ami Zac sur sa route. Cette rencontre éclaire sa quête et le pousse à changer de vie. Bousculée par les décisions de son compagnon, Moïse est forcée de se réinventer. Mais au cœur des ruines d’une jeunesse illusoire l’attend une infinie beauté. 

Avec une plume poétique toute en sensibilité, l’auteure nous fait voyager entre Paris et Athènes afin d’explorer, à travers une histoire d’amour, ce temps qui passe et durant lequel s’effritent puis se perdent les illusions. Vient alors pour cette génération X, celle de ces quinquagénaires exilés de leur époque, le moment de l’acceptation de leurs ruines intérieures, et leur recherche à tenter de renouer les fils de leur existence. Tout simplement beau !

‘La beauté des ruines’, de Barbara Israël chez Flammarion

‘De bleu, de blanc, de rouge et d’étoiles’, de Sarah Barukh chez HarperCollins Traversée

Lorsque survient la tuerie de Charlie Hebdo, Jeanne, jeune femme juive, française, sent monter en elle une peur irrépressible. Une peur venue d’hier et d’ailleurs, de plus loin qu’elle-même. Mais les manifestations qui s’ensuivent, ce souffle d’unité et de résistance qui parcourt soudain son pays suscite aussi un immense espoir : et si le temps était venu d’en finir avec la haine et la division ? 

Au destin de Jeanne se mêlent peu à peu d’autres vies que la sienne, d’autres personnages, très différents et pourtant frappés par les mêmes guerres fratricides, sur fond d’obscurantisme et de déni d’humanité. Autant d’étoiles dont les trajectoires s’entrecroisent jusqu’à se rejoindre sous la plume sensible et lumineuse de l’auteure qui oppose, à la montée du terrorisme dans le monde, un profond message d’amour et d’humanité.

Dans ce livre brûlant d’actualité, Sarah Barukh nous rappelle avec force que, derrière les idéologies meurtrières, des vies d’hommes et de femmes singulières sont en jeu. Notamment celles des femmes qui, toujours, finissent par payer en premier le prix de la violence et des guerres. Bien qu’elle s’attarde longuement sur les maux qui rongent notre siècle, elle entend toutefois, et ce de façon intelligente, nous livrer un message où les mots humanité, paix et unité sont de vraies valeurs.

‘De bleu, de blanc, de rouge et d’étoiles’, de Sarah Barukh chez HarperCollins Traversée

‘Chats noirs’, de Véronique Rivat chez Hugo Thriller

Le soir du 21 novembre 2005, Kay Dancourt, substitut du procureur de la République de Paris, disparaît sur le trajet du palais de justice de Paris à son domicile à Palaiseau. Son mari, Axel Dancourt, gendarme au sein du PSIG de Palaiseau, rongé par l’inquiétude, donne l’alerte. La patrouille de gendarmerie retrouve la voiture de la magistrate sur la bande d’arrêt d’urgence de la nationale 118, portière ouverte, sans sa conductrice à son bord.

La thèse de l’enlèvement est aussitôt envisagée et le Parquet de Paris est alerté. Dès le lever du jour, le procureur de la République déploie les grands moyens et fait diligenter des recherches pour retrouver sa collaboratrice. Axel participe à la battue. Après avoir remarqué sur son chemin, une des chaussures que portait son épouse le matin de sa disparition, il découvre la scène macabre en suivant Ninja, le chat de la famille, qui s’est échappé de la maison dans la nuit pour retrouver la trace de sa maîtresse.

Axel, baptisé ‘Le chat noir’ du PSIG par ses collègues à cause des situations originales et rocambolesques qu’il attire en patrouille, va, avec le concours de Ninja, participer activement à l’enquête pour éclaircir le mystère qui entoure la disparition de Kay.

Le type de roman captivant dont l’intrigue originale vous donne d’emblée l’envie de ne le lâcher, qu’arrivé au mot fin. D’emblée, on se trouve plongé au cœur même du sujet : la disparition de Kay Dancourt. La plume agréable au rythme soutenu de l’auteure fait alors le reste.

‘Chats noirs’, de Véronique Rivat chez Hugo Thriller

‘Cairns’ de Martin Baldysz chez Paulsen

Tout commence dans un paisible hameau norvégien, par le meurtre d’un homme et la disparition d’une fille de ferme. Un an après cette tragédie, les recherches menées pour retrouver Kirsten restent infructueuses. Pourtant, la rumeur se propage : là-haut, dans la montagne, elle réclame le pasteur.

Le jeune Sebastian Ribe, récemment arrivé au village, accepte d’aller à la rencontre de la disparue. Pour s’aventurer sur ces versants abrupts, enveloppés de brume et balayés par des vents contraires, il a besoin de l’aide de Reidar Skåren, le montagnard. Dans cet entre-deux mondes où le moindre faux pas peut vous coûter la vie, les cairns sont-ils la meilleure façon de rester sur le droit chemin ?

Entre ces pages crépusculaires au bord du vide, la montagne seule connaît le cœur des hommes et révèle leur vrai visage. Un roman court, au style simple, mais dont la trame est parfaitement tissée. Il y a l’intensité, mais également un brin de mythologie dans ce qui apparaît comme un conte venu des pays nordiques.

‘Cairns’ de Martin Baldysz chez Paulsen

‘Les femmes et les enfants d’abord’, de Line Alexandre chez Quadrature

« Les femmes et les enfants d’abord. » Tel est le cri d’un capitaine de navire qui fait naufrage. Mais ici, les femmes sont de modestes guerrières de tous les jours qui affrontent la solitude, la maladie, la folie, subissant aussi désamour ou injures.

Elles s’efforcent d’être assez fortes pour se sauver, et surtout sauver les enfants, ces victimes innocentes, quand le monde menace de couler. La tendresse est alors un si précieux renfort.

Recueil fait d’une vingtaine de nouvelles courtes, cet ouvrage met en scène un éventail de femmes au caractère totalement différent. Des femmes qui affrontent la vie selon leur mentalité, leur manière d’être, leur état de santé, leur état d’âme. Seul point commun : ces femmes sont en danger au vu du titre de cet ouvrage qui s’avère une belle découverte.

Observatrice plus qu’attentive du monde féminin et par corollaire des relations humaines, l’auteure, une enseignante, n’a pas son pareil pour plonger le lecteur au cœur de l’ambiance de chaque nouvelle traitée. Ses dialogues font mouche, car tirés du quotidien et surtout du vécu. Quant à la manière de nous transmettre toutes les mésaventures de ces femmes qui tentent de reprendre leur vie en main, elle s’effectue par le biais d’une plume d’une extrême qualité. C’est le genre d’ouvrage qu’on ne se lasse pas de lire et de relire. 

‘Les femmes et les enfants d’abord’, de Line Alexandre chez Quadrature

les derniers articles Culture & Évasion

picto catégorie post
#Sorties au Luxembourg | #Culture & Évasion

Un week-end pour se faire plaisir

LIRE LA SUITE
picto catégorie post
#Culture & Évasion | #La bibliothèque de Janette

Quelques BD qui sortent des sentiers battus

LIRE LA SUITE
picto catégorie post
#Culture & Évasion | #La bibliothèque de Janette

Sale temps pour sortir… alors, si vous lisiez ?

LIRE LA SUITE
picto catégorie post
#Sorties au Luxembourg | #Culture & Évasion

Janette visite la résidence de l'ambassade de France

LIRE LA SUITE