par Janette
19 mars 2015
On ne présente plus Jitrois, marque icône en matière de cuir. Le vêtement comme une seconde peau, l’ADN de la maison porte bien son identité. Rencontre avec le créateur Jean-Claude Jitrois.
Dès les années 70 j’ai commencé ma carrière de créateur à Nice, et ai cotoyé plusieurs acteurs d’un courant artistique : l’Ecole de Nice.
Ces précurseurs en matière d’Art ont dans leur œuvre chacun une identité forte et un message puissant et unique qui m’ont inspiré : César utilisait des matériaux de récupération : il avait réalisé un tableau en buchettes de cuir à partir de chutes qu’il avait trouvé dans mon atelier de Nice, c’est ce qui m’inspirera plus tard la ligne Minoray, Niki de Saint Phalle créait des femmes potelées aux couleurs vives, ce sont ces couleurs que j’ai apporté au cuir dès le début des années 80 dans les robes, les blousons et les pantalons que j’ai créé, Arman procédait par l’accumulation d’objets que j’ai transposé avec le cuir tandis que Ben créait un cabinet de curiosité à l’air libre, qui était rue Tondutil de l’Escarène face à ma boutique, à Nice.
Nous avions des échanges quotidiens, Ben créait un cabinet de curiosité à l’air libre. J’ai donc réinterprété les codes de l’école de Nice dans mes créations jusqu’à aujourd’hui et garder le même cap : c’est ce qui fait l’ADN d’une maison. On dit souvent qu’un écrivain écrit toujours le même livre. Chaque collection est différente mais le message et l’identité restent les mêmes.
En travaillant le cuir, le rapport au corps était une évidence pour moi car rien n’est plus profond que la peau.
Une passion, quand elle est ancrée dans l’enfance, dure toute une vie : on bâtit son décor sur le décor de son enfance. Ma passion pour le cuir, c‘est une madeleine, le blouson d’aviateur de mon père.
Mais avant toute chose, le cuir représente un challenge pour moi et une palette incroyable de possibilités. C’est cette longue bataille qui m’a stimulée. Une bataille parfois difficile, souvent excitante, pour maitriser cette matière qui est devenue fétiche.
Introduire une matière alors perçue comme louche dans le vestiaire féminin, c’était comme jeter un pavé dans la mare au début des années 80. Mais ça a l’avantage d’avoir donné du relief et une pointe de subversion dans l’ordre établi!
Cette chance incroyable, je l’ai cherchée, je l’ai travaillée, j’ai su la provoquer : il n’y a pas de hasard dans la vie, il n’y a que des rendez-vous.
Chaque saison, chaque nouvelle collection, chaque présentation, est une source d’angoisse. Créer plus de 150 modèles et les présenter à l’approbation du public et des journalistes représente un challenge. La mode est comme une rumeur qui avance en mouvement et j’essaye de la twister avec le cuir et ma vision du monde. Créer c’est capter l’air du temps. Et cette angoisse contrairement à ce que vous pouvez penser, est un véritable moteur dans mon processus de création. Pour cette collection Automne-Hiver 2014-15, dans une période très mouvementée, je voulais me recentrer sur l’essentiel et sur l’identité Jitrois : le cuir.
Porter un blouson de cuir c’est prendre des risques pour mieux s’affirmer. Le vêtement de cuir nous protège et nous expose. Je vois cette matière comme le miroir d’une démarcation vis-à-vis du costume trois pièces ou du tailleur strict.
On fait corps avec le cuir : faire un avec le vêtement que l’on porte, ça donne envie de séduire. Et c’est dans le corps à corps que passe l’émotion : une image se crée, qui renforce le moi.
Pour cette saison, le cuir joue avec l’apesanteur, il est drapé léger, presque aérien et est au service d’un seul idéal : la séduction.
S’habiller est une œuvre de tous les jours et le plaisir de séduire n’est pas accessoire !!
La robe Heifer, un cuir stretch véritable seconde peau tout en broderies inspirées de la ferronnerie du XVIIIème siècle. La Mode est un mode d’expression qui parfois joue avec l’Art. Une robe qui joue le jeu de la transparence.
Ce qui m’intéresse avant tout dans cette démarche c’est l’ambivalence d’un cuir à la fois protecteur et séducteur. Couvrir le corps pour mieux le révéler, imprégner la matière de la personnalité de celui ou celle qui le porte : chaque pièce porte l’ADN de la Maison Jitrois. Renforcer le moi et renforcez-vous !
Pour détruire l’ordre établi qui sépare le plaisir du travail et en clin d’œil à Richard Wagner, la ‘working girl’ Jitrois est chic but sexy dans un petit blazer en cuir stretch et son pantalon à pinces assorti. Il ne manque qu’une petite blouse de soie pour assortir la tenue.
Une robe en agneau velours stretch au drapé délicat dans le dos qui laisse découvrir un dos parsemé de cristaux Swarovski.
Comme tous nos interviewés, Jean-Claude Jitrois s’est prêté avec humour au jeu de notre questionnette.
Question gastronomie, vous êtes plutôt:
Votre havre de paix, c’est:
Vos petits bonheurs:
Avec les hommes, c’est plutôt:
Votre homme idéal:
Votre mode de transport:
Vous vous définissez comme:
Vous détestez:
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