par Elodie Lambion
1 décembre 2023
Cantatrice historique, sa voix subjuguante à l’étendue déroutante continue de résonner. Illustre tragédienne sur scène, une fois le rideau baissé, des tragédies privées, la ‘Divina’ a dû en affronter. Impétueuse pour certains, en proie aux doutes pour d’autres, la diva aurait célébré son centième anniversaire ce 2 décembre.
« Lorsque le rideau se lève, la seule chose qui parle est le courage. »Maria Callas
« Lorsque le rideau se lève, la seule chose qui parle est le courage. »
Fille de Georges Kaloyeropoulos, pharmacien grec ayant immigré aux États-Unis, et d’Evangelia Dimitriadou, Sophia Cecelia, dit Maria Callas, naît le 2 décembre 1923 au Flower Hospital de New York, quelques mois seulement après le décès de son frère, Vassilis. Petite fille complexée par ses rondeurs et sa myopie, elle commence le piano à l’âge de 8 ans. Excellant dans le chant, plus douée que sa soeur aînée, sa mère pour le moins ambitieuse décide qu’elle deviendra une grande chanteuse.
LA TERRE DE SES ANCÊTRES
Suite au divorce de ses parents, en 1937, mère et filles regagnent la Grèce. Alors qu’elle vient d’entrer au lycée, sa mère l’oblige à arrêter l’école pour se consacrer exclusivement au chant. Ne pouvant aller à l’encontre du désir maternel, elle est contrainte de mentir pour pouvoir s’inscrire au Conservatoire National : âgée de 13 ans, il faut en avoir 17 pour être admise. Le subterfuge fonctionne. Désormais, sa mère ne lui laisse plus aucun répit.
Acceptée au prestigieux Conservatoire d’Athènes, elle est confiée à la brillante Elvira de Hidalgo. Avec elle, elle se sent en famille, elle a le sentiment qu’elle lui donne plus que des conseils : son coeur. Élève docile, elle arrive la première, quitte la dernière. Formation scénique, musicale et lyrique, elle cherche sans cesse à se surpasser, à sortir de nouvelles notes.
En août 1942, elle s’illustre à l’Opéra d’Athènes en interprétant ‘Tosca’ de Puccini. Malgré sa jeunesse, son aisance scénique et son talent lyrique impressionnent.
Après la Libération, elle abandonne cette mère si tyrannique et rejoint son pays natal, les États-Unis : elle devient Maria Callas. Malheureusement, le succès n’est pas au rendez-vous. Les rôles proposés sont ceux d’une débutante : elle refuse catégoriquement de les interpréter.
L’AMOUR DE L’ITALIE
Ayant obtenu une audition avec le directeur artistique des Arènes de Vérone, elle décroche son premier grand rôle dans ‘La Gioconda’ de Ponchielli. Sa performance lui permet de rencontrer deux hommes qui joueront un rôle clé dans sa vie : Tullio Serafin, chef d’orchestre, son mentor, et Giovanni Battista Menighini, son futur mari.
Elle tombe amoureuse de cet homme de 27 ans son aîné qui la protège du monde extérieur. Ils se marient le 21 avril 1949. Mais peu à peu, le succès de la ‘Divina’ monte à la tête de Giovanni. Ayant endossé le rôle de manager, elle a le sentiment qu’il s’intéresse uniquement à son argent, à sa gloire.
LA NAISSANCE D’UNE ICÔNE
Au début des années 50, la voix de Maria résonne dans le monde entier grâce à ses premiers enregistrements. Elle fait également ses débuts à la Scala de Milan. Professionnellement, tout semble lui sourire, mais ses vieux démons, c’est-à-dire ses complexes physiques, reviennent la hanter. En effet, ses détracteurs critiquent violemment son poids. En un an et demi, elle perd plus de 30 kilos. Sa silhouette affinée et son nouveau style fascinent la presse. Elle devient plus qu’une voix, un modèle d’élégance.
ÊTRE SANS VOIX
Au sommet de la gloire, La Callas va vivre une chute brutale. Le 2 janvier 1958, après avoir interprété le premier acte de ‘Norma’ à l’Opéra de Rome, elle quitte la scène et ne revient pas. Le lendemain, la presse, celle-là même qui l’encensait la veille, la traine dans la boue, la traite de diva capricieuse. En réalité, la ‘tigresse’ vit l’un des événements les plus traumatisants pour une cantatrice : l’aphonie. Ayant pris froid dans sa loge après les répétitions, elle lutte contre une bronchite et les cataplasmes ne suffisent pas à la guérir.
UNE BRÈVE RENAISSANCE
Dans les coulisses, elle doit surmonter une autre difficulté : son mariage bat de l’aile. Lors d’une croisière sur le légendaire yacht ‘Christina O’, elle rencontre son propriétaire, Aristote Onassis. Doté d’une personnalité attractive, il la fascine. Un soir, alors qu’elle monte sur le pont prendre l’air après une énième dispute conjugale, elle croise le milliardaire qui contemple la mer. Elle décrit cet instant comme le début de leur amitié, mais il s’agit surtout des prémices d’un amour passionnel.
En octobre 1959, elle annonce officiellement sa séparation. Elle n’obtient le divorce qu’en 1966, en renonçant à sa nationalité américaine, car la Grèce ne reconnaît que les mariages célébrés par l’Église orthodoxe.
Aux côtés d’Aristote, elle met sa carrière entre parenthèses, ambitionne de se reposer jusqu’à désirer à nouveau son art. Mais le chant, c’est toute sa vie : elle remonte rapidement sur scène, enchaîne les représentations.
LA FLAMME S’ÉTEINT
En mai 1964, à Paris, elle n’achève pas ‘Norma’. Sa fatigue est intense, elle avoue que son art se consume tout comme son énergie. Heureusement, Aristote est à ses côtés. Quelques mois plus tard, la ‘Divina’ subjugue tout le monde grâce à sa performance de ‘Tosca’ à Covent Garden. Pourtant, le 5 juillet 1965, elle se retire de la scène des théâtres lyriques.
Trois ans plus tard, ce n’est pas sa voix qui va la faire perdre pied, mais bien celui qu’elle considère comme son âme soeur : Onassis. En pleine croisière, il demande à la diva de quitter le bateau en prétextant avoir des affaires à régler. À peine rentrée, elle apprend que c’est Jackie Kennedy qui a pris sa place à bord du ‘Christina O’. Elle se sent perdue, humiliée et ne reçoit aucune explication du milliardaire. Dévastée, la souffrance s’intensifie en octobre 1968 lorsqu’elle apprend le mariage du jeune couple en lisant le journal.
Deux ans plus tard, elle enseigne le chant à la Juilliard School de New York et épate par sa pédagogie. Après un ultime récital au Japon en 1974, le coeur blessé, elle se réfugie dans son appartement parisien où elle décède brusquement le 16 septembre 1977.
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