Par contre, si vous êtes amateurs de ce type de récit oppressant, fait de chapitres courts qui vous immergent dans des ambiances lourdes, pesantes, parfois même sanglantes, mais où l’humour pointe aussi au bout de la plume acérée de l’auteur, alors, pas une minute à perdre, vous allez vous régaler.

Ça hurle, ça cogne ferme dans la tête de Franck. Six mois que sa fille est morte lors d’un braquage commis à Belleville et qui a mal tourné. Six mois qu’il attend impatiemment l’arrestation du coupable. Mais en vain. Aucun suspect. Aucune piste. Au point que les flics semblent même avoir lâché l’affaire.

Alors, comme on n’est jamais si bien servi que par soi-même, Franck commence à ratisser les bas-fonds de Paris. Il finit par trouver un vague indice, largue les amarres et embarque dans sa R5 pour un trip halluciné à la recherche de sa proie : un tox’ avec un tatouage ‘Anarchie’ dessiné sur l’épaule gauche. Si ses recherches débutent à Paris, elles le conduiront par la suite à des milliers de kilomètres de la capitale française.

Mais vous, jusqu’où iriez-vous pour venger la mort de votre enfant ? Frank, qui n’a plus rien à perdre puisque sa fille n’est plus là, que sa femme l’a quitté depuis et que son magasin de disques a été vendu, va aller loin. Très loin même. Marseille, la Guyane, l’Amazonie… des lieux pas toujours très folichons. Cela pour traquer un meurtrier qui pour se refaire une conscience, se terre désormais dans un camp de hippies. Dans ce road trip incroyable, dans cette jungle où la violence est partout, la folie de Frank va se heurter à des âmes encore plus extrêmes.

Avec une force incroyable, avec un talent inouï, l’auteur signe ici un roman noir de chez noir, tout en rythme et en émotions, qui nous raconte le plus insoutenable des deuils, la plus viscérale des vengeances. Cela tout en nous peignant le portrait d’un homme et d’un monde qui vacillent. C’est vrai aussi qu’avec Frank, ce ne sont pas deux ou trois tombes qu’il faille creuser, mais plus volontiers un cimetière.