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QUOI DE NEUF CETTE SEMAINE CÔTÉ LITTÉRATURE ?

par Charles Demoulin

20 octobre 2024

Pas de question du moindre répit côté nouveautés littéraires. Pour notre part, et pour cette semaine, nous avons choisi de faire escale chez Belfond, où l’on nous parle d’intellectuels dont le destin a été balayé par le régime nazi. De nous rendre ensuite chez HarperCollins, où une grand-mère est frappée par un AVC. De là, on s’arrêtera aux Escales pour découvrir l’origine de la saga des ‘Déracinés’. Puis, le temps d’un petit café, notre marche reprendra pour passer chez Paulsen, et pour y écouter la voix des montagnes et celle de ceux qui les habitent. Enfin, et pour en terminer aujourd’hui, nous rendrons visite aux Presses de la Cité où nous rencontrerons des femmes qui, avec leur plume, ont défendu leurs droits et exprimé leur puissance créatrice.

‘Ma Minuscule’, de Géraldine Maillet chez HarperCollins

Alors que Géraldine participe à un déjeuner dominical en famille, sa grand-mère, presque centenaire, s’écroule brutalement. Les pompiers débarquent, et le diagnostic est sans appel : AVC foudroyant. Tandis qu’ils la conduisent à l’hôpital le plus proche, une aventure rocambolesque commence pour Géraldine et sa famille. Celle qu’ils ont toujours appelée ‘Mamie Téti’, cette femme solaire, ce roc qui les a tous portés dans l’existence, n’est plus qu’une petite chose momifiée errant constamment dans un monde qui leur est totalement inconnu.

Heure par heure, puis jour après jour, l’auteure va nous faire le récit de son immersion brutale dans ce monde qu’elle connaît mal. Un monde fait de blouses blanches, de perfusions, de sigles incompréhensibles, de numéros de dossiers interminables et de transferts d’un établissement à un autre afin de tenter de remettre sur pied cette femme qui compte tellement dans sa vie. 

Il faudra plus d’une année avant que Mamie Téti, atteinte désormais d’Alzheimer, ne rentre chez elle. Une année qui va permettre à la plume vive et acérée de Géraldine Maillet, sa petite fille, de nous dresser le portrait saisissant d’une galerie de personnages allant de sa mère, brillante radiologue atteinte de surdité, à sa propre fille qui l’accompagne dans ses visites à l’Ephad où Tatie est placée. Cela en passant par chacun des soignants rencontrés. Des personnes qui s’avèrent incroyablement dévouées malgré leurs conditions de travail impossibles. Un roman rempli de gratitude dans un monde qui a oublié ce que signifie ce mot.

‘Isidor, une vie juive’, de Shelly Kupferberg chez Belfond

Durant cette lecture, nous allons, l’espace des années allant de 1886 à 1956, demeurer en Autriche. Là, nous ferons connaissance avec le Docteur Isidor Geller, un homme d’affaires qui a fait de sa vie, une réelle réussite. Jugez plutôt ! Il est conseiller du gouvernement autrichien, multimillionnaire, amateur d’opéra, collectionneur d’art et, après deux mariages ratés, il vit désormais en couple avec une ravissante chanteuse.

C’est qu’il en a fait du chemin Isidor Geller. D’un shtetl de Galice autrichienne – quartier juif – aux cercles élitistes de la bonne société viennoise, il sait désormais que rien ni personne ne peut l’atteindre. D’autant plus ces vulgaires nationaux-socialistes. Sauf, qu’en 1938, c’est l’Anschluss, moment où tout va basculer pour lui.

Près de quatre-vingts ans plus tard, l’auteure, arrière-petite-nièce d’Isidor, part sur les traces de cet oncle au destin tragique. Avec pudeur et élégance, elle raconte l’histoire d’un homme qui souhaitait faire de sa vie une œuvre d’art, et qui n’a pas su voir la haine et la violence qui couvaient sous les ors des appartements de ses plus proches amis. L’histoire poignante d’un homme certes, mais également celle de toute sa famille.

‘Isidor, une vie juive’, de Shelly Kupferberg chez Belfond

‘Almah, une jeunesse viennoise’, de Catherine Bardon aux Escales

Avec plus de deux millions de lecteurs et lectrices conquis par la saga des ‘Déracinés’, Catherine Bardon a décidé de vous faire découvrir la jeunesse de son inoubliable héroïne : Almah. Almah Kahn, qui est née à Vienne au sein de la grande bourgeoise juive. Son père, chirurgien réputé et grand amateur d’art, est aussi un mécène qui côtoie les plus grands artistes de l’époque. Quant à sa mère, pianiste de talent, elle soigne son spleen auprès du docteur Freud, dont elle est une des premières patientes.

Au cœur de ce bouillonnement culturel, Almah chemine vers l’âge adulte. Elle grandit dans une Autriche terriblement meurtrie par la guerre et marquée par la chute de la maison des Habsbourg. Et cela alors que se profile le spectre du nazisme.

À travers l’enfance et la jeunesse privilégiées d’Almah, ses amitiés, ses doutes et les premières épreuves infligées par la vie, l’auteure dresse le tableau d’une ville de Vienne qui jette ses derniers feux dans une Autriche au bord du gouffre, livrée désormais aux soubresauts de l’Histoire. Quant à Almah, elle est le portrait puissant et ciselé d’une enfant puis d’une jeune femme vive, effrontée, indépendante et habitée par une soif d’absolue qui ne la quittera jamais.

Tout comme ‘Isidor, une vie juive’, présenté en premier dans cette chronique, cet ouvrage s’impose comme un voyage à travers une période particulièrement troublée de l’Histoire de l’Autriche. Sauf qu’ici, le voyage n’est pas axé sur la réalité d’une recherche familiale, mais bien sur un récit romancé qui va déboucher sur une longue et incroyable saga.

‘Almah, une jeunesse viennoise’, de Catherine Bardon aux Escales

Mille et une roses sauvages’, de Feryal Ali-Gauhar chez Paulsen

Si je vous dis que l’auteure est pakistanaise, ce sera donc à un long voyage dans les montagnes du Karakoram qu’elle va vous inviter. Des montagnes dans lesquelles niche Saudukh Das, un petit hameau éloigné de tout. Or, aujourd’hui, les habitants de ce trou perdu ne savent pas encore que leur vie ne tient plus qu’à un fil. C’est vrai que personne ne prend au sérieux les prémonitions d’un simple d’esprit qui annonce une catastrophe imminente. Pourtant, quand le chef du village recueille sous son toit un étranger entre la vie et la mort, une vague de calamités, dont les femmes seront les premières victimes, va s’abattre sur la petite communauté.

Quatre jours et trois nuits durant, la vie des villageois sera bouleversée, tout comme celle des soldats emportés par une avalanche sur le Siachen, ce glacier où fleurissent les roses sauvages, et où les armées indienne et pakistanaise s’affrontent depuis trente ans. Révoltés par la désolation que les hommes infligent à leur terre, les esprits de la nature commentent pour leur part ce désastre avec la plus totale des indifférences.

Dans un style incantatoire, l’auteure, de façon magique et poétique, nous distille un ouvrage à la fois lumineux et poignant, d’une implacable justesse. Un livre d’une incroyable beauté.

Mille et une roses sauvages’, de Feryal Ali-Gauhar chez Paulsen

‘Audace & préjugés’, d’Alexis Karklins-Marchay aux Presses de la Cité

Pourquoi Jane Austen, Charlotte Brontë et Virginia Woolf sont-elles encore aujourd’hui des références féministes ? Parce que depuis des siècles, des femmes s’élèvent avec audace contre l’inégalité qui règne entre les genres. Parmi elles, ces romancières anglaises qui se sont tout particulièrement distinguées. Mais en quoi leurs textes fondateurs sont-ils toujours aussi actuels et percutants, au point que l’on continue de s’en inspirer ?

Dans cet ouvrage où il nous invite à relire les trésors de la littérature anglaise, chose qui peut être plus qu’enrichissante, explique-t-il, l’auteur nous propose d’effectuer une promenade littéraire qui débutera avec ‘Orgueil et Préjugés’, dont l’héroïne affirme son droit à faire un mariage d’amour. Pour retrouver par la suite Jane Eyre, qui aspire à l’indépendance. Avant d’en terminer avec ‘Une chambre pour soi’, où Virginia Woolf revendique l’importance de l’intimité et de la créativité féminine.

Que votre promenade soit belle et qu’elle vous fasse découvrir ces romancières par le petit bout de la lorgnette si vous ne les connaissiez pas. Ou alors, qu’elle vous mène sur des chemins qui n’étaient pas nécessairement ceux que vous aviez empruntés à la lecture des trois titres majeurs de ces gentes écrivaines.

‘Audace & préjugés’, d’Alexis Karklins-Marchay aux Presses de la Cité

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