par Charles Demoulin
23 mai 2021
Sous ce titre se cache le bras de fer qu’une ado, prénommée Maud, entame avec le monde actuel. Écrit par Éric Cherrière et publié chez Plon, ce récit, hyper contemporain, se veut, à l’image de sa couverture, d’une belle originalité. Via une plume puissante, troublante, mais d’une précision descriptive chirurgicale, l’auteur nous balance en pleine figure, la colère et la révolte des jeunes face à notre société. Une société devenue pour eux totalement incompréhensible, ignorant toute forme de dialogue, et où l’argent demeure la préoccupation première.
L’histoire commence par un enterrement. Maud, née le 11 septembre 2001, date historique s’il en est, a sept ans. Marchant aux côtés de son grand-père, un homme d’honneur et de justice, elle écoute attentivement le discours que lui tient ce dernier : « La vie c’est comme la guerre, ma petite Maud, les seuls vainqueurs sont ceux qui survivent. N’oublie pas : il n’y a ni bonnes ni mauvaises armes. Au bout du compte, une seule chose importe. Rendre les coups. » Une leçon que Maud va enregistrer à jamais et mettre bientôt en pratique.
Il faut savoir que Maud porte une prothèse à la main droite. Un sujet tabou depuis toujours, et que personne ne veut lui expliquer. Alors, Maud cherche des réponses sur Internet et via les réseaux sociaux. À un point tel, qu’elle devient une surdouée de l’informatique doublée d’une excellente hackeuse. Ce sera l’emprisonnement de son père suite à un délit mineur qui va déclencher en elle une montée de haine vis-à-vis de la société, mais également sa décision de se venger. C’est vrai que suite à cet internement, la famille, très soudée, se trouve désormais plongée dans la précarité.
Voyant ceux qui l’entourent totalement dépassés par les événements, Maud va prendre progressivement le contrôle des siens pour les sortir de la misère. Qu’importe les moyens, rien ne l’arrêtera. De Tulle, ville française qui connut un ignominieux massacre le 9 juin 1944, jusqu’aux terres glacées de l’Antarctique en passant par la Cour pénale internationale de La Haye, il n’y aura plus de freins pour cette gamine guerrière, sauvage, attachante, mais parfois immorale, face aux inégalités sociales. Pour moi, une remarquable découverte que ce Monsieur Éric Cherrière.
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