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Janette rencontre Murielle Scherre, une fille culottée

par Janette

7 mars 2017

Invitée par l’association Design Friends, Murielle Scherre, créatrice de la maison belge de lingerie « La fille d’O », est une féministe des temps modernes. Rencontre avec une femme affranchie.

L’histoire de la fille d’O, maison de lingerie de luxe fondée il y a plus de 10 ans par Murielle Scherre, est intimement liée au film « Histoire d’O », un film des années 70 adapté du roman érotique du même nom publié en 1954 par Pauline Réage. « J’ai été profondément marquée par l’histoire selon laquelle une photographe féministe, « O », décide de devenir l’objet de désir d’un homme », raconte la créatrice.

En visionnant ce film, elle a été confrontée à l’incroyable défi des femmes de trouver l’équilibre entre le féminisme et la féminité. « C’est comme si la femme devait choisir entre explorer son intelligence en devenant une créature masculine pour être prise au sérieux ou assumer sa beauté en perdant dans ce processus son intelligence. Je veux être capable de mener un débat tout en portant des talons hauts! »

La fille d’O fait partie de ces rares maisons qui célèbrent et subliment la beauté de la femme aussi bien intérieure qu’extérieure. Sans concession, avec une approche humaniste de la femme, Murielle applique à son univers l’un des grands principe de son éducation. « J’ai été élevée avec l’idée de respecter son corps et de se faire entendre quand une situation est injuste. » Pour la créatrice le Saint Graal du pouvoir d’attraction est la confiance en soi, qui ne peut être trouvée que lorsque l’on aime toutes les facettes de sa personnalité.

« Je veux que la fille d’O mette en valeur ces femmes qui réussissent ce défi parfaitement. Plus qu’un soutien pour le corps, la lingerie doit soutenir également la femme dans sa confiance en elle et son attitude. »

Grâce à un sens aigu de l’analyse et de l’observation, Murielle décèle facilement, depuis son plus jeune âge la manière d’améliorer une situation ou un design.

Après des études dans la mode, elle a travaillé durant trois ans pour avoir une vision globale de l’industrie de la mode « cela m’a appris toutes les bases, la manière dont l’industrie de la mode est structurée », confirme-t-elle. Murielle développe alors une approche différente en réinventant une façon plus innovante de créer avec des circuits de produits locaux et contrôlés, un business modèle très personnel efficace et écologique. Nombreux sont ceux qui ont tenté de la faire rentrer dans le cadre établi de la mode, le fait d’être produite en Belgique a notamment nourri un grand nombre de controverses. Pourtant elle aime se confronter à des professionnels avertis, qui lui apprennent beaucoup et lui permettent d’évoluer constamment pour être chaque jour meilleure.

Perfectionniste, méticuleuse, organisée, méthodique, « comme les vierges » glisse-t-elle, elle aime le travail bien fait, avec le besoin pressant d’améliorer tout ce qui l’entoure. En plus de la création de 4 collections par an, Murielle a écrit et publié deux livres, dirigé, produit et joué dans son propre film porno, et présenté une émission de télé. `

Tel un kaléidoscope, ses différentes activités finissent par s’entremêler et c’est dans leur unité qu’elles prennent tout leur sens. Elle veut comprendre les besoins et attentes de la femme pour proposer la lingerie qui lui collera à la peau.
Tête chercheuse, elle explore pour comprendre le corps en mouvement, la sexualité, intimement liée à la lingerie. De ses recherches sont nés deux courts métrages. « Après tout, je conçois de la lingerie qui fait partie de leur sexualité, cela me semble logique d’enquêter par moi même et de ne pas me laisser inspirer par des idées reçues »

Elle puise son inspiration dans le corps humain, la manière dont les corps interagissent entre eux : « les corps qui dansent, l’abandon, certaines parties du corps, l’odeur au creux d’un cou, le mouvement de cheveux, la manière dont les cheveux, immobiles, encadrent un visage, la colonne vertébrale qui plonge entre les côtes, la chaleur de votre main absorbée par ma peau, même par des parties que vous ne touchez pas… »

La lingerie capture, répète, amorce ou prolonge ce regard, ce toucher ou cette pensée. Elle retranscrit ces situations à travers des combinaisons de couleurs, ou l’absence de couleur.

Chaque fois qu’une femme achète l’un de ses produits, elle achète une partie de l’histoire qu’elle a créée. « Je veux qu’elle fasse partie de cette histoire. Les noms mêmes des créations racontent une histoire. Chaque nom est trouvé selon le principe de l’écriture automatique en écoutant ma playlist préférée »

La lingerie représente à ses yeux, l’exercice ultime entre la technicité et l’influence qu’elle peut avoir sur la posture et l’attitude des femmes, tout en demandant une précision créative extrême, car elle doit s’adapter parfaitement au corps humain et ne laisse pas de place à l’improvisation.

Une hippie dans le cœur, mais aussi une fémininiste du 21ème siècle, qui défend la femme sous toutes ses coutures!

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