À lire cet ouvrage, on se rend bien vite compte que c’est par la force de sa volonté que Camille Urso a fait tomber, durant toute sa vie, les innombrables barrières qui se sont dressées devant elle. Tout d’abord en obtenant le droit de jouer du violon et d’entrer au Conservatoire de musique de Paris. Alors que, dans ce XIX^e siècle – elle est née à Nantes en 1840 -, cet instrument était chasse gardée des hommes.

Véritable enfant prodige, Camille Urso a par la suite traversé l’Atlantique pour devenir rapidement une icône aux États-Unis, y menant pendant cinquante ans une carrière constellée d’honneurs et de succès. Féministe dans l’âme, elle s’est longuement battue pour que les musiciennes soient reconnues pour leur talent, indépendamment de leur sexe, et soient engagées dans les grands orchestres de l’époque.

Traversée par de très nombreuses réflexions sur la condition des femmes d’hier et d’aujourd’hui, cette biographie romancée particulièrement bien documentée dépeint, avec brio, la trajectoire de cette artiste injustement oubliée. Une trajectoire qui nous parle aussi bien de sa vie de famille et d’un art dans lequel elle excelle, que de ce double combat qui fut pour elle de tout instant. Rendre la musique accessible à toutes les classes sociales et que les femmes puissent elles aussi vivre de la musique. En fait, elle voulait déjà mettre à mal le sexisme.

Si cette biographie se lit comme un roman, c’est essentiellement dû à la plume sensible, délicate et fluide de l’auteure qui nous fait découvrir une artiste brillante à laquelle le lecteur va s’attacher très rapidement. Un beau moment de lecteur et surtout la découverte d’une femme d’exception.